MALADIES CHRONIQUES : Tout part d’un blocage de la réponse cellulaire au danger

Publié le 12 octobre 2018 par Santelog @santelog



Selon les US National Institutes of Health (NIH), les maladies chroniques causent plus de la moitié des décès dans le monde. Cette nouvelle théorie sur la pathogenèse des maladies chroniques, développée dans la revue spécialisée Mitochondrion par une équipe de l’Université de Californie – San Diego ouvre de nouvelles perspectives thérapeutiques : la pathogenèse de ces maladies chroniques, comme le cancer, le diabète et certains troubles neurologiques, serait déclenchée par un manque ou une déficience de communication cellulaire entraînant un blocage du cycle naturel de guérison. Ce blocage serait induit par le dysfonctionnement de deux principaux agents : les mitochondries, ces centrales cellulaires énergétiques et les métabokines, des molécules de signalisation métaboliques permettant de réguler les récepteurs cellulaires, dont la centaine de récepteurs liés à la guérison.

Jusqu’à ces dernières années -qui voient exploser l’épidémie des maladies chroniques -, la médecine moderne se préoccupait plus des conditions et des lésions aiguës, des blessures physiques aux infections, des crises cardiaques aux crises d’asthme. Selon ces experts de à l’Université de Californie à San Diego School of Medicine, les progrès dans le traitement des maladies chroniques ont dans le même temps pris du retard. Un retard dramatique, alors que les US Centers for Disease Control and Prévention (CDC) estiment que plus de la moitié des adultes et un tiers des enfants et des adolescents des pays riches vivent avec au moins une maladie chronique. Le Dr Robert K. Naviaux, professeur de médecine, de pédiatrie et de pathologie à l’Université de Californie à San Diego soutient et documente cette hypothèse de maladies chroniques conséquences d’un blocage du cycle de guérison naturel.

Le processus de guérison est un cycle dynamique : il commence par une blessure et se termine par la cicatrisation. Les caractéristiques moléculaires de ce processus de cicatrisation sont universelles : la plupart des maladies chroniques sont causées par la réaction biologique à la blessure, et non par la blessure initiale ou par l'agent de la lésion. La maladie survient parce que le corps est incapable de mener à bien et d’achever le processus de guérison. D’où le caractère chronique de la maladie. Un dysfonctionnement progressif avec des lésions récurrentes après une guérison incomplète se produit dans tous les systèmes organiques, ainsi, dans la maladie chronique, les cellules sont prises dans une boucle répétée de récupération incomplète et de « re-blessure » ou récidive, incapables de cicatriser complètement. Quelques exemples :

  • le mélanome : cette forme mortelle de cancer de la peau peut être causée par une exposition au soleil survenue des décennies auparavant, qui a endommagé l’ADN, qui n’a jamais été réparé ;
  • le syndrome de stress post-traumatique (SSPT) : il peut se manifester des mois ou des années après une commotion.

Cette biologie est à la base de presque toutes les maladies chroniques connues, dont la susceptibilité aux infections récurrentes, les maladies auto-immunes comme la polyarthrite rhumatoïde, les maladies cardiaques, rénales et diabétiques, l'asthme, les maladies pulmonaires obstructives chroniques, la démence d'Alzheimer, les cancers …

Une théorie basée sur la réponse cellulaire au danger (CDR : cell danger response) : les chercheurs décrivent ici les 3 étapes de cette réaction cellulaire naturelle et universelle aux blessures ou au stress. Le but de ce processus CDR est d’aider à protéger la cellule et d’amorcer le processus de guérison. Mais parfois, la CDR reste bloqué. Au niveau moléculaire, l'équilibre cellulaire est altéré, empêchant l'achèvement du cycle de guérison et modifiant de manière permanente la réponse de la cellule. Lorsque cela se produit, les cellules se comportent comme si elles étaient encore blessées ou en danger même si la cause initiale de la lésion est passée.

Supprimer le danger via un petit essai clinique randomisé : mené l’année dernière auprès de 10 garçons atteints d'autisme, traités avec une dose unique d'un médicament centenaire inhibant l'adénosine triphosphate (ATP), une petite molécule produite par les mitochondries cellulaires et servant d'alerte, l’essai montre lorsque la signalisation anormale de l'ATP est réduite au silence, les participants traités présentent une nette amélioration de leur communication et de leurs comportements sociaux. Un bénéfice qui reste malheureuse transitoire, en fonction des niveaux de médicament.

Pourquoi le dysfonctionnement métabolique entraîne la maladie chronique : la progression dans le cycle de guérison est contrôlée par les mitochondries (Visuel ci-dessus) connues pour produire l’énergie nécessaire à la survie cellulaire et les métabokines, des molécules de signalisation métaboliques pour réguler les récepteurs cellulaires dont ceux liés à la guérison. Des anomalies dans la signalisation de la métabokine provoquent une persistance anormale de la réponse cellulaire au danger, créant le fameux blocage dans le cycle de guérison.

A partir de là, vient l’idée de cibler de nouveaux traitements sur ces processus et ces agents sous-jacents qui bloquent le cycle de guérison. Ces nouveaux traitements ne seraient administrés que sur une courte période, avec l’objectif de relancer le cycle naturel permettant d’aboutir à la guérison. Enfin, cette étude et ses perspectives confirment les conclusions de précédentes études : Ce n’est pas la première fois qu’il est envisager de booster les mitochondries pour réparer le métabolisme cellulaire.

Source: Mitochondrion 9 August, 2018 10.1016/j.mito.2018.08.001 Metabolic features and regulation of the healing cycle—A new model for chronic disease pathogenesis and treatment (Visuel Thomas Deerinck, National Center for Microscopy and Imaging Research, UC San Diego)
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Équipe de rédaction Santélog Oct 12, 2018Rédaction Santé log