Renflouement de Bernard Tapie: quelles causes et conséquences pour le contribuable ?

Publié le 13 juillet 2008 par Cambiste
Bernard Tapie est à nouveau à flots. Le CDR a été condamné à lui versé 285 millions d'euros. En fait, le CDR va verser 285 millions d'euros aux liquidateurs du groupe Tapie. ceux-ci devront donc d'abord payer les dettes de la liquidation dont pas mal d'impôts.
L'origine de l'affaire ? Lors de la vente d'Adidas, la filiale du Crédit Lyonnais qui avait le mandat de vente, la SDBO n'a pas informé Tapie du montant de la vente qu'elle avait organisée via des filiales étrangères. Tapie avait donc touché un montant plus petit et sans commune mesure avec la vraie somme touchée par la SDBO.
Cet aspect de l'affaire ne touche pas le contribuable mais dès la faillite du Crédit Lyonnais, l'affaire est devenue affaire d'argent public.
Au mépris des lois du marché dont se réclamait le Crédit Lyonnais, l'état, via cette structure le CDR créée pour l'occasion, a laissé à l'entité "Crédit Lyonnais" ses actifs les moins pourris et a mis les autres en "dette publique".
Même si certaines créances logées dans le CDR n'ont pas été considérées comme pourries, le simple fait qu'elles n'étaient pas "liquides" obligeaient le contribuable à les porter jusqu'à ce que ...
L'argent que le CDR doit donc à Tapie est donc de l'argent public (qu'il aille, en partie, aux impôts n'est donc qu'un va et vient et pas un gain pour l'état).
Personne ne compte bien sûr les frais d'avocats et autres de cette affaire où l'état s'est vraiment conduit de manière bizarre puisqu'au lieu de chercher un arrangement, il a essayé de temps en temps la manière forte (sachant dès le départ que Tapie avait raison) allant même à refuser le jugement qui condamnait Tapie à 135 millions d'euros.

Tout se passe en fait comme si l'état avec le CDR avait choisi d'aller droit dans le mur en cherchant la condamnation pour rendre Tapie plus riche.

Encore plus étrange, alors qu'en octobre 2006 la Cour de cassation estimait "qu'aucune faute n'était caractérisée à l'encontre du Crédit lyonnais" lors de la cession du groupe Adidas, à la mi 2007, le CDR changeait brutalement de tactique et acceptait, à la demande de l'Etat, le 26 octobre 2007, la proposition des liquidateurs de l'ex-groupe Tapie de soumettre, de nouveau, leur litige à un tribunal arbitral.
Bien entendu, le fait que Bernard Tapie ait soutenu Nicolas Sarkozy durant la campagne électorale de 2007, que Jean-Louis Borloo soit l'ancien compagnon d'affaires de Bernard Tapie, etc, etc.... ne sont que des coïncidences ............
Ce qui est une constante dans cette affaire, c'est que l'argent sort de la poche des contribuables pour aller dans celles de quelques happy few..
Sollicité par Le Monde, l'ancien président du CDR, Jean-Pierre Aubert, a assuré, vendredi, "que la condamnation du CDR à 135 millions d'euros était déjà extravagante, on peut imaginer ce qu'il en est à 285 millions d'euros..."