Blonde & Idiote Bassesse Inoubliable************Maiden Voyage d'Herbie Hancock

Publié le 17 mai 2019 par Hunterjones
Chaque mois, vers le milieu, comme je le fais pour le cinéma (dans les 10 premiers jours), et comme je le fais pour la littérature (dans les 10 derniers), je vous parle musique.
La chronique fait référence à 4 albums que je connais par coeur tellement je les ai écoutés dans ma vie:
Par ordre de création:
Blonde on Blonde de Bob Dylan
The Idiot d'Iggy Pop
Low de David Bowie
The Unforgettable Fire de U2
B.I.B.I. c'est moi. Ce sont les rythmes qui m'habitent. C'est aussi la terminaison de habibi, mot irakien voulant dire "je t'aime".

Musique, je t'aime.
MAIDEN VOYAGE de HERBIE HANCOCK
Quand je découvre Herbie Hancock, il me fait peur. Un de ses clips me fait peur. Je suis ado ou pré-ado. J'ai 12 ans.Son clip pour Rockit passe dans le milieu de la nuit. Je dors seul au sous-sol. Je suis loin de me douter dans le futur, devenu nos jours, plusieurs visages sont justement plastifiés comme dans le clip. Comme ça lorgne vers le jazz progressif, je ne tendrai jamais vraiment l'oreille dans sa direction.

Au début des années 90, quand la planète musique vire au grunge, j'ouvre mes horizons en plongeant dans le jazz, boudant le style punk mal renouvelé que me semble le grunge. Et découvre un fameux jazz kid.
Très jeune, il commence sa carrière avec Donald Byrd. Pianiste hors pair, il joint le quintet de Miles Davis peu de temps après. Il l'aidera à redynamiser le son du jazz, négociant la section rhytmique comme l'architecte du son post be-bop qu'il sera. Dans les années 70, il expérimentera avec le jazz fusion, le funk, le soul, l'électro, électrisant son clavier.
Mais en 1965, il n'a que 24 ans. Mais déjà 4 albums portant son nom comme leader. Son cinquième me jouera dans les oreilles longtemps. Encore de nos jours.

Le 17 mars 1965, HH enregistre pour Blue Note, son album qu'il voudra "concept", tentant de créer (avec succès à mon avis) un effet océanique liant le 5 morceaux ensemble. Les 5 titres font références à l'univers grammatical marin. Le 11 mars, Hancock avait tenté d'enregistrer trois des pièces, Maiden Voyage, Little One et Dolphin Dance, avec Freddie Hubbard à la trompette et Stu Martin à la batterie. Mais l'effort à la batterie ne lui plaira pas. Si il garde Hubbard, toujours fameux, Martin est remplacé par Tony Williams le 17 mars. Ron Carter, le fidèle et toujours fiable bassiste, et George Coleman, au sax tenor, viendront s'ajouter au piano d'Herbie. Qui compose les 5 morceaux.

La chanson titre tente de capter la splendeur d'un vaisseau marin lors de son voyage inaugural. Herbie dira de ce morceau qu'il s'agit de celui qu'il a composé qu'il préfère. La chanson deviendra un standard jazz maintes fois repris. Il en fera de nouvelles version en 1974 et en 1988. En concert, il ne cessera jamais de la jouer.
Le second morceau deviendra aussi un standard largement repris. Hubbard y est fabuleux comme toujours à la trompette. Les cymbales de Williams sont aussi assez sympathiques. Suggérant une tempête en cours. Il allait de soi que du vent devait être créé dans l'oeil de cette tempête. Hubbard y met tout son souffle.
Le morceau fermant la Face A sera aussi enregistré légèrement différemment avec Miles pour son excellent album E.S.P. , lancé la même année. Wayne Shorter assure au sax sur la version de Miles. Et Herbie est au piano. Carter et Williams assure aussi la rhytmique pour la version de Miles.  Mais sur le morceau de l'album de HH, le saxophone de Coleman brille assez tôt. Et tout aussi bien. Smooooth. On navigue en eau douce. Très agréable.

 La face B ne contiendra que 2 morceaux. Mais deux morceaux épiques!
Survival of the Fittest  offre un peu plus d'audace. Plus provoquant dans la rythmique. Les solos sont imprévisibles et merveilleusement livrés. Hubbard me fascine les oreilles. Les textures toniques sont magiques. Les harmonies sont aussi plaisantes que l'eau embrassant notre corps. Tout l'album me paraît facilement accessible. Même pour le non initié au jazz.

Ce qui clôt l'album sera le dernier morceau tiré de cet album qui deviendra un standard jazz. Il la réenregistrera en 1981. Et ne manquera jamais de la jouer en spectacle. C'est Shiny Stockings de Count Basie qui inspirera la pièce à Hancock.
Pour amateur de jazz, de piano, de trompette, de sax tenor, de rythmes tranquilles, parfois avant-gardistes, encore de nos jours, de compositions mélodiques instrumentales, de bonne musique jouée en équipe, d'airs salins marins.
En ces temps, parfois trop sombres, jazzez hors de l'ombre.