Sa Majesté, la Mouche

Publié le 22 août 2019 par Le Journal De Personne
Les temps ont changé. Les hommes se font vieux, ils commencent à prendre la mouche... au sérieux. De plus en plus et de mieux en mieux.

La mouche n'est plus un objet mais un sujet de droit. Elle est même susceptible d'être protégée par une Loi qui nous interdit de la chasser, de l'écraser ou de la pulvériser. Les petits sadiques ne sont désormais plus autorisés à abuser d'elle en toute impunité... de lui crever un œil, de lui arracher ses ailes, ou de lui couper les pattes pour prendre son pied.

La Loi ordonne de la laisser être, de cesser de l'offenser, de la blesser ou de la menacer... le passé est dépassé... il faut la laisser vivre en paix, immigrer là où elle a envie d'immigrer, exister bon gré, mal gré notre souveraine volonté... silence ! Taisez-vous... je voudrais entendre voler cet être sensible qui vient juste de conquérir sa liberté ou d'acquérir le droit d'exister.

Sa majesté la mouche vient juste de passer après avoir goûté à mon goûter sans mon autorisation, s'il vous plaît. Elle a un laissez-passer.

Peut être à cause de sa fragilité, de sa vulnérabilité... ou de sa divinité.

Ça peut vous paraître saugrenu, mais dans toute deep ecology, il y a une part de théologie. On ne l'atomise plus, on la divinise comme tout être qui peut souffrir et qu'on n'a aucune bonne raison de le faire mourir... si ce n'est pour rire, assouvir notre désir ou imposer notre bon plaisir, celui de nuire pour nuire... de retirer la vie à tous ceux qui ne peuvent exprimer leurs avis.

Plus question de la capturer ou de la torturer. Il faut la reconsidérer, la prendre en considération, parce qu'elle fait partie de la vie... sa disparition pose problème à notre écosystème.

La Nature n'a point d'unité en dehors de cette diversité. Tous les êtres ont droit de cité, n'en déplaise à notre penchant pour l'adversité. Le plus beau, c'est qu'il n'y a pas un seul être de trop... pour tous, c'est toujours la mort qui aura le dernier mot.

Je me dis, à quoi bon la lassitude pour des êtres voués à la finitude... la mouche ne fait que passer. Mais vous aussi ! C'est ainsi et pas autrement. C'est la vie. On peut dresser des barrières, la noyer en mer ou l'exploser en l'air, on ne réduira pas pour autant notre misère ; la pauvreté de notre jugement, la cécité de notre faculté de discernement.

Sa Majesté le Moi doit céder sa place à sa Majesté la Mouche, si elle ne veut pas se retrouver tôt ou tard sur la touche.

Pour nous gâcher la fête, certains prétendent que les mouches transmettent certaines maladies mais certainement pas les plus mortelles que les hommes sont les seuls à transmettre et parmi lesquelles on peut citer : la cupidité et la compétitivité.

Disons : le manque de lucidité qui n'est tout compte fait qu'un manque de générosité.

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