Ambassadrice de la marque, de Joséphine de Weck

Publié le 09 février 2019 par Francisrichard @francisrichard

Marie, après son bac (un préalable du paternel), a deux ans pour tout tenter. Elle entre dans une école de théâtre en Belgique, puis rentre en Suisse, un master d'interprétation dramatique en poche...

Si le démarrage de sa carrière de comédienne n'est pas désespérant, il y a tout de même des trous de plusieurs mois. L'idée d'être hôtesse au Salon de l'auto de Genève germe alors d'un de ces trous.

Après un entretien d'embauche et une formation intensive, elle se retrouve Ambassadrice de la marque, en uniforme (baskets blanches, jupe-tailleur bleu marine et blazer gris), potiche devant cabriolet.

Condamnée à disserter sur la vitesse d'ouverture de la capote et le coloris beige, elle va devoir passer une dizaine de jours sans fin, tout de même bien payés, à faire du SBAM tout le long de la journée:

SOURIRE - BONJOUR - AU REVOIR - MERCI.

Elle doit feindre d'être heureuse d'être là pour accueillir le chaland et donc lui sourire, mais ce ne doit pas être un petit sourire: elle doit arborer un sourire BANANE. Dans ses cordes de comédienne...

Il s'en passe des choses pendant ces dix jours du salon et Joséphine de Weck en fait le récit satirique et humoristique. Et son héroïne n'est pas un simple pot de fleurs, puisque, objet animé, elle pense:

Dépendre du désir des autres m'est insupportable. Que ce soit au théâtre ou au salon, au fond, cela ne change rien. Il faut plaire, être un produit intéressant, séduisant. Existe-t-il un endroit où l'on peut être soi-même, sans concession? A y réfléchir, le monde de la vente est moins hypocrite que celui des arts. Dès le départ, on sait qu'on est utilisé pour vendre.

Le slogan du salon est: Votre rêve devient réalité. C'est un oxymore très fort, mais, au bout de l'histoire, Marie, qui le prend ironiquement à son début, voit-elle vraiment ses cauchemars devenir certitudes?

Francis Richard

Ambassadrice de la marque, Joséphine de Weck, 88 pages, L'Âge d'Homme