TILTING AXIS 5 AU MEMORIAL ACTe

Publié le 05 juin 2019 par Aicasc @aica_sc

Après les quatre premières éditions, à Fresh Milk – Barbade, au Perez Miami Art Museum- Floride, à la Galerie Nationale des îles Cayman, au Centro Leon – République Dominicaine,  Tilting Axis 5Au-delà des tendances : décolonisation et critique d’art  s’est tenu du 29 mai au 1 juin au Memorial Acte- Guadeloupe.   Le thème de la rencontre, la décolonisation du discours critique au-delà de son usage fonctionnel actuel de simple critique culturelle et institutionnelle, a été décliné dans des tables rondes et des ateliers pendant trois journées consécutives. Contrairement à son application à des sites et processus spécifiques, la décolonisation est-elle une pratique radicale et continue dans les Caraïbes ? Cette question a été  étudiée ainsi que la circulation de ces discours, pour tenter d’identifier leur actualité et leurs spécificités dans les différentes régions et institutions  de la Caraïbe. Par exemple, que signifie pour les institutions d’art la négociation de la décolonisation dans un période post-coloniale ? Quelles approches singulières peuvent être déployées pour décoloniser les discours – en, particulier en ce qui concerne la critique artistique – et les rendre plus audibles dans les espaces où le discours critique a traditionnellement peu de prévalence et d’audience?

Aux commandes, une équipe dynamique : Hooly Bynoe (Co- fondatrice d’Arc Magazine, Galerie Nationale des Bahamas), Annalee Davis (Artiste, essayiste, acteur culturel), Mario Caro ( Culture, and Technology Program at the Massachusetts Institute of Technology) , Tobias Ostrander (Pérez Art Museum Miami) , Lise Ragbir ( Manageur culturel) et Nathalie Uquhart( Galerie Nationale des Iles Cayman)

Après les discours d’ouverture de Jacques Martial ( Memorial Acte), Holly Bynoe, Anna Lee Davis, le conférencier d’honneur Manthia Diawara, professeur de littérature comparée et d’études sur le cinéma à la New-York Université et directeur émérite de l’Institut des affaires africaines-américaines, les interventions et tables rondes se sont succédées. A travers l’examen du   rôle des artistes, curators, éducateurs, érudits, écrivains d’art, agents d’artistes, les moyens de mobiliser de manière stratégique des discours sur la décolonisation ont été  approfondis.

Table ronde 1: Les mots comme armes : décoloniser la critique d’art

La critique artistique est rarement une auto-critique. Les interventions post-coloniales ont contribué à changer la manière dont les institutions, les domaines académiques et le marché ont abordé l’art en repensant la dynamique du pouvoir et les hégémonies qui étaient en jeu. Les appels actuels à la décolonisation exigent toutefois une action. Ce volet a analysé l’état actuel de la critique artistique dans les Caraïbes et ses diasporas – à la fois en tant qu’objet de processus de décolonisation – et la façon dont nous devrions procéder pour décoloniser la critique d’art – ainsi qu’en tant que pratique de décolonisation.

Dominique Brebion, Jocelyn Valton, Hrag Vartanian. Modérateur : Mario A. Caro

Ces quatre interventions ont examiné l’état actuel la critique actuelle de l’art dans les Caraïbes et ses diasporas, à la fois comme objet d’un processus de décolonisation, comme dans la façon de décoloniser la critique artistique et comme pratique de décolonisation.
Puis des échanges entre intervenants et auditoire  ont  exploré comment la critique artistique en tant que pratique dans les Caraïbes est (mal) comprise et comment elle est régénérée dans ce contexte à travers des blogs en ligne, des publications en ligne, des programmes et publications institutionnels, des conversations informelles.  Une attention particulière a été portée aux  défis plus larges de la démocratisation de la critique artistique, aux  rapports de force établis au sein de la critique et à l’utilité de la critique comme outil d’apprentissage et d’autonomisation plus authentique et plus complet.

Photo Adrienne Chadwick

Table ronde 2 : Mashing up the Canon

Les  milieux artistiques du Nord sont de plus en plus condamnés pour le détournement d’objets d’art.   Certains musées ont tendance   à rapatrier leurs collections dans leurs pays d’origine. Parallèlement, nous assistons à une diversité croissante dans le recrutement de personnes de couleur au sein des institutions culturelles basées aux États-Unis. Ce volet explore les stratégies de décolonisation des espaces culturels en proposant des théories et méthodologies / pratiques innovantes au sein des institutions.

Mireille Badamie, Charles Campbell, Laurella Rinçon. Modérateur : Johanna Auguiac

Les  approches provocatrices adoptées dans l’archipel afin de co-écrire plusieurs récits, mettant en question la manière dont les Caraïbes continuent d’être déterminées par les idéologies néocolonialistes dominantes devaient être abordées dans la discussion : Quels sont les exemples d’institutions culturelles des Caraïbes confrontées à des inégalités en matière d’écologie artistique ou d’institutions plus éloignées ayant reflété leurs préoccupations ? Où sont les exemples frappants de travailleurs culturels défiant les injustices systémiques, les préjugés culturels et les idéologies dominantes ?

Photo Adrienne Chadwick

Pops ups : 

De brèves présentation de Paulo Miyada ( curator associé Biennale de Sao Paulo), Berette Macauley  ( Plasticienne ) Christelle Lozère ( maître de conférences en histoire de l’art, Université des Antilles )  Matilde dos Santos

Table ronde 3:  Colonisation in Reverse

Avec une introduction au poème phare de Louise Bennett, Colonisation in reverse, ce volet a mis en avant non seulement les présentations déployées par des artistes, des instigateurs culturels et des théoriciens dont les méthodologies de travail reposent sur une évaluation approfondie de l’esthétique décoloniale mais aussi des méthodes d’interprétation de la représentation postcoloniale et de l’éthique de la désobéissance civile. Quels sont les dilemmes auxquels nous sommes actuellement confrontés du fait de la colonisation persistante? Où la réflexion la plus large se poursuit-elle dans l’ensemble des Caraïbes en ce qui concerne les méthodes pédagogiques alternatives, les pratiques artistiques, les stratégies de conservation ?

Erin Christovale,   Carlos Motta ,   Jerry Philogene. Moderator : Tobias Ostrander 

La discussion devait   souligner les différentes approches déployées dans l’ensemble des Caraïbes, par exemple au moyen d’initiatives dirigées par des artistes ou exprimées par des artistes explorant la décolonisation dans leur pratique.

Photo Adrienne Chadwick

Pr ailleurs, Tilting axis offre  une bourse de recherche aux jeunes curators de la Caraïbe, dans le cadre d’un partenariat étroit avec la section Art Galleries et Black Studies de l’université du Texas, à Austin.  Le jury composé de Lise Ragbir, Joel Butler, Tobias Ostrander, Holly Bynoe, Annalee Davis, Eddie Chambers, Natalie Urquhart, Sara Herman et Mario Caro (9 au total) a eu la tâche laborieuse de choisir une pépinière de candidats issus des nombreux pays situés de la   Caraïbe.