Max | De Fonck à Massu

Publié le 15 septembre 2018 par Aragon

« La guerre n’est qu’une dangereuse maladie d’une humanité infantile qui cherche douloureusement sa voie. La torture, ce dialogue dans l’horreur, n’est que l’envers affreux de la communication fraternelle. Elle dégrade celui qui l’inflige plus encore que celui qui la subit. Céder à la violence et à la torture, c’est, par impuissance à croire en l’homme, renoncer à construire un monde plus humain. »

J.P. de Bollardière

Il y eût une guerre que la France mena en Algérie. L’assassinat de Maurice Audin est une tragédie, l’auteur du drame n’est pas celui qui tient l’arme et tire mais celui qui met l’arme dans le poing du tueur.

Notre Président René Coty était dépassé par le problème algérien, de Gaulle prendra la suite sachant que le panier d’osier algérien qu’on lui mettait dans les mains contenait des œufs de poules mais aussi de crocodiles.

Il va faire s’époumoner la France en criant en son nom « Algérie française » suivi tout aussitôt d'« Algérie algérienne », il se réfugiera plus tard comme un enfant désemparé dans les bras de Massu, Baden-Baden en 68. Diriger démocratiquement un pays est une tâche quasi insurmontable.

Les États veulent des héros, héros civil escaladeur d’immeuble sauveur d’enfant, héros olympiques, héros d'un ballon à deux étoiles, héros militaires, héros de tout poil, héros…

Massu, s’il fut indirectement et indiscutablement la main qui tua Audin fut aussi compagnon de la Libération, héros militaire incomparable, indiscutable sauveur de la France. Marianne, notre France, aimerait des héros propres, elle joue la pucelle effarouchée quand viennent au grand jour des révélations d’EPO, de dopages divers et variés, de guerre sale en son nom… Oh, non, loin de moi toute cette infamie… Elle porte en son sein de très rares Jacques Pâris de Bollardière, autre compagnon de la Libération, autre héros aux ailes coupées par l'État.

Quand la guerre est finie l'État construit de beaux héros purs, tiens, comme Georges Guynemer mort en plein ciel de gloire, Guynemer connu par tous (peut-être plus maintenant) les français, les petits français qui prononçaient son nom à l’école de la République. Guynemer qu’on ne saurait ternir en disant qu’il fut en réalité tué d'un coup de revolver par son commandant d’escadrille qu’il avait cocufié.

Personne ne connaît René Fonck en France, c’est pourtant lui l’as des as. Mais il faisait le boulot comme Massu. Le sale boulot. Il devait tuer des boches et il les tuait. Sans gloire. Il montait le plus haut possible de toute la force de son vaillant SPAD S.XIII, toujours en solitaire, repérait une proie au-dessous de lui, s’assurait que le terrain était dégagé, qu’il ne risquait rien et lui fonçait dessus comme un faucon pèlerin. Deux trois cartouches suffisaient, incomparable tireur-tueur d'élite il visait toujours le pilote, le tuait, l’avion tombait, point final, mission accomplie.

Fonck a un crédit de plus de deux cents victoires disait-on dans le groupe de combat n°12 dit « Escadrille des Cigognes ». Pas d’exploit chevaleresque, jamais. Aucune guerre n'est faite avec l'esprit chevaleresque. Au nom de la France être efficace, c’est ce qu’on avait demandé à Fonck comme on le demandera plus tard à Massu.