Critique Ciné : Sofia (2018)

Publié le 10 septembre 2018 par Delromainzika @cabreakingnews

Sofia // De Meryem Benm’Barek. Avec Maha Alemi, Lubna Azabal et Sarah Perles.


Présenté dans la collection Un Certain Regard au Festival de Cannes 2018, Sofia a reçu le prix du scénario et quelle histoire ! J’ai toujours été fasciné par les films qui prennent des sujets épineux d’un pays pour tenter de démontrer le ridicule que cela impose à la vie des gens. Il y a déjà eu récemment ce film israélien sur le divorce, et maintenant il y a Sofia qui raconte comment la loi marocaine impose aux femmes de faire naître des enfants avec un père sans quoi la mère peut finir en prison. Le film entre très rapidement dans le vif du sujet et nous propose alors une véritable plongée intéressante dans un monde terrifiant. Meryem Benm’Barek montre alors le visage du Maroc, à Casablanca, des quartiers riches aux quartiers pauvres, afin de démontrer aussi les inégalités de cette société (et notamment ce que l’argent peut permettre d’avoir, au détriment des plus pauvres) qui repose sur des lois religieuses encore particulièrement problématiques pour la vie des citoyens. Le film se veut direct et dès les premières minutes, le bébé né du déni de grossesse de Sofia, fait alors son apparition. Petit à petit, le film dévoile le fond de son histoire, qui au delà de la grossesse qui devient problématique, offre une révélation finale particulièrement sombre.

Sofia, 20 ans, vit avec ses parents à Casablanca. Suite à un déni de grossesse, elle se retrouve dans l’illégalité en accouchant d’un bébé hors mariage. L’hôpital lui laisse 24h pour fournir les papiers du père de l’enfant avant d’alerter les autorités…

Le scénario de Sofia est fort et mérite amplement sa récompense, ne serait-ce que pour ce qu’il creuse et dépeint afin de finalement percuter le spectateur. Au fond de mon fauteuil, j’ai été choqué par ce que ce film nous raconte, ne serait-ce que sur le statut de la femme. Et c’est à ce moment là que le personnage de femme marocaine mariée à un français permet là aussi de parler des différences qu’il y a entre sa vie et celle d’une femme marocaine qui se marie avec un marocain. C’est un premier film courageux pour une femme dans un film qui sait rester haletant du début à la fin. Je dirais même que le film devient parfois éprouvant, dans le bon sens du terme, tombant presque dans le registre du thriller (psychologique) où un piège se referme sur cette femme petit à petit, mais aussi sur celles et ceux qui l’entourent. Les enjeux familiaux qu’il y a aussi en parallèle sont d’autant plus violents, car Sofia n’a de cesse de nous révéler des choses dans des twists émotionnellement chargés et étonnants. Côté mise en scène, le tout est fait de façon très simpliste, sans fioriture, ce qui rend le film d’autant plus rugueux et âpre.

Note : 8/10. En bref, un drame édifiant sur la situation de la femme au Maroc, les inégalités de la société et sa corruption qui mène à tout.