Blonde & Idiote Bassesse Inoubliable***********************Dummy de Portishead

Publié le 17 août 2019 par Hunterjones
Chaque mois, vers le milieu, je vous parle musique, tout comme je le fais pour le cinéma, dans les 10 premiers jours, et comme je le fais pour la littérature, dans les 10 derniers, trois de mes plus intenses passions.
Je pige dans ce qui m'a le plus touché et tente de le faire à mon tour avec vous.
Le titre de la chronique mensuelle est inspiré de 4 albums dont j'ai tellement écouté les contenus que j'en connais toutes les notes, les harmonies, les nuances, parties intégrantes de mon ADN.
Par ordre de création:
Blonde On Blonde de Bob Dylan
The Idiot d'Iggy Pop
Low de David Bowie
The Unforgettable Fire de U2

B.I.B.I, c'est bibi, moi. C'est aussi la terminaison du mot habibi qui veut dire en dialecte irakien Je t'aime.
Musique, je t'aime.
DUMMY de PORTISHEAD
1994.
Le grunge sévit. Je savoure peu du grunge. Je suis plutôt axé vers le jazz et Tom Waits. Je ne boirai pas souvent à l'autel du grunge. Portishead, Beth Gibbons à la voix, Geoff Barrow, au piano Rhodes, à la batterie, aux arrangements de cordes et à la programmation, Adrian Utley, à la guitare, à la base, aux arrangements de cordes, à l'orgue Hammond et à la thérémine, tous à la très lêchée production, viennent me chercher par l'oreille.

FOR-MI-DA-BLE. Je serai séduit de partout. Dans le bruit des 4 accords de grunge de garage, dont mes oreilles semblent avoir passé l'âge d'endurer, se glissera leur son fameux, croisé de trip hop, qui deviendra caractéristique du "son de Bristol". Duquel Massive Attack est aussi issu. Avec le même talent.
Sublime premier album, (mais somme toute, assez triste), son beat assez lent et langoureux, son blues clairement né ou cousin de Massive Attack, avant-gardiste, ambiant, organique et atemporel,  il sera assez champ gauche dans l'univers du grunge de 1994.

Je travaille dans un magasin de musique alors l'album ne me coûte pratiquement rien. Et je l'écouterai tant en boucle qu'il sera invendable dans les magasins d'usagés dans le futur, parce que trop...usagé.
L'album ouvre en donnant le ton de la trame sonore de film d'espionnage sombre et mystérieux. Geoff Barrow est nettement inspiré, au parfum hip hop et Beth Gibbons est en mode confession. Batterie militaire au menu.
Échantillonnant The Danube Incident de Lalo Schifrin et Spin it Jig de Smokey Brooks, la seconde pièce offerte sur la galette sera le second single, mais le sans contredit gros hit.  Le titre, "temps amer", aurait pu être le titre de mon année 2009. Un peu James Bond dans la livraison sonore. Toujours très bon. Afin de se dénicher un contrat de disque, Portishead avait tourné un court métrage très stylé et en avait composé la trame sonore pour donner le mood du band. Ils font un clin d'oeil à cet univers dans leur clip pour Sour Times.
La chanson suivante échantillonne la formation jazz canadienne Weather Report. Il y a même un petit moment Disney de suspension musical fort intéressant à quelques reprises. La lourde batterie Clive Deamer, formidable sur cet album et présent sur 7 des 11 morceaux, est la star directionnelle du morceau.

En mode plus doux, on poursuit avec une batterie qui sera maintenant programmée par Richard Newell. Il y a presque des échos de l'excellent Sade dans certains de leurs morceaux. Comme dans celui-là.
Dans le cinquième morceau, on échantillonne  Magic Mountain de War. Ce qui fascine l'oreille est la soignée tapisserie sonore qui offre à la fois du sombre, du tendre et une certaine audace. Fallait être drôlement baveux pour offrir ça contre des Nirvana, Red Hot Chili Peppers ou Pearl Jam.
J'aime beaucoup la pièce suivante, très cinématographique et un brin gospel. Qui est généralement pas un style qui me plait. L'orgue probablement donne cet onde dominicale. Gibbons offre de l'élégance et de la finesse.
On a lancé le morceau suivant comme premier single mais il ne fera pas mouche. Le thème est politico-sombre. On y parle d'isolement et de douteuses méthodes d'interrogation laissant dans de drôles d'état.
Parlant d'état, rien n'est plus beau et ne nous place dans un meilleur état de luxure que Roads, sur lequel on peut faire bien du chemin. Cette pièce me bouleverse chaque fois. Le morceau, amené musicalement tout en petite couche subtile laisse Beth nous transporter au volant de la grâce musicale. Repris dans plusieurs films.

Pedestal confirme que la pop, le trip-hop, le jazz, l'ambient peuvent co-habiter guidée par une voix féminine bien articulée. Claustrophobique et si ouvert sur un monde de possibilités en même temps.
L'avant-dernier morceau échantillonne Johnnie Ray. L'espace sonore créé par le band a quelque chose de curieux. Comme une lumière bleutée dans la nuit noire. Très agréable comme mise en place pour un vampire comme moi.
Le dernier morceau est aussi le dernier single lancé afin de promouvoir leur premier disque. La chanson a été surutilisé dans plusieurs films, et publicités, ce qui confirme l'effet visuel que stimule leur son. On échantillonne le sensuel Isaac Hayes. On termine très sexuellement. Lascif.

Pour amateur d'ambiances, de planant, de slowbeat blues, de trip hop, de pop, de musique de films, de trame d'espionnage, de sensualité, de modernité sonore à saveur urbaine, de Massive Attack, de Bristol sound.
Parfaite trame sonore pour nuit pleine de mystères...