Deadpool 2 : la version super-méga-chouette disponible depuis le 17 octobre 2018

Par Vance @Great_Wenceslas

La sortie de Deadpool 2 dans les bacs vidéoavait de quoi décupler les attentes des spectateurs. D'une part, ils pouvaient rattraper la séance qu'ils avaient peut-être manquée au cinéma ou doubler leur plaisir en revoyant le film chez eux, en famille (enfin, sans les petits) ou entre potes - et en VO, pour le cas où leur salle préférée ne l'ait pas diffusé ainsi ; d'autre part, ils pouvaient prolonger ce dit plaisir grâce aux séquences rajoutées dans la désormais célèbre version " Super-Méga-Chouette ". La 20th Century Foxse permet ainsi le luxe de distribuer depuis le 17 octobre 2018 non seulement le Blu-ray, le Blu-ray UHD 4K, la VOD et le DVD du film, mais également une édition steelbook, une édition limitée avec les deux versions (sur deux disques séparés !) et un coffret regroupant les deux épisodes ! Noël avant l'heure pour les fans du super-héros le plus trash de l'univers Marvel.

Inutile d'entrer dans le débat de l'opportunité d'une suite : premier du nom a été un succès colossal, brisant une demi-douzaine de records d'affluence, de quoi satisfaire plus que de raison les producteurs et distributeurs de la Fox, détenteurs de la pourtant incarné par le même comédien - qu'au caractère de son désormais alter-ego de la vie réelle, un licence X-Men et dérivés. Drôle, enlevé et très " cartoony ", bourré de références et de private jokes, on tenait un produit conforme tant à l'esprit du Ryan Reynolds complètement inféodé à l'humour acéré de ce super-slip déjanté. Wade Wilson des comics - et donc nettement plus réussi que sa première apparition dans le désolant

Cable : Who are you ?
Deadpool : I'm Batman.

Pour Deadpool 2, tout y passe, ou presque, à la moulinette de la pitrerie impétueuse : les créateurs du personnage (notamment Rob Liefeld et son style graphique si particulier) y essuient quelques sarcasmes, tandis que les scénaristes de Marvel (mais aussi ceux de la Distinguée Concurrence) en prennent parfois plein la tronche. Le côté pipi-caca n'est pas en reste et le tempo des plaisanteries douteuses y semble encore accéléré (quasiment impossible de suivre l'intégralité des répliques en VO si on n'est pas parfaitement bilingue, qui fusent trop vite pour que les sous-titres puissent les afficher correctement) ; et franchement, difficile de ne pas rire devant les fions que Deadpool balance à Cable à tout bout de champ, ou devant la candeur désopilante de Dopinder, l'irrésistible chauffeur de taxi désireux désormais de faire partie des tueurs. De fait, la volonté du " encore plus " paraît se concrétiser.

Là où cela se gâte, c'est que le script ne suit pas : histoire éculée, rebondissements en carton et personnages caricaturaux n'aident pas vraiment à donner le tonus et surtout la structure nécessaire pour constituer la rampe de lancement de la fusée Wilson. Certes, ça se bagarre plutôt bien (merci à David Leitch, transfuge de la franchise ) et le montage s'accorde parfaitement au rythme du récit. Le jeune public aura en outre son lot d'explosions, de découpages et de fusillades que viennent éclairer de leur pertinence quelques commentaires en voix off souvent savoureux. Néanmoins, là où le bât peut blesser, c'est que l'ensemble frôle trop souvent la fausse irrévérence pour se contenter de s'appuyer sur des valeurs sûres - et donc morales et bien pensantes. Deadpool, sous ses dehors racoleur, underground et révolté, n'est finalement qu'un gentil héros (très) amoureux, culpabilisant devant les violences subies par les jeunes mutants dans les centres de réhabilitation et s'apitoyant sur la souffrance de ses pairs. Un délire faussement provocateur, à l'instar d'un dont l'hypocrisie finissait par lasser.

Cela dit, rien qui puisse rebuter le fan, juste le regret cinéphilique d'un potentiel un peu gâché. Le lecteur de comics ne peut que se réjouir de l'irruption de Cable, ce mutant trans-temporel (issu d'une obscure liaison entre Certains noms connus de l'univers des X-Men feront leur apparition, ou leur retour, avec pour certains une durée de vie délicieusement courte. On regrettera que Scott Summers et un clone de Vanessa (interprétée par l'adorable Morena Baccarin) ne soit pas plus présente. Toutefois, on s'amuse du passage-éclair de quelques guests surprenants. Jean Grey) venu d'un lendemain qui déchante avec un arsenal jubilatoire dans le but d'éradiquer, avant qu'elle advienne, une future menace planétaire. Irruption qui ne peut qu'engendrer la création d' X-Force, ce groupe de super-héros radicaux imaginé par Fabian Nicieza, qui ne s'arrêtait pas aux lois lorsqu'il s'agissait de mettre fin aux agissements des ennemis du genre humain - ou mutant. Leur recrutement par Deadpool et son pote de toujours Weasel est d'ailleurs l'occasion d'une sérieuse barre de rire. Parmi eux, Domino est de loin la plus réussie et on aura enfin l'occasion de redorer le blason d'un des super-vilains les plus charismatiques (et puissants) du Marvelverse, totalement ridiculisé dans

Weasel : And last but not least... Peter.
Deadpool : Any power you wanna tell us about.
Peter : I don't... I don't have one. Um, I just saw the ad.
Deadpool : You're in.

Les minutes supplémentaires de la version longue (la " super duper cut ") parviennent à tempérer l'impression mitigée dégagée par un premier visionnage au cinéma. Si ) essaie de s'intégrer dans la famille des mutants, c'est-à-dire carrément dans l' Josh Brolin faisait un parfait Institut pour Jeunes Surdoués du Professeur Xavier ! Ses interactions avec Colossus et Negasonic machin-truc (au passage, la teenage mutante est devenue une charmante super-héroïne) sont un radieux mélange de tendresse et de ridicule. Et n'oublions pas la séquence post-générique qui avait été ôtée après des projections-tests un peu frileuses : elle se permet, elle, d'aller au bout de la provocation. Thanos (et la barre de l'adaptation était pourtant presqu'inaccessible pour ce personnage !), il peinait à convaincre en Cable, parvenant à grand' peine à interpréter une sorte de brute épaisse au grand cœur dont la complexité était passée à l'as. En nous permettant de profiter davantage des dialogues tordant entre Deadpool et ce combattant du futur, on acquiert tant bien que mal une vision un peu plus consistante d'un héros appelé à faire carrière au cinéma - Brolin aurait signé pour pas moins de quatre films. Même chose pour le passé de Russell, ce mutant obèse malaimé (et maltraité) dont on entrevoit davantage les motifs qui le pousseront à se révolter. Des séquences qui rendent d'ailleurs au film cette noirceur qui lui manquait, et un peu de cette profondeur dans les motivations des protagonistes. De nombreuses blagues ont été soit rajoutées, soit rallongées (pas toujours avec clairvoyance) ce qui procure une impression de joyeux foutoir et augmente la drôlerie de l'entreprise. De fait, c'était déjà comique, ça devient franchement hilarant, comme cet assez long intermède où Deadpool, qui ne sait plus quoi faire mais ne parvient pas à mourir (oui, oui, comme dans

Deadpool : Only best buddies execute pedophiles together.

Comme disait Jérôme Bonaldi, un objet " totalement inutile donc rigoureusement indispensable " qui ravira les fans déjà conquis (plus c'est long, vous connaissez la suite...) et risque fort de persuader ceux qui hésitaient devant la tiédeur de l'entreprise. Sans aucun doute, malgré quelques problèmes de rythme, c'est la version à privilégier pour une production . D'autant qu'elle vous donnera l'occasion de partir à la chasse aux suppléments et bonus dont les disques sont bourrés à ras-bord et qu'elle vous fournira