Booktubing African literature in French

Par Gangoueus @lareus
Histoire de biais identitaires (1)

Je voudrais montrer que la quasi absence de la littérature africaine francophone sur BookTube (2) pourrait s’expliquer par la manière dont l’insertion de cette littérature dans cette communauté est pensée à travers un certain nombre de biais identitaires (Abdoulaye Imorou).
Le 25 octobre 2018, Réassi Ouabonzi, plus connu sous son pseudonyme Gangoueus, nous a fait l’honneur de venir à l’Université du Ghana à Accra pour nous parler de ce qu’on pourrait appeler la critique littéraire 2.0 version africaine. Sa communication avait pour titre « A New Afro-Descendant Literary Criticism on Social Networks is Emerging ». Vous pouvez vous consoler d’avoir manqué l’événement en lisant l’article qu’il en a tiré : « De l'esthétique de la critique littéraire à propos d'œuvres afro sur Instagram (3)  ». À l’origine, j’avais demandé à Réassi de préparer quelque chose sur les booktubeurs francophones noirs. Je réalise aujourd’hui que cette requête était absurde à au moins deux titres. 1. On ne demande pas à quelqu’un de travailler sur un objet sans avoir au moins pris la peine de vérifier que ce dernier existe. Or, comme Réassi a fini par le réaliser avant de se diriger vers Instagram, des booktubeurs francophones noirs, il n’y en a pratiquement pas (4). 2. La manière de formuler le sujet montre que j’étais pris dans un biais identitaire : j’étais parti du principe que c’était des Africains noirs qui devaient produire des booktubes sur la littérature africaine francophone, comme s’ils n’étaient pas libres d’en réaliser sur la littérature indienne ou comme si des booktubeurs japonais ne pouvaient pas se spécialiser sur le texte africain. De l’avoir remarqué m’a amené à reformuler mon projet et à chercher davantage à savoir qu’elle est la place de la littérature africaine francophone dans BookTube. Mais là aussi, force est de constater que cette place est presque inexistante. La question est alors de savoir pourquoi. BookTube semble pourtant si cool. Serait-elle, malgré tout, raciste ? Est-ce plutôt le texte africain qui ne serait pas suffisamment sexy au regard des critères de BookTube ?

I. BookTube est cool !

Lorsqu’on consulte différents textes sur les booktubeurs, de même que lorsqu’on regarde les vidéos booktubes, une remarque s’impose : BookTube, c’est cool ! C’est cool parce que c’est jeune et rebelle. Les booktubeurs sont dans leur grande majorité de jeunes adultes de 20 à 30 ans (5) qui créent des chaines YouTube dans lesquelles ils postent de courtes vidéos parlant de livres. Leur public est lui-même plutôt jeune. Quant au corpus, il passe pour être constitué, en grande partie, de littérature pour jeunes adultes dans le sens de young adult fiction avec des genres comme la science-fiction, la fantasy ou encore la romance. Cependant, ce parti pris pour ce qui est ou ce qui fait « jeune » ne s’inscrit pas dans le cadre d’un conflit des générations. Les textes plus classiques trouvent tout à fait leur place dans le corpus, les vidéos sont tout autant capables de parler aux « petits vieux » pour peu que ces derniers se donnent la peine de les écouter et, d’ailleurs rien ne leur interdit de se mettre eux aussi face caméra. La philosophie qui anime BookTube est davantage celle de la littérature pour tous et par tous. 
Avec cette plateforme, il n’y a plus ni écriture, ni lecture honteuses. Tout texte est littéraire et l’avis de chacun compte. Même les enfants ont droit de cité et, comme Chloe Johal (6) et Nathan (7), n’hésitent pas à l’exercer. La parole booktubeuse n’est pas, pour autant, mineure, d’abord parce qu’elle fait véritablement sens, ensuite parce qu’elle se donne les moyens de faire autorité. Dans « Vraie ou fausse littérature (8) » Margaud tranche un vieux débat sur le lien entre le statut d’un texte et son genre d’appartenance (9) . En ce qui la concerne, il n’y a que de la littérature, tous les genres se valent et « si on est de véritables amoureux de la littérature, des amoureux du livre tout simplement, on ne dénigre pas le choix des autres (10)  ». Si l’envie vous prenait de la contredire, souvenez-vous qu’elle a, derrière elle, 67 826 abonnés et que ses booktubes, dans leur ensemble, comptent 6 279 092 vues (chiffres du 22 mai 2019). En outre, les booktubeurs ne se contentent pas de défendre les textes traditionnellement rejetés dans la catégorie des paralittératures dans leurs vidéos. Ils en écrivent aussi et rencontrent parfois un succès à rendre jaloux les écrivains de la place. Clémentime Malgras (p. 12) cite ainsi le cas de Joe Sugg dont la romance, Girl Online (11) a fait plus de 80 000 ventes en une semaine.
Le booktubeur s’est d’autant plus imposé dans l’espace littéraire qu’il sait mettre en scène sa propre légitimité comme en atteste « Le booktuber est-il légitime ? 12  ». Dans cette vidéo, Nine Gormon invite Bulledop sur sa chaine pour poser des questions à leurs publics, des questions comme « Est-ce qu’un journaliste est plus légitime qu’un BookTuber pour partager son avis sur une lecture ? », « Est-ce qu’un BookTuber qui a un métier dans le milieu du livre est plus légitime ? », « Est-ce qu’un BookTuber qui a une très bonne qualité image / son est plus légitime ? ». Bien entendu, les internautes répondent toujours non et les deux booktubeuses ne manquent pas de dire combien elles partagent leurs avis. La vidéo confirme ainsi que n’importe qui est bienvenu dans BookTube. Elle conclue avec un « La passion est ce qui devrait légitimer un BookTuber ».
Cependant, Booktube ne se contente pas de tout mettre en œuvre pour être acceptée par le monde littéraire. Elle se donne pour objectif de redéfinir l’ordre littéraire. On l’aura compris, celui-ci rejette dorénavant la logique de la hiérarchisation des genres et légitime, ce faisant, les cultures populaires. Il intègre et promeut de toutes autres pratiques notamment dans le rapport à la lecture. Alors que l’acte même de la lecture se situe traditionnellement dans les coulisses de la critique littéraire, il est, désormais, mis en scène. Cette mise en scène se laisse déjà deviner dans le choix du pseudonyme, dans la photo de profil ou encore dans le channel art, c’est-à-dire le bandeau qui illustre la page d’accueil de la chaine booktube. Mais elle apparait surtout dans des vidéos spécifiques comme les bookhauls, les swaps et les read-a-thon. Les booktubeurs n’hésitent pas à consacrer des postes à la présentation des livres récemment acquis, à filmer la manière dont ils s’offrent mutuellement des livres à travers des colis postaux particulièrement personnalisés ou se lancent dans des défis de lecture. Ces pratiques, en plus de témoigner de l’avènement d’une culture de l’intime, participent également d’une volonté de faire communauté.
Les liens communautaires sont d’ailleurs renforcés à travers les tags, les featurings, les rubriques de types « ♡ COUPINES ♡ », « MES P'TITS CHOUCHOUS », « LES COPAINS♥ » (13) dans lesquelles on indique les liens vers les chaînes des amis. De même, on organise des rencontres IRL pour In Real Life (CM, p. 35) qui peuvent aussi donner lieu à des vidéos nommées vlogs. Enfin, on parle le même langage qu’on dote d’un vocabulaire spécifique avecdes termes comme bookhauls et swaps (14).
Tout cela se fait, de préférence, dans le fun et la cool attitude et la meilleure manière d’être cool c’est encore de se faire un peu artiste. Les booktubes sont construits de manière à raconter simultanément deux histoires. Il y a celle du sujet présenté. Il y a celle du sujet présentant ou plus exactement de l’acte de la présentation. Pour le dire autrement, le booktubeur ne se contente pas de déballer un carton de livres, de faire le compte-rendu d’une œuvre ou de parler de sa visite au dernier salon du livre de la région. Le booktubeur est enthousiaste comme un enfant devant le sapin de Noel, il partage les émotions ressenties lors de la lecture et vous embarque avec lui pendant la visite. Le booktubeur est un acteur. Les membres de La Brigade du Livre poussent le concept jusqu’au bout puisqu’ils proposent des mini-séries comme Les chroniques de Kilke (15).Dans une époque pas si lointaine, tout va mal dans le monde littéraire. Les écrivains ne trouvent plus l’inspiration et se lancent dans des trafics d’intrigues, de personnages… C’est l’apocalypse.
Heureusement, Kilke mène l’enquête et en profite pour nous présenter des romans sur le thème de l’apocalypse (épisode 1), nous parler de l’édition numérique (épisode 2), etc.BookTube est donc une plateforme, une communauté et surtout une extension du domaine de la littérature. En ce sens, son histoire semble pleine de promesses.

II. Mais n’est-elle pas un peu raciste ?

L’histoire de BookTube est cependant entachée d’un certain nombre d’affaires, de coups de gueule, de dramas comme disent les Américains. On reproche, par exemple, à la plateforme de fabriquer des stars avec pour conséquence des contenus de plus en plus standardisés voire complaisants. Ainsi, certains booktubeurs auraient tendance à n’émettre que des avis positifs sur les livres qu’ils reçoivent des éditeurs avec lesquels ils ont des partenariats. En outre, non seulement la littérature pour jeunes adultes est privilégiée mais, en plus, on retrouve les mêmes titres, en l’occurrence les bestsellers, d’une vidéo à l’autre (CM, pp. 11-14).
Dans le fond, ces coups de gueule pointent le paradoxe d’une communauté pour laquelle tous les textes sont égaux mais certains le sont plus que d’autres. C’est dans ce contexte que se pose la question du racisme, l’une des grandes victimes de ce système étant la littérature noire et davantage encore la littérature africaine francophone. En juillet 2017, Pauline Zugmeyer établit une liste des livres conseillés par les booktubeurs francophones (16). Parmi les 429 œuvres recensées, il y a bien une demi-dizaine de titres comme Americanah de Chimamanda Ngozi Adichie, Le verger des âmes perdues de Nafida Mohamed et Délivrances de Toni Morrison pour représenter la littérature noire, mais de textes africains francophones, il n’y en a pas point. De telles données sont de nature à appeler cette question du racisme. Si elle n’est pas clairement posée dans la booktubosphère francophone pour laquelle le monde littéraire noire n’existe tout simplement pas, ce n’est pas le cas outre Atlantique. En atteste la diversity drama qui a aminé BookTube autour d’octobre 2018.
Alyssa H. Writes poste une vidéo (17) dans laquelle elle se dit plus qu’agacée des booktubeurs issus des minorités qui mettent leur manque de succès sur le compte du racisme de BookTube. Elle en a ras-le-bol de la manière dont ils manipulent les gens en jouant sur leur sens de la culpabilité pour les pousser à « liker » davantage leurs vidéos et à s’abonner à leurs chaînes. Ils feraient mieux de dénoncer les vrais problèmes de discrimination dont l’éducation de seconde zone que reçoivent les gens de leurs communautés. On l’aura compris, la vidéo est tournée sur le mode de la colère et de l’indignation. Or, comme le note littlewolfreads (18) , nombre de termes et arguments dont use Alyssa H. Writes sont particulièrement mal choisis et blessants pour ceux à qui elle s’adresse. C’est particulièrement le cas lorsqu’elle fait référence à la générosité avec laquelle BookTube « welcome minorities, gay, bi, ACE, all this kind of different things ». En réaction, de nombreux booktubeurs crient haro sur elle et dénoncent son racisme. Alyssa H. Writes poste, dans un premier temps une vidéo dans laquelle elle présente des excuses mais qui est jugée tout aussi violente. Il semble qu’elle ait fini par effacer les vidéos et à fermer sa chaine.
Parmi les commentaires qui se sont voulus plus nuancés, on peut retenir la vidéo de TheReadingOutlaw (19). La booktubeuse commence par expliquer que, contrairement à ce que pense Alyssa H. Writes, les revendications des booktubeurs noirs sont tout à fait fondées. Ces derniers doivent constamment faire face à des situations dont les Blancs sont épargnés. Par exemple, personne n’ira demander à un Blanc de lui expliquer les concepts de base de la lutte pour les égalités sociales. D’autre part, les Blancs sont réellement privilégiés en termes de visibilité sur Booktube. En effet, il y a beaucoup plus de chance que l’algorithme de YouTube recommande leurs profils que ceux de leurs collègues noirs. Elle poursuit en affirmant qu’elle ne croit pas pour autant que les booktubeurs soient fondamentalement racistes dans le sens de personnes qui se jugent supérieurs aux autres.
La vidéo de TheReadingOutlaw est intéressante à plusieurs titres. Elle rappelle que le terme de « racisme » a, au moins, deux acceptions. Dans son sens commun, il renvoie donc à cette tendance à dire inférieurs ceux qui n’auraient pas la chance d’être, eux aussi, de la race des élus. Dans sa dimension institutionnelle ou systémique, le racisme informe, souvent de manière inavouée, la marche de la société de manière à avantager certains groupes par rapport à d’autres. Les Blancs jouissent ainsi de privilèges qui sont refusés aux Noirs (20) . La manière dont BookTube recommande plus allègrement les vidéos des Blancs peut faire penser à ce deuxième type de racisme. Il convient néanmoins de chercher à comprendre comment fonctionne l’algorithme de YouTube. Est-il programmé pour détecter les Noirs et écarter leurs profils ?
En vue d’attirer et de retenir le chaland, les sites comme Amazon, Meetic et Youtube recourent à des recommender systems qui ont pour fonction de proposer des produits susceptibles de séduire l’internaute. Ce sont ces systèmes d’algorithmes qui génèrent les listes de résultats fournis par les moteurs de recherche et indiquent des produits similaires à ceux que vous avez déjà consultés. En vue de mieux comprendre leur fonctionnement, on peut consulter, entre autres, le Recommender System Handbook (21) ou « How YouTube’s Algorithm Really Works (22)  ».
L’article d’Alexis C. Madrigal explique qu’en vue d’amener le public à rester le plus longtemps possible devant YouTube, l’algorithme lui recommande, en se basant, entre autres, sur son historique de navigation, sur ses « likes », sur les contenus populaires du moment, les vidéos qui seraient les plus susceptibles de l’intéresser. Le problème est que la logique de cet algorithme est telle que « popularity begets popularity (23) » et donc, ce sont les mêmes vidéos qui seront systématiquement proposées. Pour prendre un exemple au hasard, lorsque je tape « Booktubeurs » dans la barre de recherche de YouTube, l’algorithme me propose les vidéos des booktubeurs les plus connus, c’est-à-dire essentiellement blancs. Il faut taper spécifiquement « Booktubeurs noirs » pour voir apparaître des booktubeurs … blancs parlants de romans noirs (dans le sens de polars bien entendu). « Black booktubers » ouvre une liste de booktubeuses noires américaines (BookTube serait-elle également misandre ?). Pour espérer trouver les chaines de Minatag, Tchonté Silué et Christelle Ngoulou, il vaut mieux taper explicitement « Le regard de Minatag », « Tchonté Silué » et « To Tanga » ou alors espérer que l’algorithme soit vraiment dans le meilleur de ses beaux jours. On le voit, le système pense comme un videur de boîte de nuit : pour entrer il faut être un habitué, pour faire des vues, il faut avoir fait beaucoup de vues. On comprend, ici, l’importance des tags, des featurings, des « MES P'TITS CHOUCHOUS » et de toutes autres activités qui permettent de profiter, par procuration, de lanotoriété de ses amis, d’entrer parce qu’on accompagne un habitué.
Avant d’inviter les booktubeurs noirs à considérer que si Alyssa H. Writes s’est montrée plus que maladroite, il n’est pas certain qu’elle soit raciste, TheReadingOutlaw prend un certain nombre de précautions. Elle porte un t-shirt « DECOLONIZE YOUR BOOKTUBE » qui montre bien qu’elle a choisi son camp, celui des victimes et donc des gentils. Elle présente, par avance, des excuses : « I don’t think I get to define what is a racist, as a white person ». Mais pourquoi un Blanc serait incapable de définir le racisme ? Il n’a, pourtant, aucun problème à l’exercer. En outre, et contrairement à ce que le politiquement correct aime penser, il peut en être victime (24). Le fait que TheReadingOutlaw se sente obligée de prendre des précautions provoque un malaise. Il en est de même de la manière dont Alyssa H. Writes a dû effacer ses postes et, semble-t-il, se retirer de BookTube. Le malaise vient de ce qu’on se situe ici sur une ligne très sensible, celle qui sépare l’espace dans lequel on s’insurge légitimement face à des actes de racisme ou supposés comme tels, de celui où on prive de liberté d’expression quiconque est raciste ou soupçonné de l’être.
Or, le basculement dans ce deuxième espace ne pose pas seulement des problèmes d’ordre éthique. Il interdit aussi toute réflexion. De fait, refuser d’accorder la moindre attention aux propos d’Alyssa H. Writes revient à commettre la même erreur qu’elle : ne pas se donner la chance de comprendre pourquoi le monde noir est invisible sur BookTube. Dans de telles conditions, des questions comme celle de savoir si ce monde n’aurait pas aussi sa part de responsabilité deviennent taboues.

III. Sinon, que fait la littérature africaine ?

J’avais tendance à être agacé de ce que telle ou telle personne ne connaisse pas Léonora Miano ou Ali Zamir. Je trouvais inadmissible que si peu de personnes s’intéressent au Kivu. C’était avant de réaliser que si j’avais quelques connaissances en matière de littérature et de conflits africains, c’était parce que cela faisait partie de mon travail. C’était avant de me rendre compte que je n’ai jamais lu d’auteur népalais et n’ai, pour être honnête, aucune idée de ce qu’il se passe vraiment dans cette région. Certes, j’ai assisté à une ou deux rencontres associatives mais c’est surtout parce que des amis m’ont demandé de les accompagner ou parce que je suis tombé sur une affiche intéressante. Dans tous les cas, ce n’est pas parce que je me suis levé un matin et me suis dit qu’il était temps que je cesse d’ignorer le Népal. En définitive, si ce pays veut occuper davantage de place dans ma bibliothèque ou dans la liste de mes booktubes préférés, il ferait mieux de se demander comment faire pour me séduire. Tout cela pour dire que la manière dont les Africains et autres africanophiles attendent du monde qu’il se préoccupe naturellement de ce continent est naïve. Le monde – et en réalité les Africains eux-mêmes – n’est en aucune manière obligé de s’intéresser à la littérature africaine.
C’est à cette dernière qu’il revient de réfléchir aux moyens d’attirer le lecteur et, pour ce qui nous intéresse ici, de plaire à BookTube. Or, tout semble indiquer qu’elle fait plutôt tout ce qu’il faut pour se l’aliéner. Comparativement à l’espace francophone noir, l’anglophone, ne serait-ce qu’à travers les États-Unis, est beaucoup plus présent sur BookTube. C’est que le second a un savoir-faire qui manque au premier. Comparativement au BookTube blanc, le booktube noir, même américain, part avec un handicap. Preuve que le savoir-faire est bien là, des livres comme Children of Blood and Bone de Tomi Adeyemi, Lagoon de Nnedi Okorafor, Things Fall Apart de Chinua Achebe ou Ghana Must Go de Taiye Selasi sont largement chroniqués par l’ensemble des booktubeurs. De même, des chaînes comme celles de Thug Notes, Jouelzy et rincey reads font des millions de vues. Leurs secrets ? Ils répondent aux codes de BookTube. Les livres de Tayie Selasi et autres Chinua Achebe sont des exemples même de best-sellers. Ceux de Nnedi Okorafor et de Tomi Adeyemi relèvent de la fantasy et de la science-fiction sans compter qu’ils se vendent aussi plutôt bien. En tant que tels, ce sont des mines d’or pour booktubeurs de toutes nationalités. Thug Notes, c’est un gangsta qui chronique les plus grands classiques comme 1984 et Things Fall Apart et qui a l’intelligence de signer un partenariat avec Wisecrack (25), célèbre compagnie spécialisée dans la production de web séries. Jouelzy a suffisamment de relations pour faire partie des booktubeurs choisis pour interviewer Michelle Obama au sujet de Becoming (26). Elle sait se mettre en scène notamment en publiant les vlogs de ses différents voyages (Ghana, Cuba…). Tout comme Thug Notes et Jouelzy, rincey reads a compris que faire des booktubes ne se limite pas à parler de livres face camera. Il faut encore créer une atmosphère capable de faire la différence, séduire son public en lui donnant une impression de proximité, entretenir des relations avec ses pairs voire s’inscrire dans un réseau influant, parler de livres qui ont déjà acquis un public et, par-dessus tout, être fun et cool.
Pour comprendre le handicap que trainent les booktubeurs et la littérature noirs derrière eux, il faut revenir à une question, celle de savoir qui est habilité à écrire sur l’histoire des Noirs et à commenter les textes ainsi produits. La question revient régulièrement dans le débat littéraire (27) et des booktubeurs ont cru bon de s’en emparer. Brown Girl Reading, par exemple, se demande ce qui pousse des Blancs à écrire sur l’expérience des Noirs et se plaint de leur incapacité à mettre en scène des personnages crédibles (28). Quant à Francina Simone, elle reproche aux booktubeurs qui présentent des livres relatifs aux minorités d’être superficiels dans leurs commentaires (29). On peut partager ou non les ressentis de Brown Girl Reading et les analyses de Francina Simone. Le vrai problème vient de ce que les vidéos de ce type laissent entendre qu’il faudrait une littérature pour les Noirs par les Noirs. Dans l’absolu, cela peut faire débat. Dans la logique de BookTube, c’est rédhibitoire.
On se souvient que la philosophie de cette communauté tend vers quelque chose comme la littérature pour tous et par tous. Certes, on peut arguer qu’il ne s’agit là que d’une philosophie de vitrine, que la réalité est autre. On peut en vouloir pour preuve que le corpus des young adult fictions est principalement écrit par des Blancs, que les mondes qui y sont décrits sont eux-mêmes blancs (30). J’objecterais que les booktubes sur des romans comme Children of Blood and Bone tendent à montrer que le genre et le nombre de vente comptent davantage que la couleur de peau de l’écrivain. J’ajouterais que dans les mondes décrits dans les young adults, des elfes côtoient des ninjas, des extraterrestres, des arbres qui parlent et des robots. L’identité n’y est pas pensée de la même manière et l’opposition Blanc / Noir y perd de son sens. Dans tous les cas, quand bien-même le principe d’une littérature pour tous et par tous relèverait d’une philosophie de surface, ce n’est pas moins celui qui régit BookTube. Il convient donc de le respecter, ou si vous préférez, de faire au moins semblant si on veut se donner des chances de pénétrer ce monde. Se réclamer d’une philosophie inverse comme celle d’une littérature par des Noirs pour les Noirs revient à se mettre soi-même à l’écart. En tout état de cause, il est irrationnel de se revendiquer d’une telle logique et de réclamer parallèlement des booktubeurs non Noirs et de leurs publics davantage de reconnaissance.
La booktubosphère noire anglophone sait donc se vendre, mais la manière dont elle met en avant l’élément identitaire est de nature à limiter ses possibilités d’expansion. Le succès de Thug Notes tient, sans doute, en partie à l’habileté avec laquelle il subvertit cet élément à travers le paradoxe du gangsta qui connait ses classiques. La littérature africaine francophone traine le handicap de la revendication identitaire sans maitriser le savoir-faire anglophone. En réalité, les booktubeurs africains francophones ne mettent pas en scène leur africanité avec autant d’emphase que le font les Noirs Américains. Celle-ci se voit essentiellement dans le fait que les auteurs chroniqués sont essentiellement noirs et parfois dans le nom de la chaine comme c’est le cas de To Tanga. Les lectures afros. En revanche, et la littérature africaine francophone et les booktubeurs qui se chargent de la chroniquer pourraient être, du point de vue des standards de BookTube, beaucoup plus séduisants.
Les vidéos disponibles sont presque toutes des comptes rendus de livres. On devrait s’en réjouir d’autant plus qu’on reproche aux booktubeurs de ne pas en faire assez. Mais ne faire que cela n’est pas moins problématique. BookTube, c’est aussi des tags, des vlogs, des challenges, des unboxings, des swaps, des liens vers « LES COPAINS ♥ » et les « ♡ COUPINES ♡ », bref toute une cool attitude. On ne se contente pas de présenter des livres, on partage son intimité de lecteur dans la joie et la bonne humeur. Cela, les rares booktubeurs qui se consacrent à la littérature africaine francophone ne le font pas assez. Il y a bien les vidéos dans lesquelles Minatag prodiguent des conseils de lectures et de cadeaux pour Noël (31) mais c’est peu par rapport aux attentes de BookTube. Pour ne rien arranger, les œuvres recensées relèvent toutes des belles lettres africaines, c’est-à-dire de la littérature sérieuse, celle qui est trop occupée ou plutôt qu’on juge trop occupée, à dénoncer la colonisation, les dictatures, les dysfonctionnements sociaux pour autoriser la plaisanterie (32). Or, BookTube s’accommode mal d’un tel esprit de sérieux. Elle est espiègle jusque dans le traitement des sujets sérieux. À cet égard, il suffit de comparer les vidéos de L’Harmattan Sénégal à celles de Thugs Notes pour comprendre pourquoi les premières font à peine quelques centaines de vues et les secondes des centaines de milliers et même des millions.
On ne le dira pas assez, la mise en scène et la capacité à donner à BookTube ce qu’elle attend sont essentielles. Tout manquement est sanctionné que le booktubeur soit noir ou non. D’une manière générale, comme l’explique Clémentine Malgras (p. 72), quiconque ne maitrise pas les codes de BookTube est recalé dans ses marges. C’est ainsi qu’une journaliste littéraire comme Tara Lennart (33), parce qu’elle se focalise sur les œuvres issues de maisons indépendantes, peine à rencontrer le succès. Aujourd’hui encore, (22 mai 2019) elle n’a que 862 abonnés.
L’exemple de Tara Lennart rappelle combien la nature du corpus est essentielle. Or, la littérature africaine francophone ne se donne pas les moyens de séduire BookTube. Elle n’investit pas encore suffisamment dans les genres qui attirent cette communauté. En outre, là où elle le fait, l’esprit de sérieux vieille au grain et empêche qu’on s’y intéresse vraiment. Cela dit, les choses sont en train de changer. Une collection comme Adoras des Nouvelles éditions ivoiriennes propose des histoires à l’eau de rose (34). Des bandes dessinées de super-héros voient le jour notamment autour des éditions Ago à Lomé. La littérature africaine francophone gagnerait à multiplier les initiatives de ce type, à explorer davantage les genres de la science-fiction ou de la fantasy et à convaincre sa critique que ces textes sont aussi dignes de son attention. Notons cependant que Les chroniques de Tchonté compte une interview de Grâce Minlibé (35) auteure de la romance Tristesse au paradis (36) . Tout reste donc possible.

Conclusion

Lorsque Réassi Ouabonzi parle de sa propre expérience sur Instagram, il reconnait qu’il a d’abord commis une erreur de stratégie. Il a cru qu’il suffisait de publier des photos autour de ses lectures et des événements littéraires dans lesquels il était impliqué. Il a ensuite réalisé que « Instagram est un réseau artistique avec pour principal enjeu la mise en scène du producteur de contenus (37)  ». La littérature africaine francophone, dans ses rapports avec BookTube, gagnerait à se remettre également en question et à repenser ses pratiques et ses manières de se donner à voir. Cela suppose qu’elle se débarrasse d’un certain nombre de réflexes, de croyances et des biais identitaires qu’ils induisent. 
Le premier de ces biais consiste à penser que le texte africain est naturellement destiné à des booktubeurs noirs. D’abord, rien n’interdit à ces derniers de s’intéresser à d’autres types de littérature comme le font Kilke de La Brigade du Livre ou Lebonbonaucassis (38). Ensuite, des non Noirs sont tout aussi libres de chroniquer des textes africains et on ne peut que regretter le fait que la booktubosphère francophone ne le fasse pas suffisamment. Il serait alors tentant d’en faire le reproche aux booktubeurs voire, biais identitaire aidant, de parler de racisme. La triste vérité est que c’est la littérature africaine francophone qui a un problème. C’est elle qui ne sait pas plaire à BookTube. C’est elle qui a une vision un peu trop conservatrice d’elle-même. C’est elle qui se présente toute guindée dans un monde où il faut être swagg. Bien entendu, il ne s’agit pas d’être naïf : il y a sur BookTube, comme partout ailleurs, des imbéciles persuadés d’être supérieurs aux autres. Cependant, l’algorithme de YouTube n’est pas programmé pour distinguer les profils basanés et les rejetés dans les marges. Le croire reviendrait à être victime non pas de racisme mais de l’idée du racisme dans le sens où Frantz Fanon parle d’être « esclave de l’esclavage qui déshumanisa mes pères (39)  ». 
Kossi Efoui disait : « La meilleure chose qui puisse arriver à la littérature africaine, c'est qu'on lui foute la paix avec l'Afrique ! (40) ». BookTube est la preuve qu’il avait raison. Elle rappelle que le temps est venu pour la littérature africaine francophone de devenir résolument une littérature mondiale. Dans cette perspective, elle se doit dorénavant de se définir autrement que par le critère identitaire. Il lui faut également concevoir que des non Noirs peuvent la lire voire l’écrire (41) et accepter de s’ouvrir davantage à tous les genres. Bref, ce que nous dit BookTube, c’est que la littérature africaine francophone sera pour tous et par tous ou ne sera pas.
Une communication d'Abdoulaye Imoroupour le blog Chez Gangoueus
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(1) Cet article est écrit dans le cadre de la School of Languages Andrew Mellon Research Project de l’Université duGhana, Legon dont le titre est Language and Communication in Specific Domains: Negotiating Multilingualism and Constructing Identities.(2) Un booktube est une vidéo YouTube consacrée au monde du livre. Elle est tournée par un booktubeur. On parle de BookTube en référence à la communauté des booktubeurs. Sur ce point, on peut lire M. Haddow, Can BookTube be Classified as a Community?, projet de dernière année de licence sous la direction de Jeremy MacClancy, Oxford Brookes University, 2015. Les booktubes sont hébergées par YouTube qui est donc la véritable plateforme.Cependant, les booktubeurs s’étant créé un véritable monde qui leur permet de se distinguer du reste des youtubeurs, on peut, par abus de langage, parler de BookTube comme d’une plateforme.Pour une approche de l’histoire et des enjeux de BookTube et des booktubeurs, on peut consulter entre autres :Clémentine Malgras, BookTube, un genre médiatique de critique amateur en ligne à l’origine d’une médiation triviale de la littérature, mémoire de Master 2 sous la direction de Karine Berthelot-Guiet, Université Paris-Sorbonne, 2015. Les références à ce travail apparaitront dans le corps de l’article sous la forme CM suivie du numéro de page.(3) Gangoueus, « De l'esthétique de la critique littéraire à propos d'oeuvres afro sur Instagram », Chez Gangoueus. 18 novembre 2018. URL : http://gangoueus.blogspot.com/2018/11/de-lesthetique-de-la-critique.html.(4) Il y a bien des booktubeurs comme Minatag, Tchonté Silué, Christelle Ngoulou (To Tanga) ou encore les animateurs de la rubrique « Nos booktubeurs » de la chaîne YouTube de L’Harmattan Sénégal, mais il faut encore pouvoir les trouver. Voir respectivement les liens suivants : Le regard de Minatag :https://www.youtube.com/channel/UC0CqqdpMwG4l6v62Lq5NMHALes chroniques de Tchonté :https://www.youtube.com/user/tchonteTo Tanga. Les lectures afros :https://www.youtube.com/channel/UC0CqqdpMwG4l6v62Lq5NMHA ; 
L’Harmattan Sénégal:
https://www.youtube.com/watch?v=nRQqV5KKLdk.(5) Cocon de littérature, « Les chaînes à suivre », Cocon de littérature. Chroniques livres. Séries. Films, 8 mai 2017.URL : https://cocondelitterature.wordpress.com/2017/05/08/les-chaines-booktube-a-suivre/.(6) Voir par exemple : Chloe Johal, « Mon Avis sur le livre “Suivez- moi Emma Verde” », CJ Booktubeuse. 22 janvier 2017. URL : https://www.youtube.com/watch?v=m-XVMunrhq0(7) Voir, à titre d’exemple : Nathan, « Les mangas : une sous-culture ? Nani !? », Nathan pas de le lire ! 29 octobre 2018. URL : https://www.youtube.com/watch?v=hRFNUn0j0WE(8) Margaud Liseuse, « Vraie ou fausse littérature », Margaud Liseuse. 9 novembre 2015. URL : https://www.youtube.com/watch?v=saxfSU5mJHE.(9) Sur les enjeux de ce débat, on peut lire : Bernard Mouralis, (1975), Les contre-littératures, Paris, Hermann, 2011.(10) Les transcriptions des booktubes sont de moi. Il est possible que certaines soient approximatives.(11) Joe Sugg, Girl Onligne, Londres, Pinguin, 2014.(12) Nine Gormon feat. Bulledop, « Le BookTuber est-il légitime ? », Nine Gorman, 4 novembre 2016. URL : https://www.youtube.com/watch?v=DkAi4dPbau8.(13) Voir respectivement les pages d’accueil de Moody Take a Book(https://www.youtube.com/user/MoodyTakeabook/about), Lili bouquine(https://www.youtube.com/user/drawinthecity) et Le cahier de lecture de Nathan(https://www.youtube.com/user/NNathanou).(14) On peut trouver un échantillon plus représentatif de ce vocabulaire ici : Gaëlle, « Booktube : langage et chaînes àsuivre », Gaëlle ProfDoc. 21 février 2018. URL : https://gaelleprofdoc.wordpress.com/2018/02/21/booktube-langage-et-chaines-a-suivre/.(15) La Brigade du Livre, Les chroniques de Kilke, janvier 2015-juillet 2018, série de 11 épisodes. URL : https://www.youtube.com/watch?v=aTEQMYVfI9s&list=PL6ySNn3CeBceEh4o_GpD8JRAjw2AcV8xH&index=1.(16) PaulineZugmeyer, « Livres conseillés par les BookTubers », Sens Critique, 13 juillet 2017. URL : https://www.senscritique.com/liste/Livres_conseilles_par_les_Book_Tubers/1142305.(17) La vidéo n’est plus disponible, mais des extraits sont consultables à partir de booktubes postées en réaction dont : littlewolfreads, « Is BookTube racist?! �� ��  », Little Wolf Reads, 21 octobre 2018. URL : https://www.youtube.com/watch?v=W6DiReSphi8&t=204s.(18) littlewolfreads, « Is BookTube racist?! �� �� », op. cit.
(19) TheReadingOutlaw, « Entitlement, Race, and Booktube », TheReadingOutlaw, 22 octobre 2018. URL : https://www.youtube.com/watch?v=ZYHWtFkhTs0.(20) Stokely Carmichael, Charles V. Hamilton, Black Power. The Politics of Liberation, New York, Random House, 1967.(21) Francesco Ricci, Lior Rokach et Bracha Shapira (dir.), Recommender Systems Handbook, New York, Springer,
2015. (Second Edition).
(22) Alexis C. Madrigal, « How YouTube’s Algorithm Really Works », The Atlantic, 8 novembre 2018. URL: https://www.theatlantic.com/technology/archive/2018/11/how-youtubes-algorithm-really-works/575212/(23) Idem.(24) Elsa Mourgues, « Le racisme anti-blanc existe-t-il ? », Franceculture.fr, 10 octobre 2018. URL :https://www.franceculture.fr/societe/le-racisme-anti-blancs-existe-t-il.(25) Thug Notes, « Things Fall Apart - Thug Notes Summary and Analysis », Thug Notes: Classic Literature, OriginalGangster, États Unis, Wisecrack, Saison 2, episode 16, 4 mars 2014. URL: https://www.youtube.com/watch?time_continue=19&v=0_xtOMiW0ys.(26) YouTube Originals, « BookTube | A Discussion With Michelle Obama », YouTube Originals, 19 mars 2019.URL: https://www.youtube.com/watch?v=3tBFW8nw8_o(27) Francesca Butt, « Who Should Write African Fiction? », R :ED. Right For Education, 17 avril 2019. URL : https://rightforeducation.org/2019/04/who-should-write-african-fiction/?fbclid=IwAR2ysJ1e9tCYqhCzBY0b4yp89WX8r2RkadAt1cD1s55CEDQvGbG4QlHav3E.(28) Brown Girl Reading, « White Authors Writing About the Black Experience », Brown Girl Writing, 13 février 2014. URL : https://www.youtube.com/watch?v=va0KF5fmP4M&fbclid=IwAR0buwlgDi6vqrYrYY_WKBWDSLnNPecytsM5e9KeGfFzix47aofBtEF5O-0.(29) Francina Simone, « �� Booktube SUCKS at Diversity ���� | Blackathon Readathon », Francina Simone, 5 janvier 2019. URL: https://www.youtube.com/watch?v=g0qTV5KztSg.(30) Jessica Grixti Stanley, « BookTube’s Not-So-Diversity Dilemma », The Fifty Percent Review, 25 février 2019.URL: https://thefiftypercentreview.com/2019/02/25/radical-centrism/.(31) Minatag, « [Noël] Idées cadeaux livresques - part1 », Le regard de Minatag, 12 décembre 2016. URL : https://www.youtube.com/watch?v=vFpSYRPtt90.(32) Les textes africains peuvent être très drôles ou plutôt ironiques et caustiques. Cependant, ils ne donnent pas lieu à plaisanteries dans le sens où ils semblent régis par une sorte de loi tacite qui oblige à les considérer avec un respect de type religieux. Tout se passe comme si les sujets abordés étant graves, on demandait au lecteur de l’être aussi.(33) Tara Lennart, Bookalicious, 13 avril 2013-en cours. URL : https://www.youtube.com/channel/UC9ndSFVX96zI44yfR1rXV6g.(34) Lydie Moudileno, « L’invention du romantique », Africultures, 14 juin 2005. URL : http://africultures.com/linvention-du-romantique-3816/.(35) Tchonté Silué, « À la rencontre de l'écrivaine Grâce Minlibé », Les chroniques de Tchonté, 15 septembre 2018.URL : https://www.youtube.com/watch?v=P_oGI8k9RgI.(36) Grâce Minlibé, Tristesse au paradis, Abidjan, Valesse. 2017(37) Gangoueus, « De l'esthétique de la critique littéraire à propos d'oeuvres afro sur Instagram », art. cit.
(38) Lebonbonaucassis, « J'ai lu Interfeel, et c'était cool ! », Lebonbonaucassis, 4 juillet 2018. URL : https://www.youtube.com/watch?v=zRuI3mILtQ4.(39) Frantz Fanon, (1952), Peau noire, masques blancs, Paris, Seuil, coll. « Points », 1971, p. 186.(40) Jean-Luc Douin, « Écrivains d’Afrique en liberté », Le Monde, 22 mars 2002.(41) Abdoulaye Imorou, « Localiser le champ littéraire africain : les territoires et le lieu », Nottingham French Studies, vol. 55, n° 3, 2016, p. 313–327 ; p. 327.