Kant et la Révolution

Publié le 14 juillet 2008 par Jcgbb

Avec ses défilés et ses feux d’artifice la commémoration de la Révolution française se veut spectaculaire ; elle est esthétique avant d’être politique. Où est donc passée la ferveur qui, du temps de la monarchie et du Tiers Etat, a accompagné le soulèvement du peuple français ? La ferveur des foules et des armées françaises était d’une autre nature !

Le plus frappant toutefois, ce sont les témoignages de solidarité et d’adhésion qui venaient alors des autres pays d’Europe. Car il était dangereux de manifester publiquement son soutien aux révolutionnaires. Mais cela n’a pas empêché plusieurs citoyens et écrivains étrangers de risquer leur sécurité simplement afin de prendre parti pour la Révolution contre la Monarchie.

Kant a vu dans cet enthousiasme des spectateurs de la Révolution le signe d’un progrès moral de l’humanité. Ce soutien spontané est le signe que nous pouvons prendre intérêt à la réalisation d’un idéal, dans un pays qui n’est pas le nôtre, sans en espérer aucun avantage, bien au contraire. C’est le signe que nous pouvons risquer bien-être et tranquillité pour soutenir ouvertement la constitution d’un régime républicain, fondé sur l’égalité devant la loi. C’est le signe qu’une Idée peut déterminer notre conduite.

Aujourd’hui, par cette distance que creuse le temps qui a passé, les Français sont devenus les spectateurs de leur propre histoire ; ils peuvent contempler de façon désintéressée ce qui se passait alors chez eux, et sentir à leur tour combien ces événements furent sublimes.