Idéogrammes acryliques, poèmes de Cécile Mainardi

Publié le 11 avril 2019 par Onarretetout

Il y a d’abord la couverture, une Vénus de Milo dessinée de mots. Est-ce un calligramme ? D’une certaine façon oui, mais pas identique à ceux que faisait Apollinaire. Cécile Mainardi remplit de mots la forme du dessin quand Apollinaire dessinait avec les lignes de mots. La couverture contient donc un poème ; on le retrouvera plus loin dans le livre, dégagé de sa forme initiale, « décontenancé » écrit l’auteure. D’autres textes sont encore traversés traversant des silhouettes sorties de tableaux, de sculptures, de photographies, de danse, de films. Mais toujours, le poème est écrit sous une forme rectangulaire, justifié à droite et à gauche, et comme accroché au haut de chaque page. Il n’y a bien sûr pas que la forme. Il y a des couleurs, peut-être celles des tableaux, ou celles imaginées dans un film noir et blanc (« L’avventura d’Antonioni »). Mais encore, Cécile Mainardi semble se coltiner avec les mots même : une faute d’orthographe négligée, comment on perçoit le mot écrit sans avoir besoin d’en détailler toutes les lettres, comment on perçoit la couleur (« j’aime pas le bleu pas le / bleu pâle bleu pâle bleu / …), comment on écrit une lettre, par exemple le L majuscule (« je ne sais plus une grande / boucle en haut et une / plus petite en bas ou l’in- / verse… »).

Et j’aime qu’à un certain moment, quand on a presque lu tout le livre, on arrive à cette proposition : « Non là, vous avez tout votre temps, autant de temps / que j’en ai moi pour me relire, / il est là, à cheval sur ces mots, prenez-le /  je vous le donne / il est à vous. » Alors, on reprend le livre et on  va boire un jus d’orange en mangeant un oeuf à la coque et en regardant Monica Vitti.