Morgan Audic – De bonnes raisons de mourir

Par Yvantilleuil

Ce deuxième polar du Breton Morgan Audic débute par la découverte d’un cadavre atrocement mutilé, suspendu à la façade d’un bâtiment de Pripiat, à la vue des touristes venus visiter l’endroit. La victime, Léonid Sokolov, n’est autre que le fils du petro-oligarque Vektor Sokolov, ancien ministre de l’énergie en 1986. Le capitaine de police Joseph Melnyk et sa jeune collègue, Galina Novak, fraîchement sortie de l’académie de police, sont chargés de résoudre l’affaire. En parallèle, le père de la victime engage l’inspecteur de police moscovite Alexandre Rybalko, originaire de Pripiat, afin d’enquêter à titre privé sur le meurtre de son fils. Surtout que le riche industriel est convaincu que l’assassin est le même que celui de sa femme, assassinée de manière à peu près similaire trente ans plutôt dans la même ville… le 26 avril 1986… date profondément ancrée dans la mémoire collective… celle de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl !

La grande originalité de ce polar est qu’il se déroule en Ukraine, aux abords de la centrale nucléaire de Tchernobyl. Outre le fantôme de cette catastrophe qui continue de hanter le quotidien des personnages et la menace invisible permanente d’une radioactivité qui continue d’affoler les dosimètres, ce décor de ville abandonnée insuffle également une ambiance post-apocalyptique angoissante à l’ensemble. Si ce roman ne manquera pas de faire exploser la consommation de pastilles d’iode, il dresse également le portrait d’une Ukraine déchirée par les conflits, gangrénée par la corruption et noyée dans la vodka.

L’intrigue n’est pas en reste car le lecteur a non seulement droit à une enquête qui se déroule sur deux époques, l’une de nos jours et l’autre quelques instants après l’explosion de la centrale nucléaire, mais également à deux policiers aux motivations diamétralement opposées, qui traquent le tueur en parallèle. Ajoutez à cela des personnages attachants et profondément humains, dont on découvre progressivement les faiblesses, les qualités et les attentes, ainsi qu’une intrigue menée de main de maître, et vous obtenez un thriller prenant et maîtrisé de bout en bout.

Un excellent polar qui, à l’instar du « Yeruldelgger » de Ian Manook, propose une excellente intrigue, tout en emmenant le lecteur dans des contrées qu’il n’a pas l’habitude d’explorer…

De bonnes raisons de mourir, Morgan Audic, Albin Michel, 496 p., 22,90 €

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