Sophie et Marc, un couple de frontaliers devenus résidents [témoignage]

Publié le 10 décembre 2018 par David Talerman
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Sophie est infirmière et Marc est informaticien. Ils sont sans enfant, et viennent tous les deux de région parisienne. Ils m’ont contacté sur mon blog en me faisant part de leurs difficultés à trouver un emploi alors qu’ils étaient frontaliers. Leur témoignage est très intéressant car il montre pourquoi trouver un emploi en Suisse peut être difficile quand on est frontalier, même lorsqu’on a des métiers recherchés. Leur expérience, sans être à généraliser, marque une tendance marquée depuis plusieurs mois : la préférence de certaines entreprises pour le recrutement de travailleurs locaux.

Combien de temps êtes-vous resté frontalier ?

On a été frontalier pendant 7 mois, je sais c’est peu mais on a dû s’adapter a la situation.

Depuis combien de temps êtes-vous résident en Suisse ?

Ça fait 10 jours maintenant.

Dans quelles circonstances avez-vous décidé / eu l’opportunité de travailler en Suisse la première fois ?

J’ai le livre « Travailler et vivre en Suisse » et nous avons assez rapidement décidé moi et mon mari de venir nous installer a Annemasse afin de travailler a Genève. Il y a 8 mois nous avons quitté nos emplois respectifs pour nous installer a Annemasse. On se disait que vu que la Suisse affiche le taux de chômage le plus faible au monde (plein emploi) que l’on allait trouver très rapidement un emploi.

Or, 7 mois après notre arrivée c’était la douche froide. Les employeurs nous faisaient comprendre que si l’on voulait le job il fallait que l’on accepte d’être résident en Suisse. Dans la plupart des annonces que mon mari voulait postuler il était écrit « Résident(e) Suisse (ou prêt(e) à venir s’établir en Suisse », il a décroché trois entretiens mais deux potentiels recruteurs ont demandé lors des entretiens qu’il devienne résident Suisse s’il voulait le poste (alors que rien n’était écrit dans l’annonce). Pour moi c’est plus ou moins le même scénario. On a discuté avec un voisin frontalier qui nous a dit que depuis quelques mois beaucoup d’employeurs ferment la porte aux frontaliers Il a noté un gros changement qui s’est opéré depuis le début de l’année. Mon mari a donc décidé d’accepter un poste intéressant qui exigeait d’être résidant Suisse. On s’est donc installé il y a 10 jours sur Nyon. Me concernant, tout s’est débloqué quand j’ai signifié à des potentiels employeurs que j’allais bientôt être résidente, j’ai décroché comme par magie deux entretiens et je viens de signer mon premier contrat de travail Suisse 🙂

Quels souvenirs gardez-vous de votre vie de frontalier, qu’est-ce qui vous a le plus marqué / surpris / plus / embêté ?

Un très mauvais souvenir dans la mesure où l’on n’arrivait pas a trouver de travail a cause de notre statut de frontalier. On était sous pression car on voyait nos économies fondre comme neige au soleil.

Qu’est-ce qui vous marque / surprend/ plait / déplaît le plus dans votre vie de résident ?

Difficile de dire vraiment, on a pas encore assez de recul, ça fait que 10 jours que l’on vit en Suisse. Mais déjà on peut dire que l’on se plait beaucoup plus a Nyon qu’a Annemasse. Nyon est vraiment une ville très agréable a vivre et surtout je peux profiter du lac tous jours.
Aussi, j’apprécie le fait que les villes en Suisse ont des systèmes de transport public très bien développés et très efficaces. De Nyon, on peut très rapidement en train aller à Genève/Lausanne par exemple, ou bien même a la Givrine dans le Jura (on y est allé ce weekend pour une petite balade). On a donc pris la décision de vendre notre voiture. Mon mari travaillant a Genève et moi bientôt a Morges, on en a plus besoin. Quand on est frontalier on est obligé d’avoir une voiture, voire deux si le couple travaille et les horaires ne sont pas compatibles. On va faire une belle économie de ce coté là.
Enfin, le point le plus important c’est que grâce à notre statut de résident on peut travailler en Suisse. Il n’y aura plus de discrimination a l’embauche et je pense que l’on devrait être mieux intégrés au travail que si l’on était frontalier.

Si vous avez une famille, est-ce que tous les membres de la famille ont vécu cette nouvelle vie de la même manière ?

On n’a pas encore d’enfants mais mon mari le vit de la même façon que moi. D’ailleurs, il voulait au départ s’installer directement en Suisse, mais sans contrat de travail il aurait été impossible d’avoir un logement.

Pour finir, qu’est-ce qui vous plait le plus : votre vie de frontalier ou votre vie de résident ?

Notre statut de résident sans hésitation même si ça été douloureux pour en arriver là. On se dit que c’était un bien pour un mal le fait que l’on soit obligé de résider en Suisse pour travailler.

Note : les prénoms ont été changés pour préserver l’anonymat