Golden slumber (2018) ★★★☆☆

Par Olivier Demangeon @critiks_moviz

Un livreur doit fuir, se cacher, et même survivre quand il est faussement accusé d'avoir assassiné un candidat à la présidence dans un attentat à la bombe.

" Goldeun Seulleombeo " (골든 슬럼버), " Golden Slumber " pour la distribution internationale, est un thriller d'action datant de 2018, réalisé par Noh Dong-seok, qui signait là son premier long-métrage. Ce film est basé sur un roman japonais du même nom écrit par Kōtarō Isaka. Les acteurs principaux sont Gang Dong-won, qu'on a pu voir dans " 1987: When the Day Comes " (2017), Kim Eui-sung, qu'on a pu voir dans " " (2018), Kim Sung-kyun, qu'on a pu voir dans " " (2017), Kim Dae-myung, qu'on a pu voir dans " The Last Princess " (2016), Han Hyo-joo, qu'on a pu voir dans " Illang: The Wolf Brigade " (2018), et Yoon Kye-sang, qu'on a pu voir dans " The Outlaws " (2017).

" Golden Slumber " nous emmène dans le thriller d'action puis bascule dans le mélodramatique, avec une grosse dose de sentimentalisme pubère facile et complaisant. Le scénario concocté par un trio formé de Lee Hae-jun, de Cho Ui-seok et de Noh Dong-seok, offre un démarrage très attractif puis bascule dans la simplicité et perd considérablement de substance. L'attentat à la voiture piégée est particulièrement spectaculaire, et les course-poursuites qui s'en suivent sont superbement bien orchestrées. Et finalement, à bien y réfléchir, l'antagoniste du récit n'est autre que le monde politique et celui des médias. Deux entités qui fonctionnent souvent de paire. Le premier cherchant systématiquement à manipuler le second afin de contrôler les citoyens.

La première partie de " Golden Slumber " est particulièrement dynamique et captivante. Un livreur se retrouve au cœur d'un complot orchestré par une organisation gouvernementale, sans qu'elle ne soit jamais clairement citée. On imaginer qu'il s'agisse du N.I.S. (National Intelligence Service) ou de quelque chose de similaire. Un des candidats à l'élection présidentielle est tué dans un attentat à la bombe. Les indices récoltés par les services de police pointent tous dans la direction de Kim Gun-woo ( Gang Dong-won), le livreur de colis. Ce dernier avait récemment acquis une renommée inattendue en sauvant une pop star.

L'ensemble des médias couvre l'enquête, et le visage de Gun-woo est à la une partout, et il lui devient difficile de se cacher, de se déplacer. Il va recevoir l'aide inattendue de Mr. Min ( Kim Eui-sung), un homme mystérieux, qui semble bien connaître le mode de fonctionnement des services spéciaux. Mais, ce qui se présente comme une chasse à l'homme d'un suspect accusé à tort, comme le fut jadis " The Fugitive " (1993), ainsi que sa suite " U.S. Marshals " (1998) avec Tommy Lee Jones dans l'un des rôles principaux, devient un drame sentimentaliste.

Plusieurs anciens camarades de lycée vont venir en aide, plus ou moins maladroitement, à Gun-woo. On retrouve ainsi Dong-gyu ( Kim Dae-myung), désormais avocat spécialisé en divorce, va apporter des pistes de réflexions sur l'aspect juridique de l'affaire, tout en œuvrant auprès des médias en vue d'innocenter son ami. Il y a également Sun-young ( Han Hyo-joo), aujourd'hui journaliste radio, qui fut le premier amour de Gun-woo. Mais il y a également Moo-yeol ( Yoon Kye-sang), qui joue un double jeu, prétendant apporter son soutien à Gun-woo, mais plus intéressé par la prime en cas de capture. L'ensemble de ces personnages permettent à Noh Dong-seok, le réalisateur, de proposer des flashbacks où l'on peut découvrir les relations qu'ils avaient durant leur période lycéenne, et de nourrir les regrets du personnage principal sur la dissolution brutale de leur groupe de musique.

Les valeurs de production sont nettement au-dessus de la moyenne, ce qui est souvent le cas avec les métrages coréens de ces dernières années. La photographie orchestrée par Kim Jung-wook et Kim Tae-sung est plaisante, les scènes d'actions sont rondement menées, les effets spéciaux sont relativement réalistes, que ce soient les explosions comme les fusillades. Il y a un certain nombre de séquences tendues, comme celle dans les égouts. La bande musicale proposée par Kim Tae-seong vient parfaitement s'harmoniser avec le récit. Ce dernier est loin d'être un inconnu puisqu'il a déjà été à la baguette sur des métrages comme " Fabricated City " (2017), " 1987: When the Day Comes " (2017) ou plus récemment sur " Svaha: The Sixth Finger " (2019). Enfin, Shin Min-kyung fait ce qu'il peut au montage, mais de mon point de vue, le déséquilibre dans le film tient plus des choix du réalisateur, qui s'attarde sur l'aspect sentimentaliste que le personnage principal nourrit par rapport à son passé.

En conclusion, " Golden Slumber " est un thriller d'action correct disposant d'une histoire qui est parasitée par un excès de sentimentalisme. L'intrigue est complexe et le développement est mal équilibré. Le rythme est soutenu dans la première partie pour s'enliser dans la seconde, au fur et à mesure que l'intrigue s'entortille. Le récit manque de fluidité et la narration est ponctuée de flashbacks. La photographie est plaisante, la bande originale est attractive et l'édition peine à nous maintenir captivés tout au long du film. La distribution offre de bonnes prestations, mais certains personnages sont médiocres. L'ensemble laisse un goût de regret, notamment en raison d'une prémisse prometteuse...