Tenir jusqu’à l’aube, Carole Fives

Par Antigone

Voici un titre de la rentrée littéraire qui a beaucoup circulé sur les blogs, et qui reçoit un bel accueil… J’ai un peu tourné autour avant de me décider à le lire à mon tour, par peur d’être déçue sans doute, mais également par peur du sujet. Et en réalité, j’ai beaucoup aimé retrouver dans ce roman mes expériences de maternité, et surtout ces souvenirs d’une année passée en tête à tête sur Courbevoie avec ma grande fille, alors âgée d’à peine un an. En l’occurrence, la séparation n’était, pour moi et mon mari, que professionnelle, et il rentrait presque tous les week-ends. Mais, j’ai revécu à ma lecture de ce livre ce sentiment que la narratrice ressent très fort d’être absolument seule au monde avec son enfant, sans soutien possible, sans le droit de tomber malade surtout, ou d’être à n’importe quel moment défaillante, et ce de quelque façon que ce soit. Comme elle, j’avais créé aussi à l’époque cette bulle protectrice et ludique autour de l’enfant, dans mon appartement parisien, ne connaissant pas forcément mes voisins, l’immeuble ne se prêtant pas à ça et véhiculant un climat un peu froid. C’est un sentiment que l’on peut ressentir à tout moment quand nos enfants sont en bas âge, cette impression que tout tourne autour d’eux, et que le manque de sommeil et de liberté de mouvement vont finir par nous anéantir. Heureusement, dans mon cas, j’avais une nourrice, et un travail à l’extérieur, des collègues sympathiques, ce que la narratrice de Carole Fives n’a pas. Elle travaille en Free lance chez elle et on lui refuse une place en crèche. Alors, à bout, elle décide de s’octroyer des moments de fuite, le soir, lorsque son enfant de deux ans dort enfin, des fuites de plus en plus longues et qui la conduisent de plus en plus loin… et le lecteur tremble. C’est la première fois que je lis Carole Fives, et certainement pas la dernière, tant elle excelle je trouve à raconter les petits détails de la vie, du quotidien, et sait montrer sans démontrer. Les extraits de discussions sur des forums internet, qu’elle égrène au fil du récit et où la narratrice se perd et cherche de l’aide sont assez édifiants. J’ai connu l’ère de la super maman au début des années 2000, je suis heureuse de voir que la parole se libère aujourd’hui. J’aimerais que les jeunes mères soient encore plus aidées. Parfois, une heure de répit seulement est un cadeau inestimable. Et ne dit-on pas qu’il faut tout un village pour élever un enfant ?

Editions L’arbalète chez Gallimard – Août 2018

J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…
    

Une autre lecture chez… Joëlle

Publicités