Meurtres en clair-obscur : Episode 32.

Par Pmazet

Episode 32 : La prudence de Genet

Lacroix avait du mal à parler et le verre de vin supplémentaire, qu'il se versa, n'arrangea pas la situation.

- Je vais essayer de tout vous dire...y a un mois, je croyais qu'elle avait un amant...faut dire que moi je suis pas bon à grand chose. Alors, je l'ai attendue, à la sortie de chez Dutilleul et je l'ai suivie.

Emile et Giovanni se gardaient bien de l'interrompre, même si le récit était laborieux.

- Elle avait pas fait cent mètres qu'un grand type l'a rattrapée. Ils sont partis tous les deux, j'ai cru qu'ils allaient prendre un garni. Mais, ils sont rentrés dans une espèce de bouis-bouis dans une impasse près des entrepôts de Bercy.

- Une sorte de bistrot ?

- Non, non, une vieille maison minuscule. Il y avait des rideaux aux fenêtres qui ressemblaient à des vitraux. Derrière, j'ai aperçu des trucs comme dans les églises.

- Des chandeliers ?

- Oui !

- Vous ne vous êtes pas approché, pour jeter un œil par la fenêtre ?

- C'est pas l'envie qui m'en manquait. Mais, j'avais peur de voir ma Ginette faire ce que vous pensez.

- Vous vous entendiez bien tous les deux ?

- Oui... si j'avais pu l'honorer.

- Vous avez consulté un médecin...

- Non.

- Vous n'avez rien découvert dans ses affaires ?

- Si, de l'argent, beaucoup d'argent.

- Vous lui en avez parlé ?

- J'ai pas osé...

- Pourquoi vous n'avez rien dit à la police ?

- Vous pensez bien qu'avec mon passé à la Salpêtrière, j'étais bon pour y retourner.

Laplume ne pouvait pas le contredire. Cependant, il était sûr que Genet ne se serait pas laissé abuser par les apparences.

- Vous accepteriez de nous conduire à Bercy ?

Lacroix hésita.

- S'il le faut.

Les trois hommes se mirent en route en direction de la Seine.

- Je crois bien qu'on va être obligés de remettre la visite à la Tour Eiffel !

- De toute façon, on n'est pas encore parti !

Chemin faisant Giovanni hasarda une question supplémentaire.

- Dans le bistrot que vous fréquentez habituellement, vous n'avez jamais rencontré un homme qui parlait avec un accent italien ?

- Comme vous ?

- Un peu...

- Jamais.

Quelques minutes plus tard, ils s'engouffrèrent dans une impasse boueuse, bordée de quelques taudis abandonnés. La maison, dont avait parlé Lacroix, n'était pas en meilleur état. Les trois hommes s'en approchèrent prudemment, elle leur sembla totalement vide ! Plus de rideaux " cathédrale ", en revanche autour de la maison, subsistaient de nombreuses empreintes de pas, comme si elle avait été déménagée à la cloche de bois. Ils ne s'attardèrent pas, bien que Giovanni ait proposé de faire un tour à l'intérieur.

- Laissons çà au commissaire Genet. Monsieur Lacroix, accepteriez-vous de nous accompagner chez le commissaire ?

- S'il ne me renvoie pas à la Salpêtrière.

- Je vous le promets.

Le commissaire les reçut sans attendre. Laplume lui expliqua en deux mots les confidences du mari. Il ajouta, un brin agacé.

- Vous auriez pu nous expliquer çà tout de suite, on aurait gagné du temps. Et sachez que c'est grâce à monsieur Laplume que je ne vous mets pas à l'ombre pour " entrave à la justice ". On va se rendre sur place. Une question encore. Qu'est devenu l'argent ?

- Je vous jure que je n'y ai pas touché. Quand Ginette a été tuée, il n'était plus là !

- Que comptez-vous faire, commissaire ?

- Sans doute, un flic un peu impulsif aurait déjà envahi les lieux. Mais, je ne crois guère en ces méthodes. On va prendre patience. Je vais poster des agents en civil à l'entrée de l'impasse. Il n'est pas impossible qu'un des protagonistes reviennent. Ensuite, je vais faire faire une enquête discrète de voisinage. Même si l'impasse est totalement abandonnée, ce serait bien le diable si personne n'avait observé d'allées et venues.

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