L'enfant aux étoiles, de Julien Sansonnens

Publié le 13 octobre 2018 par Francisrichard @francisrichard

Un énième livre sur l'OTS, l'Ordre du Temple solaire? Oui, et non. L'approche est différente de celle des livres précédents publiés sur le sujet. Car il s'agit d'un roman, enfin d'un roman particulier, puisque l'auteur n'a pas pu accéder à toutes les sources, qu'il s'est heurté au silence:

Confinés sous une chape de plomb deux décennies encore après les événements, les mystères de l'Ordre du Temple solaire ne semblent devoir être dévoilés par personne, à croire que n'ont pas existé ces hommes, femmes et enfants, à croire que leur vie ne vaut pas d'être racontée.

Il s'agit donc d'un roman qui ne recourt pas à la fiction, qui ne décrit pas non plus la réalité: Sur la base de faits avérés et documentés, se dit-il à lui-même, tu as construit un réel possible, une interprétation parmi une multitude d'autres, non moins vraie. Un roman plausible en somme.

Pourquoi s'intéresser à cette ténébreuse affaire? Pour comprendre, en n'étant pas manichéen: en ne distinguant pas d'une part les victimes, d'autre part les coupables, parce que les choses sont en fait plus complexes et parce que l'homme, quel qu'il soit, est pétri de contradictions.

Julien Sansonnens s'est plus précisément intéressé à L'enfant aux étoiles, Emmanuelle Di Mambro et à sa mère, Elisabeth Auneau dans le roman (il a changé son patronyme, comme celui de la plupart des personnes, [se] refusant à parler des morts sous leur vraie identité).

Selon lui, la cérémonie de sa conception théogamique du 21 juillet 1981 constitue certainement le point de bascule, la première amorce des désastres à venir pour la Fraternité qui a donné naissance à l'Ordre du Temple solaire et qui devint, à partir de cette nuit- là, un piège mortel.

Julien Sansonnens sait - personne ne devrait l'oublier - que l'homme est un animal religieux: Si l'OTS a pu ensorceler tant d'âmes en peine, c'est bien qu'il a eu pour partie le champ libre, prospérant sur les restes des anciennes Églises vidées de leur substance spirituelle...

Alors, conclut-il:

La théologie de l'OTS est une tentative de rationalisation comme tant d'autres. S'il faut la rejeter, c'est moins pour l'absurdité des thèses qui seraient énoncées que parce qu'elle a fini par cultiver la mort plutôt que la vie. S'il faut la condamner, c'est parce qu'elle a fait couler le sang et les larmes.

La dernière phrase du livre est pour l'innocente enfant aux étoiles, qu'il imagine dans le parc de la maison de maître où la Fraternité s'était installée à ses débuts, parc dans lequel se trouve un chêne, nourri de [son] sang. Là, l'auteur, ému, s'adresse en effet une dernière parole poétique: 

Tu crois que dans chacune de ses feuilles, dans la sève qui s'écoule lentement en son coeur, quelques particules divines subsistent de la petite, qui se mêlent à l'Infini.

Francis Richard

L'enfant aux étoiles, Julien Sansonnens, 272 pages, Éditions de l'Aire

Livres précédents:

Quatre années du chien Beluga et autres nouvelles Éditions Mon Village (2017)

Les ordres de grandeur Éditions de l'Aire (2016)

Jours adverses Éditions Mon Village (2014)