Anthony Abbasse, la fierté du karting français

Publié le 14 août 2019 par Etvsport @etvsport

Si pour vous le karting ne représente qu'un hobby occasionnel ou encore une activité indissociable d'un enterrement de vie de garçon, ou EVG comme le veut la société actuelle, alors vous n'avez sans doute jamais entendu parler d'Anthony Abbasse. Et pourtant la France peut se gargariser d'avoir l'un des meilleurs pilotes sur son territoire. En effet, à 29 ans, Anthony a décidé d'embrasser une carrière de professionnel de karting chez son employer de toujours, Sodikart. Une écurie, basée à Nantes, qui est tout simplement leader mondial dans l'industrie du karting. De ce fait, Beside Sport a décidé de mettre son projecteur sur le karting et sur son meilleur représentant en France, Anthony Abbasse !

Anthony, comment et à quel âge se retrouve t-on pour la première fois dans un kart ?

J'ai commencé le kart à 7 ans, comme tout le monde, dans un karting de location et cela m'a beaucoup plus. Puis mon père a pris le risque de m'acheter un kart d'occasion et je suis allé dans un petit club. Je me suis alors entraîné sur des pistes de mon côté car à mes débuts, il n'y avait pas encore de compétitions régionales ou nationales. On pouvait juste faire des " démonstrations " entre 12 et 14h lors des compétitions. C'était entre copains et on s'amusait énormément. Et après 10 ans, j'ai enfin pu débuter les compétitions.

On assiste souvent au fantasme du père qui veut faire de son fils un champion de course automobile et qui le met très jeune dans un kart, était-ce le cas avec ton père ?

Honnêtement mon père a toujours cru en moi et m'a toujours vu au plus haut mais il a également toujours eu cette délicatesse de ne pas me mettre la moindre pression. Pour lui, je devais avant tout prendre du plaisir. Sa démarche était réellement bienveillante avec moi et si j'avais voulu arrêter le kart du jour au lendemain, il n'y aurait eu aucun problème. Pour conclure, cela devait être ma passion et ma motivation et non pas la sienne à travers moi.

As-tu le souvenir de la première sensation que tu as eu sur un kart ?

Forcément, c'est la vitesse ! Mais aussi d'être assis, d'appuyer sur la pédale de droite, d'avancer, de voir les images qui défilent, le bruit, les vibrations,...c'est tout de suite ce qui impressionne. Encore aujourd'hui, je ressens encore tout cela !

Comment arrivais-tu à combiner ta passion du karting à l'école ?

Cela n'a pas toujours été très simple. Malgré tout, j'ai réussi à aller jusqu'au BTS et ensuite l'équivalence d'une licence. Mais cela a été délicat car j'avais beaucoup d'absences du fait que sur les meetings, on partait dès le mercredi. Le vrai moment où cela s'est avéré très très délicat, c'est lors de mon arrivée au lycée. C'est à cette période là que les compétitions internationales ont débuté et j'ai dû quitter la structure normale et aller dans une structure où ils avaient déjà pas mal de sportifs. Du coup, le lycée était plus indulgent par rapport à mes absences et j'ai aussi eu la chance d'avoir des amis qui m'ont aidé pour rattraper mes courts mais aussi m'expliquer.

Honnêtement, j'étais plein de bonne volonté, je me disais que j'allais amener mes cours en compétition et que j'allais bosser le soir mais c'était très compliqué car on n'a pas du tout la tête à cela. J'étais à 100 % dans ma compétition et je ne pouvais me concentrer sur rien d'autre. En soit, je n'avais rien contre l'école mais j'aimais surtout mon sport. Et je savais pertinemment qu'il n'y avait pas de karting sans école, c'était la volonté de mon père. Aujourd'hui, je le remercie car je pense avoir un cursus scolaire correct. Et puis dans notre société, quelque soit notre travail, c'est incontournable de savoir bien écrire, bien parler et bien compter, ce sont les choses basiques mais aussi réfléchir et analyser. Sans ma passion du karting, j'aurais sûrement aimé faire une école de commerce ou d'ingénieur mais j'ai fait le choix du sport.

Et avec tes camarades de classe, ça se passait comment ?

Eux, ça les faisaient rire car à peine j'étais quelques jours en classe que je repartais pour une course. Souvent la période où il y avait les championnats du monde, c'était septembre et du coup, je faisais la rentrée, c'est-à-dire un jour, et ensuite je revenais que fin septembre. J'avais loupé 3 semaines et forcément, les clans et les groupes d'amis étaient déjà faits et au milieu de tout cela, je devais faire ma place et ce n'était pas toujours évident. Heureusement, la période hivernale était calme niveau sportif donc je pouvais rééquilibrer tout cela.

A partir de quel âge les meilleurs kartmen sont-ils repérés pour passer en monoplace ?

Souvent, on commence à faire attention aux pilotes, à partir de 13-14 ans et aujourd'hui, les pilotes passent en monoplace à partir de 15 ans. C'est un peu tôt à mon sens mais la pyramide est faite de cette manière. Une nouvelle règle instaure le fait que l'on ne peut pas aller en F1 à moins de 18 ans, qui je trouve est assez justifiée. Je pense qu'il ne faut pas brûler les étapes et il faut faire les choses correctement.

C'est sûr que beaucoup de jeunes rêvent de la Formule 1 et essaient de passer en monoplace le plus vite possible sauf qu'ils ne vont pas au bout des choses lors de certaines étapes et ce manque d'expérience, ils le paient par la suite. Après, il y a des surdoués qui arrivent à sauter ses étapes, c'est le même principe qu'un surdoué à l'école sauf que ce n'est pas le cas de tout le monde. Si on prend l'exemple d'un surdoué, à savoir Max Verstappen, avec qui j'ai roulé quand il avait 15 ans, il était beaucoup plus fort que moi...mais c'est un cas à part !