Un putain de salopard, T1 : Isabel

Par Belzaran

Titre : Un putain de salopard, T1 : Isabel
Scénariste : Régis Loisel
Dessinateur : Olivier Pont
Parution : Avril 2019


Une nouvelle série de Loisel, c’est toujours un événement. Pour « Un putain de salopard », il laisse le dessin à Olivier Pont pour s’occuper uniquement du scénario. Avec un tel auteur aux commandes, une couverture magnifique et un titre accrocheur, « Un putain de salopard » a tout pour être un best-seller. Mais qu’en est-il dans les faits ? Paru chez Rue de Sèvres (qui sait décidément s’attirer les gros auteurs), le premier tome s’intitule « Isabel ».

Deux photos pour deux pères possibles

Max a perdu sa mère. Cette dernière avait toujours refusé de lui parler de son père, rencontré au Brésil. En retrouvant deux photos d’époque, Max espère, en retournant sur place, retrouver ses origines. Le problème : sur chaque photo il y a un homme. Mais lequel est son père ? L’un d’eux est, justement, un putain de salopard…

Le postulat de départ, sur la recherche des origines, est intéressant et le livre démarre sur cette première recherche. Max, aidé par trois femmes rencontrées sur le chemin, obtient rapidement des informations. Mais dès qu’il va falloir s’approcher des camps forestiers, tout dérape…

Ce premier tome fait 80 pages et se révèle assez dense. En effet, à partir de la moitié, les personnages se séparent et on suit deux histoires en parallèle, bien que liées. Le tout est bien ficelé, assez crédible, et la bascule vers l’horreur fonctionne. Malgré tout, l’ouvrage se révèle parfois un peu bancal. Si le début a un côté un peu insouciant, avec de l’humour, cela fonctionne forcément moins bien dès que les actes se compliquent. Ainsi, alors que les filles prennent en épaisseur, Max devient pénible et peu intéressant. Avec son histoire, cela ne devrait pas rester ainsi, mais certains passages semblent vraiment inutiles et lourds.

Quelques lourdeurs sont également à noter dans les dialogues. Ainsi, Max, à peine arrivé raconte l’histoire de sa mère décédée et qu’il cherche à retrouver son père. Il y a des facilités utilisées, façon « le personnage vous raconte l’histoire » qui manque de subtilité. C’est dommage. Cela disparaît un peu lorsque le récit se fait plus dur, mais la narration, au niveau du texte, mériterait plus de non-dits parfois.

Au niveau du dessin, c’est Olivier Pont qui s’y colle. C’est du travail classique, avec un dessin semi-réaliste, presque caricatural dans certaines cases. C’est beau et dynamique, adapté au propos. Je trouve cependant que le côté excessif de certains visages, parfois, ne conviennent pas au propos. Parfois, c’est un peu too much. Mais globalement, c’est une belle découverte. Les plans sont variés et efficaces et servent bien la narration. Difficile de ne pas dire un mot des couleurs de François Lapierre qui, dans les tons verts et orangés, donnent toute l’ambiance de ce Brésil tropical.

En relisant la bande-dessinée pour la chroniquer, je me suis aperçu que l’action est située en 1972 au Brésil. Je l’ai lu comme un ouvrage contemporain en Guyane… Tout le monde est francophone… Et quand les filles rencontrent un belge, il leur parle avec un simili anglais ?! C’est très étrange, mais j’espère que l’époque et le lieu auront un vrai sens plus tard car pour le moment on ne comprend pas trop l’intérêt.

« Un putain de salopard » est de la bonne BD d’action/aventure/polar, appelez ça comme vous voulez. C’est dépaysant, le dessin est au niveau, les personnages hauts-en-couleur et l’histoire pleine de promesses. Ce n’est par contre pas un chef d’œuvre. On attendra donc la suite pour voir ce que vaut réellement cette histoire. En espérant que le rythme une fois lancé ne faiblira pas.