Chambres d'amies, film de Raluca Bunescu

Publié le 24 juin 2019 par Onarretetout

Le pluriel du titre peut laisser croire qu’il s’agit de quatre amies, mais rien dans le film ne permet de penser qu’elles se connaissent. Les images n’en montrent que les gestes, jamais les visages. Chacune raconte comment elle en est arrivée là, dans ce logement, chambre ou appartement, à Paris ou en proche banlieue, et seule.

Nous ressentons cette solitude par différents moyens : les gestes de mains qui ne rencontrent personne, qui déplacent des objets, les voix que n’accompagne aucune musique, aucune question. Et le temps qui prend toute la place : le temps long d’une attente désespérée, le temps douloureux d’un espace devenu vide, le temps inquiet d’une installation dans une ville inconnue, le temp actif d’un chantier d’appropriation. La discrétion de la réalisatrice nous place dans une position amicale. Ces jeunes femmes, âgées d’un peu plus de trente ans, vivent une transition dans leur vie, et chacune la vit à sa manière, avec son passé, avec sa façon de se projeter dans l’avenir. 

Dans chaque chambre, chaque appartement, la réalisatrice montre l’espace où il y a des livres. Je n’y ai pas fait très attention dans la première chambre ; j’ai accepté l’idée, dans le second appartement, que les étagères faisaient partie du décor ; mais dans le troisième appartement, m’est revenu le texte de Leslie Kaplan, que j’ai présenté hier dans ce blog : « On pense avec des livres, des films, des tableaux, des musiques, on pense ce qui vous arrive, ce qui se passe, l’Histoire et son histoire, le monde et la vie… » (Les outils)