Exposition “De l’influence des rayons alpha” | Galerie Vasistas

Publié le 26 octobre 2018 par Philippe Cadu

Du 26 octobre - 8 décembre 2018 - vernissage le vendredi 26 octobre 2018 à 18h30

http://www.vasistas.org

Le titre de l'exposition fait référence à celui du film de Paul Newman de 1972 " De l'influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites " et les pièces exposées pourraient traduire de l'incidence de l'art cinématographique sur la possibilité d'apparitions, dans le champ des arts visuels, de nouvelles images, de nouveaux codes et de nouvelles lectures donc.

Initialement issue de captures d'écran du film " Le silence ", Sylvain Fraysse présente Tystnaden, une série de croquis qui s'est progressivement étendue à quelques autres films d'Ingmar Bergman.
L'impression du sous-titre superposée au dessin vient suggérer une forme de territoire vacant et l'incommunicabilité inhérente au cinéaste suédois.
Autre pièce de Sylvain Fraysse, Sans titre de 2017, photographie d'installation, 50 x 50 cm. Motivé initialement par " Les photographies, La vie matérielle ", texte de Marguerite Duras questionnant le statut des images, c'est une gravure du 19e siècle représentant un enfant regardant
à l'intérieur d'une lanterne magique qui a servi de point de départ à ce travail, cette image ayant été reproduite au fusain, sur une palissade installée aux aléas climatiques du causse Méjean en Lozère avec une trouée s'ouvrant sur le paysage. L'installation évoque - outre la gravure comme image première à l'instar de Bachelard et le rapport chandelle/ombre/plan lié à la naissance du dessin selon Pline - une forme de poétique de l'absence et de notre rapport aux images, à leur mémoire et à leur perte.

À l'instar du film " Rosemary's Baby " de 1968 de Roman Polanski, ROSEMARY, l'oeuvre de Vincent Betbeze - reproduction générique de la couverture du Time Magazine daté du 8 avril 1966 intitulée " Is God Dead ? " à base d'anxiolytique de type Xanax - cristallise les valeurs dramatiques
intrinsèques d'un hors-champ du point de vue organique, et trouve son achèvement dans les logiques d'une société " d'administration " sous laquelle bat une pulsation primitive. Sarah Vialle, pour sa part, présente 3 pièces : - Blow-Up extended (Master version), de 2017, en collaboration avec Vincent Betbeze
En boucle vidéo de 1h52mn, le film " Blow-Up " de 1966 de Michelangelo Antonioni est agrandi à 3200 % soit l'échelle du grossissement photographique opéré dans le film par son protagoniste principal et résolvant ainsi la morbide intrigue.
L'image gonflée à l'extrême (blow-up) relève du pointillisme abstrait au travers de l'accentuation du grain à l'image, dont la montée excessive, que seule la technique permet de restituer, prend ici une forme canonique. Le dispositif génère une absence de lisibilité, à l'image du cadavre, constitué d'un brouillard de points, celui-là même qui est utilisé comme référentiel pour le recadrage du film. Il en résulte une hyper focalisation du regard et d'un point de vue unique maintenu sur la matière-même qui constitue l'image, ouvrant ainsi une brèche vers un cinéma de l'irrésolution qui n'est pas sans rappeler celui opéré par le " Zapruder film ".
- Carry Me Carry Me Away, de 2015, est une installation composée de pierres calcaires extraites d'une carrière de Lozère sur lesquelles ont été transférées des images. Obtenues par capture d'écran lors de visionnage, ces images, issues de films, renvoient à un arrêt sur image, à une scène, à un film, à une empreinte laissée. Le choix des pierres calcaires, réceptacles de ces mains, est le choix d'un support qui témoigne d'un temps écoulé, celui des strates sédimentaires, celui qui reçoit l'encre comme peut la recevoir la pierre de lithographie : garder en mémoire, témoigner, inscrire une histoire, sont les liens que concentrent la pierre et l'acte d'y poser sa main.
- Bits and Pieces, de 2018, 2 photographies couleurs et noir et blanc contrecollées sur dibond de 100 x 130 cm chaque.
Le titre fait écho à une collection de fragments de films d'amateurs ou d'auteurs inconnus du EYE Film Institute d'Amsterdam. Les " Bits and pieces " n'ont pu être sauvegardé que par le fait de " coller " ces fragments de pellicules entre-eux afin de constituer des bobines. Rassembler les uns à la suite des autres, cette démarche permet une survivance, une préservation et une certaine forme de poésie des marges.
Les images de la série de Sarah Vialle - retravaillées par fragment ou par superposition - ont été prise lors d'un voyage en Italie, sur les traces du film " L'Avventura " de Michelangelo Antonioni.

Quant à la contribution, à leur insu, des guests, il n'y a qu'à pénétrer les images...

Galerie Vasistas, 39 avenue Bouisson Bertrand 34090 Montpellier. du mercredi au samedi de 15h à 18h30