[Critique] ALITA : BATTLE ANGEL

Par Onrembobine @OnRembobinefr

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Note:

Titre original : Alita : Battle Angel

Origines : États-Unis/Argentine/Canada

Réalisateur : Robert Rodriguez

Distribution : Rosa Salazar, Christoph Waltz, Jennifer Connelly, Mahershala Ali, Keean Johnson, Ed Skrein, Jackie Earle Haley, Lana Condor, Eiza Gonzalez, Michelle Rodriguez, Casper Van Dien, Jeff Fahey, Edward Norton…

Genre : Science-Fiction/Action/Adaptation

Date de sortie : 13 février 2019

Le Pitch :

Le Docteur Ido, un scientifique spécialisé dans les cyborgs, trouve dans une décharge les restes d’une jeune femme au corps mécanique mais au cerveau bien humain. Il décide alors de la ramener dans son atelier et de lui offrir un corps. À son réveil, celle que le docteur décide de baptiser Alita, redécouvre un monde dont elle presque tout oublié. Elle ne tarde pas également à se confronter à la violence d’une ville placée sous la coupe d’une autorité mystérieuse. Alita qui s’aperçoit qu’elle est capable de grandes choses. Naturellement douée pour le combat, elle cherche à se rappeler de son passé pour mieux entrevoir son avenir…

La Critique d’Alita : Battle Angel :

Occupé depuis trop longtemps déjà sur les suites d’Avatar, James Cameron délègue un max. Y compris concernant des projets lui tenant manifestement à cœur comme Alita : Battle Angel, soit l’ambitieuse adaptation du manga de Yukito Kishiro, Gunnm. Un film bien évidemment attendu au tournant, que certains ont détesté avant même d’avoir vu la première image et que d’autres ont redouté. Surtout quand Cameron a annoncé qu’il confiait la réalisation au desperado Robert Rodriguez. Le responsable de Machete aux commandes de la transposition live d’un manga culte ? Et pourquoi pas après tout ?

Chewing-Gunnm (LOL)

Le problème principal d’Alita saute vite aux yeux. Un problème qui n’en sera peut-être pas un pour les détracteurs de Robert Rodriguez. Alita ne ressemble pas à un film de Rodriguez. On ne reconnaît pas sa patte, pourtant affirmée, ni la tonalité qu’il s’est toujours efforcé de donner à ses œuvres depuis El Mariachi. Est-ce qu’Alita ressemble davantage à un film de James Cameron, vu qu’il a tout supervisé et co-écrit le scénario ? Oui, davantage mais pas totalement non plus. À l’arrivée, on se retrouve alors devant un blockbuster à n’en pas douter spectaculaire (on y reviendra) mais aussi et surtout un peu étrange car parfois véritablement dénué de personnalité. Car on dira ce qu’on voudra sur Desperado, Une Nuit en Enfer, Sin City ou Planet Terror, mais Rodriguez a su imposer son style. Ici, tout est beaucoup trop lisse pour lui. Peut-être doit-on le remercier pour la brutalité (relative) de certains affrontements mais sinon, on en vient à parfois se demander si, à l’instar des personnages du film qui se font piloter à distance par le grand méchant, Rodriguez, trop content de se retrouver d’un coup d’un seul aux commandes d’un vaisseau amiral comme celui-là, ne s’était pas un peu effacé pour laisser les commandes à Cameron. Une interrogation légitime au sujet d’une œuvre parfois un peu trop tiède dans l’approche de son sujet et de son traitement narratif.

Big eyes

Pour autant, là où Robert Rodriguez a vraiment assuré, c’est au niveau du grand spectacle. Déjà rompu aux fonds verts, qu’il a allègrement manipulé avec les deux Sin City, il s’est retrouvé ici à devoir gérer tout un univers ainsi que des personnages prenant vie grâce à la magie de la performance capture. À l’écran, le résultat a une sacrée gueule. Chaque dollar du monumental budget semble avoir été dépensé pour conférer du souffle à ce show permanent. Quand l’action prend le dessus, Alita nous régale de plusieurs morceaux de bravoure. La mise en scène reste lisible et percutante, et les chorégraphies de la jeune héroïne, opposées à la sauvagerie biomécanique de ses opposants, font des merveilles. Il faut par exemple voir l’espèce de relecture de Rollerball dont nous gratifie le film pour se convaincre que celui-ci s’inscrit sans problème parmi les plus impressionnants de sa catégorie. Quand le calme est de retour, Alita ne lâche rien et brille par son soucis du détail. La technologie est parfaitement maîtrisée. Alita en elle-même, magnifique, bénéficie de l’interprétation toute en nuance de Rosa Salazar, alors que les effets-spéciaux lui confèrent force et grâce. Une héroïne très attachante, à la fois forte et vulnérable, auquel le film doit énormément. Difficile au final de lui reprocher quoi que ce soit sur la forme et tout aussi difficile de ne pas se laisser emporter par ce festival généreux et totalement virtuose par moments. Et tant pis si au fond, le manque de décors naturels rend le tout un peu artificiel…

Battle royale

Niveau casting, Alita réserve quelques bonnes surprises. Outre la solide Rosa Salazar, pivot de ce conte futuriste à l’audace certaine, on apprécie la performance toute en douceur de Christoph Waltz tandis que Mahershala Ali et Jennifer Connelly semblent quant à eux un peu trop figés. Deux acteurs pourtant talentueux, dont les rôles trahissent les faiblesses d’un scénario assez peu aventureux, sur lequel plane l’ombre intimidante du manga. Cameron a beau avoir mis la main à la patte, il n’a pas réussi à s’affirmer de ce côté là, mettant une nouvelle fois en lumière, après Avatar et son script en forme de collage grossier de références mal dégrossies et d’une morale un peu lourdingue, qu’il reste avant tout un fabuleux faiseur d’images à défaut d’être un conteur hors pair. Cameron qui semble s’être désintéressé du storytelling dès lors que la technologie lui a permis de s’amuser. Avant, quand il devait ruser pour mettre en scène ses ambitieux concepts, comme avec Terminator 1 et 2 ou Abyss, le réalisateur était forcé de travailler ses scénarios.Aujourd’hui, on le sent plus intéressé par les défis que représentent ses films techniquement parlant. Du coup, il est légitime de ne voir en Alita qu’un habile mix, quoi que parfois bancal, entre certaines de ses anciennes idées (difficile de ne pas penser à Terminator) et thématiques, qu’il colle à l’univers du manga. Un mélange souvent savoureux mais pas vraiment original.

En Bref…

Visuellement très abouti, ambitieux et parfaitement maîtrisé, mais narrativement plus faiblard et attendu, Alita : Battle Angel appartient davantage à James Cameron qu’à Robert Rodriguez, qui semble avoir suivi à la lettre les consignes de son producteur, échouant au passage à conférer sa personnalité au film. Parcouru d’authentiques morceaux de bravoure, il offre un spectacle généreux et souvent galvanisant mais peine à imposer de solides enjeux. Heureusement que l’héroïne incarne une émotion tangible…

@ Gilles Rolland

Crédits photos : 20th Century Fox France