Daniel Humair Trio remue le Bal Blomet

Publié le 09 février 2019 par Assurbanipal

Daniel Humair par Juan Carlos HERNANDEZ

Jeudi Jazz Magazine

Paris. Jeudi 31 janvier 2019. 20h30.

Daniel Humair: batterie

Jérôme Regard: contrebasse

Pierre Durand: guitare électrique

" Good Moods " (Joachim Kühn). Une composition du pianiste teuton, vieux complice de Daniel Humair. Une musique de conversation comme l'a présenté le chef. le dialogue s'installe petit à petit. Les cymbales tintent sous les baguettes, la contrebasse impulse, la guitare, légèrement en arrière, mystérieuse. Les fils s'entrelacent et la musique monte en puissance, de plus en plus coordonnée. Ca monte, éclate mais sans se répandre. Ce sont des hommes de goût. Joli trot de la batterie.

" Unicorn captivity " (Jane Ira Bloom). Une histoire de licorne captive, semble t-il. Manifestement, la licorne ne subit pas son sort sans rechigner. Elle piétine, hennit de rage et cela s'entend. Beau ping pong entre guitare et batterie. 3 solistes échangent. Ca y est, le trio est parti. La licorne s'est enfuie, au grand galop. Premier solo de contrebasse majestueux, nuageux. Le batteur du trio est passé aux balais. La guitare forme un nuage de sons. La licorne est heureuse et libre en forêt. Premier solo du batteur aux baguettes. La marmite bout. Normal avec un cuisinier aussi avisé aux fourneaux. Vibration puissante sortie des peaux. Ponctuée de coups de cymbales ultra vifs, secs, précis.

" Mutinerie " ( Michel Portal). Cf extrait audio avec un autre groupe de Daniel Humair sous cet article. Nous jouons de la musique de jeunes pour qu'ils touchent des droits d'auteur annonce Daniel Humair (1938) à propos de Michel Portal (1935). Grosse tensions sur les tambours malaxés aux baguettes. La guitare ajoute sa lame de fond, reprenant la partie de clarinette jouée par Michel Portal. C'est aussi efficace. Son de guitare trafiqué avec goût. Grosse pulsation de la contrebasse poussée par le batteur aux baguettes. Tout se calme pour un solo de guitare en douceur. Solo au ralenti de la contrebasse ponctué par une grosse onde de trompette. Ca repart doucement entre le contrebassiste et le batteur qui hache menu aux baguettes. Daniel Humair travaille les bords de caisse puis les cymbales. Son africain de la guitare. Retour au thème en trio.

" Les amants " (Pierre Durand). Une ballade mais le batteur reste aux baguettes impulsant avec la basse. La guitare tire sa pelote doucement.

" Genevalmagame " (Daniel Humair). Les souvenirs de jeunesse du Genevois Daniel Humair. 1ère partie. 2e partie. 3e partie. Et après on mange une fondue. Le tout dit avec l'accent romand évidemment. Ca commence en rayonnant comme le soleil qui surgit au dessus des Alpes pour briller sur le Lac Léman. Ca s'agite tout à coup. Bagarre de canards sur le lac, ou bien? La guitare tranche la viande des Grisons pendant que le batteur et le bassiste touillent la marmite à fondue. Aux 3 fromages pour le trio, forcément. Attention au gage! Malaxage aux baguettes. La guitare devient plus planante comme les faucons pèlerins qui descendent du Jura sur la ville de Genève au printemps.

" Road to perdition " thème final du film éponyme ( en français, " Les sentiers de la perdition ". Sam Mendes 2002 avec Tom Hanks, Paul Newman, Jude Law et Daniel Craig). Un film sur la Mafia irlandaise aux Etats-Unis pendant la Grande Dépression. Joli thème en effet. Elégant. Belle envolée.

Solo de contrebasse pour commencer. Le batteur ponctue subtilement à petits coups secs et précis. La guitare crée une ambiance. Ca part en ballade, note par note. Le batteur entame une marche militaire alors que la batterie joue comme un air de flûte. Ca sonne comme une chanson de troupe modernisée. C'était une musique de film sur l'IRA puis une variation irlandaise de Pierre Durand.

" (1935). Ca secoue dur, s'arrête, repart groupé. La musique s'organise, marche à pas de loup, devient un Jim Dine " tiré de l'album " " de Daniel Humair. Une composition du peintre suisse Daniel Humair en hommage à son collègue américain Jim DineBlues. La guitare au dessus bien poussée par la rythmique qui tient implacablement et souplement la pulsation. Solo du batteur aux baguettes. Daniel Humair a maigri mais n'a rien perdu de sa puissance volcanique. Le trio repart, guitare en tête. Duo contrebassiste & batteur aux baguettes. Ils pétrissent fermement la pâte sonore pour la faire lever.

Le générique de fin de " Dirty Harry " (Lalo Schifrin). Clint Eastwood est tellement fou de Jazz que son fils, Kyle, joue de la contrebasse.

Madame M-H poursuit sa découverte du Jazz actuel. Un peu dérangée par le désordre qui régnait au début du concert, elle a préféré quand la musique s'est organisée et canalisée par la suite, sans rien perdre de son énergie vitale.

La photographie de Daniel Humair est l'œuvre du Genevois Toute utilisation de cette œuvre sans l'autorisation de son auteur constitue une violation du Code de la propriété intellectuelle passible de sanctions civiles et pénales. Juan Carlos HERNANDEZ.