INFECTIONS NOSOCOMIALES : Le lavage des mains vaut aussi pour les patients

Publié le 07 juin 2019 par Santelog @santelog



De nombreuses études ont montré que des pratiques rigoureuses d'hygiène et de lavage des mains peuvent permettre de réduire la mortalité, les taux de prescription d'antibiotiques et donc les risques d’antibiorésistance. Cependant, la plupart des protocoles s’adressent aux soignants, et il existe encore peu de directives directement destinées aux patients. Cette étude de l’Université du Michigan rappelle que des bactéries ultra-résistantes trouvent également asile sur les mains des patients hospitalisés ainsi que sur les objets qu'ils touchent le plus souvent. Ces données présentées dans la revue Clinical Infectious Diseases suggèrent donc d’encourager une bonne hygiène des mains, chez les patients également.

Les patients aussi : les chercheurs ont découvert que les bactéries résistantes aux antibiotiques sont aussi fréquemment présentes sur les mains et dans les narines des patients hospitalisés. L’étude montre que près du tiers des tests révèle également la présence de telles bactéries sur le bouton d'appel de l’infirmière :

  • 6% des patients exempts de bactéries résistantes à leur entrée à l’hôpital sont contaminés par ces organismes multirésistants sur les mains à leur sortie de l’hôpital ;
  • 20% des objets testés dans la chambre des patients sont également contaminés par ces « superbactéries ». 

Les personnels de santé restent les principaux vecteurs : « Ces données ne signifient pas que les patients vont forcément développer une infection et, par ailleurs, les soignants restent « tout de même » le vecteur principal de transmission de ces microbes aux patients. Ainsi, si les directives en matière d’hygiène des mains sont à juste titre axées sur les médecins, les infirmières et les autres personnels de première ligne, ces résultats plaident en faveur de protocoles d’hygiène incluant également les patients », relève l’auteur principal, le Dr Lona Mody, épidémiologiste et chercheur en sécurité des patients à l’Université du Michigan. En utilisant des techniques d'empreinte génétique, les chercheurs identifient chez les patients des souches de bactéries SARM appariées dans presque tous les cas à celles retrouvées chez les soignants, suggérant le transfert entre le soignant et ses patients. La technique cependant ne permet pas d’affirmer la direction du transfert.

Une colonisation précoce des patients : ces organismes multirésistants observés chez les patients sont identifiés de manière très précoce durant l’hospitalisation, ce qui suggère que la transmission dans la chambre des patients est rapide. Une transmission qui émane fréquemment des salles de soins d’urgence, mais qui se trouve également favorisée par les déplacements des patients au sein de l’hôpital. La pratique actuelle encourage les patients hospitalisés à ne pas rester dans leurs chambres, à se lever et à se promener dans les couloirs durant leur récupération…Ainsi, même si un patient en meilleure forme physique ou en fin de récupération présente un organisme multi-résistant sur la peau et que son système immunitaire peut le combattre, un autre patient, plus vulnérable, pourra développer une infection.

A noter, la même équipe avait déjà montré que les rideaux de protection qui séparent les box des patients sont également souvent colonisés par des superbactéries…

Source: Clinical Infectious Diseases 13 April 2019 DOI : 10.1093/cid/ciz092 Multidrug-resistant Organisms in Hospitals: What Is on Patient Hands and in Their Rooms? (Visuel 2 University of Michigan)

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Équipe de rédaction Santélog Juin 7, 2019Rédaction Santé log