PARALYSIE MUSCULAIRE : Le tamoxifène pour combattre les myopathies

Publié le 30 décembre 2018 par Santelog @santelog



Cette molécule testée par cette équipe de l'UNIGE pourrait bien stopper la progression de la myopathie myotubulaire, une maladie génétique grave qui entraîne une paralysie musculaire dans tout le corps, suivie de la mort. Déjà en cours d’essai clinique dans la lutte contre une autre myopathie (de Duchenne), la molécule en question est bien connue, puisqu’il s’agit du tamoxifène, utilisé dans le traitement du cancer du sein. Ces premiers résultats d’efficacité prometteurs, obtenus chez la souris et présentés dans la revue Nature Communications, apportent l’espoir d’un premier traitement contre cette maladie mortelle.

La myopathie myotubulaire est une maladie génétique liée à l'X qui touche 1 garçon nouveau-né sur 50.000. Cette maladie génétique rare entraîne une paralysie musculaire dès la naissance et entraîne la mort avant l'âge de 2 ans. Bien qu'aucun traitement n'existe actuellement, des chercheurs donc cette équipe de l'Université de Genève (UNIGE) travaille à la recherche d’un traitement. En collaboration avec des confrères de l'Université de Strasbourg, les chercheurs suisses ont identifié une molécule qui non seulement réduit considérablement l'évolution de la maladie, mais multiplie par 7 l'espérance de vie de modèles animaux de la maladie. La molécule, bien connue, le tamoxifène, utilisé dans le traitement du cancer du sein est déjà pressentie et en cours d’essai clinique pour le traitement d’une autre myopathie, la dystrophie musculaire de Duchenne.

Tamoxifène, une molécule polyvalente aux propriétés intéressantes pour la protection des fibres musculaires : antioxydante, antifibrotique et protectrice de la mitochondrie, le tamoxifène est déjà à l’étude dans le traitement de la dystrophie musculaire de Duchenne. Les premiers résultats sont prometteurs et un essai clinique est en cours. C'est pourquoi les scientifiques ont fait l’hypothèse que la molécule puisse également être efficace pour lutter contre la myopathie myotubulaire. La myopathie myotubulaire est causée par un manque de myotubularine, une enzyme qui transforme les messagers lipidiques et cette déficience induit une accumulation d’une protéine, la dynamine 2 qui va provoquer l’atrophie musculaire. Or il « se trouve » que le tamoxifène module les niveaux de dynamine 2.

La preuve chez la souris modèle : Les chercheurs ont administré 3 doses à 3 groupes de ces sourus modèles (0,03 milligramme par kilogramme, 0,3 milligramme par kilogramme et 3 milligrammes par kilogramme), la dose la plus élevée correspondant à celle utilisée pour traiter le cancer du sein chez la femme.

  • Alors qu’une souris malade non traitée vit en moyenne 45 jours,
  • la dose la plus faible augmente la survie à 80 jours,
  • la dose intermédiaire à 120 jours,
  • la dose la plus forte à 290 jours, soit 7 fois plus que le groupe témoin.
  • Avec la dose la plus élevée,
  • certaines souris ont même survécu plus de 400 jours,
  • la force musculaire est triplée et il apparait possible de récupérer 60% du déficit musculaire entre une souris en bonne santé et une souris malade.

Parallèlement à cette étude, une équipe de l'hôpital pour enfants de Toronto a testé le médicament sur des souris encore plus jeunes et la maladie ne s'est pas développée, ajoutent les chercheurs. « Le problème est que chez l'homme, la myopathie myotubulaire commence au cours du développement fœtal, il est donc difficile de savoir si l'absence totale de paralysie pourrait être atteinte si le traitement débute après la naissance ».

Un essai clinique est envisagé dans les 2 années à venir et l’équipe de l'UNIGE va poursuivre ses recherches sur les multiples utilisations du tamoxifène dans le traitement des maladies musculaires génétiques. L’objectif étant de développer des traitements pouvant être rapidement mis sur le marché.

Source: Nature Communications 19 November 2018 Tamoxifen prolongs survival and alleviates symptoms in mice with fatal X-linked myotubular myopathy (Visuel Jocelyn Laporte Inserm/CNRS/Université de Strasbourg)

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Équipe de rédaction Santélog Déc 30, 2018Rédaction Santé log