Banderille n°244 : Sarkorybde et Segoscylla

Publié le 10 juillet 2008 par Toreador

Chabadabada…

Le duel Royal/Sarkozy, après avoir passionné et polarisé la France entière pendant un an, s’essouffle.

Un rejet en bloc des deux ex-candidats émerge, ces derniers étant perçus comme le recto et le verso d’une certaine manière de concevoir la politique.

Premièrement, on notera (honneur aux dames) que la Une de Libération désavoue aujourd’hui Ségolène Royal (« La Gaffitude ») sur ses propos sur le cambriolage. La Gauche en a assez de cet a-peu-près permanent et de ses charges à la teneur idéologique incohérente, mélange de doigt mouillé et d’illumination crypto-mystique.

Ségolène Royal crie au loup, sans avoir la moindre preuve de ce qu’elle avance, en jouant sur l’air bien connu de la théorie du complot avec comme refrain la « victimisation ». Et gare à ceux qui pointent le fait qu’elle a autant de sens politique qu’un moineau belge trépané, car ils seront immédiatement taxés de machistes. C’est au nom de ce solide argument idéologique que depuis un an et demi, la Gauche se paye le luxe d’avoir un porte-voix déréglé qui balance n’importe quoi, n’importe quand, n’importe où.

Quant à la Droite, elle ne se porte pas mieux. Toute heureuse d’avoir écrasée la Gauche avec un slogan New Age et un conquérant à la Bonaparte, elle est aujourd’hui au bord de la révolution, que dis-je, de la rupture d’anévrisme. Je suis frappé de voir l’animosité, ou plutôt devrais-je dire le ras-le-bol des électeurs de Droite que je connais vis à vis d’un président girouette, adepte des volutes de fumée et des brassées d’air.

L’agitation permanente, sur fond de provocations et de réformisme sans pilotage, donne le vertige. Sarkozy ne fait plus peur, comme en 2007 : il déclenche le mépris. Sarkozy a perdu sa crédibilité d’homme d’action. Et ses liens douteux avec les milieux de la Finance ont fini par lui coller une image d’homme des lobbies.

« As good as it gets »

Au fond, la France est en train de réaliser que le fameux débat de 2007 était un débat faussé entre Charybde et Scylla, car elle avait le choix entre le pire candidat des deux camps. Madame Sans-Gêne contre Dr Folamour. Avec le sentiment de désespoir lié au fait que, de toutes façons, l’élection de Royal aurait provoqué des ratés tout aussi impressionnants.

La Gauche se ridiculise chaque jour en refusant de tirer les conséquences l’étendue des carences de son ex-candidate. Le pays, lui, se ridiculise à force d’adopter des positions de matamore. Nous avons baissé notre pantalon devant Madame Merkel sur l’UPM, devant la Chine sur le Tibet, devant Khadafi et Assad sur les droits de l’homme. La France n’a pas élu un chef, mais un sujet de conversation.

Le 14 juillet, à la tribune présidentielle, la cohabitation d’Ingrid Betancourt et de Bachir El-Assad symbolisera le mieux les ambiguïtés destructrices du Sarkozysme : une gouvernance à courte-vue, faite d’ignorance de l’Histoire et de la complexité du monde, conçue comme une succession de deals et de « coups médiatiques » stériles. Pour le meilleur et pour le pire.

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