Les enjeux géoéconomiques de la 5G

Publié le 06 novembre 2018 par Infoguerre

Les technologies de l’information et de la communication font l’objet d’un leadership technologique conservé par les Etats Unis, depuis en moins l’apparition et la démocratisation d’Internet. Néanmoins, une nouvelle puissance tente de prendre le leadership technologique mondial, en livrant une rude concurrence contre le leader américain. Cette concurrence est le fruit du défi relevé par la Chine, qui ambitionne de devenir la première puissance industrielle et technologique à l’horizon 2025.

Les stratégies d’influence autour d’influence de l’ultra connectivité :

Pour comprendre la nature du conflit relatif à la maîtrise de la technologie 5G, opposant principalement la Chine aux Etats Unis, il faudra prendre en considération et analyser le marché des ondes qui en découle, ainsi que la dynamique des croissances externes sur ce secteur d’activité.  Les opérateurs occidentaux mettent en commun leurs forces et leurs capacités stratégiques, en réponse à l’appel des américains pour le déploiement d’une infrastructure réseau en adéquation avec le niveau de développement des objets connectés. Cette initiative peut se démontrer par le rapprochement du français Eutelsat vis-à-vis de ses deux concurrents Intelsat (américain) et SES (Société Européenne des Satellites).

En se fondant sur une lecture alternative de ces manœuvres, on pourrait concevoir l’existence d’une autre finalité moins visible, que celle qui fut annoncée officiellement par ces trois acteurs. Notamment, la mise en place d’alliances stratégiques occidentales ciblant un leadership durable sur le segment des télécommunications satellites, avec comme objectif de faire obstacle à la concurrence chinoise.

Tous les acteurs sont d’accord sur le fait, que le satellite revêt un aspect stratégique pour la maîtrise de la technologie 5G. L’un des champs de bataille de cette course à la 5G, étant la guerre d’influence en cours entre les Etats Unis et la Chine sur le territoire australien. La Chine ambitionnant d’intégrer l’Australie comme l’un de ses partenaires privilégiés, dans sa conception d’une route de la soie technologique. Laquelle consiste à déployer massivement la technologie chinoise dans les pays partenaires.

Certains experts occidentaux voient dans cette initiative, une future montée en puissance de l’offensive chinoise dans cette guerre de l’information, où la Chine pourrait exploiter ses technologies implémentées dans les pays partenaires, pour pouvoir les espionner et profiter d’un avantage certain, à travers la captation d’informations sensibles.

Ceci-dit, tous ces faits ne sont aucunement confortés par des preuves tangibles. Mais, il n’en demeure pas moins, que cette manipulation informationnelle essentiellement américaine, a eu l’effet escompté. Ainsi, le gouvernement australien a décidé d’exclure les deux géants chinois de la télécommunication, que sont Huawei et ZTE, de son marché de la 5G. Le principal motif annoncé, étant un risque potentiellement élevé d’ingérence étrangère.

Malheureusement, cet échec est loin d’être le premier pour les firmes chinoises. Rappelons les événements aux Etats Unis, où les principaux organes sécuritaires ont fortement déconseillé l’utilisation de terminaux chinois sur le marché américain, allant jusqu’à en interdire l’utilisation dans leurs administrations publiques. En 2015, la France a créé un dispositif de lutte contre l’ingérence de Huawei. Un véritable système administratif baptisé « Cerbère » a été mis en place profitant d’une couverture secret défense.

On pourrait déduire que la principale finalité découlant des initiatives occidentales, au-delà des considérations sécuritaires, est de freiner l’évolution de Huawei sur la technologie 5G, sachant que ce-dernier est considéré présentement comme le leader mondial sur cette norme.

Satellite quantique : la nouvelle muraille de Chine 

La sécurité des transmissions est devenue un enjeu planétaire de première importance. Le 16 Août 2016, l’agence spatiale chinoise a lancé le premier satellite de communication quantique de l’histoire. Celui-ci étant considéré comme un préalable à l’avènement d’un système inviolable de communications cryptées à l’horizon 2020-2030.

La Chine est donc considérée comme le leader actuel de la communication quantique, et cela au regard des profondes avancées de la recherche scientifique chinoise dans ce domaine. Plusieurs applications potentielles commencent à apparaitre. On peut citer le cas de l’Internet Quantique, où des chercheurs chinois se sont déjà attelés à la tâche.

Si la Chine aboutit à des résultats convaincants avant les occidentaux, cela aura un gros impact sur l’écosystème technologique et informationnel, pouvant procurer à la Chine un positionnement de leader indiscutable. La Chine disposera alors d’un bouclier quantique considéré comme inviolable, lui concédant un atout hautement stratégique en termes de cyberdéfense.

Les principaux résultats de la recherche chinoise dans le domaine des communications quantiques ont été publiés dans Nature et Science, lesquelles sont considérées comme des revues scientifiques de référence, assurant à la Chine sa suprématie dans les technologies futuristes de communications. Mais, également le développement du soft power chinois en se basant sur l’axe de la recherche scientifique, qui lui confère une image forte et positive d’un pays mettant tout en œuvre pour son développement interne.

La course à la 5G et aux satellites quantiques ne fait que commencer. Il est manifeste aujourd’hui que la Chine devance l’occident sur ces deux technologies, lesquelles demeurent pourtant vitales pour le maintien de la dominance occidentale dans le domaine des technologies de l’information et de la communication.

Les Etats Unis et leurs alliés ne comptent pas laisser le champ libre à l’adversaire chinois, qui lui compte poursuivre son avancée technologique, en espérant devenir le leader mondial des communications quantiques satellitaires.

Fares Bouyoucef

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