Éducation : Plus ça change plus c’est pareil

Publié le 16 juillet 2008 par Magazinenagg
Dans son texte Nathalie Collard constate que le taux de réussite des élèves du secondaire est décevant. Seulement 60 % des élèves obtiennent leur diplôme après cinq ans. Elle souhaite que la série de mesures adoptées par la ministre Courchesne corrigent cette situation catastrophique.
En réponse à l’interrogation de Mme Collard je me suis posé les questions suivantes :
  • Est-ce que les mesures proposées par la ministre Courchesne réduiront la ratio élèves/professeur? Non;
  • Permettront-elles d’embaucher plus de spécialistes? Non;
  • Imposeront-elles l’abolition de la clause d’ancienneté dans les conventions collectives? Non;
  • Réduiront-elles la bureaucratie au profit de la responsabilisation des directeurs d’école, des professeurs et des parents? Non;
  • Permettront-elles plus de compétition entre les écoles? Non;
  • Etc.

Finalement, je dois conclure que les mesures annoncées par la ministre Courchesne ne changent rien de fondamental. Ce sont des mesures superficielles visant à calmer la grogne populaire. Au mieux, dans dix ans nous ferons les mêmes constatations ou pire, le taux de réussite sera encore plus bas.
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Le lundi 07 juillet 2008
Des résultats décevants
Nathalie Collard
La Presse


Le taux de réussite des élèves du secondaire est décevant. Selon les statistiques rendues publiques la semaine dernière par le ministère de l’Éducation, 60% des jeunes Québécois réussissent leurs études secondaires après cinq ans. Après sept ans, ce taux grimpe à 72%. C’est trop faible.

Il n’est pas question d’être alarmiste, mais plutôt réaliste. Au cours des dernières années, le taux d’obtention du diplôme secondaire au Québec n’a pratiquement pas bougé, oscillant autour de 60%. On le déplore chaque année mais rien ne change. C’est le plus inquiétant.

Quand on compare les données québécoises avec celles des pays de l’OCDE, on se désole. En Norvège, comme en Allemagne ou en Finlande (oui, encore la Finlande!) les taux de réussite oscillent tous autour de 90%. On ne parle pourtant pas de planètes lointaines peuplées de surdoués, mais bien de pays développés, comme le Canada, avec des enfants et des écoles qui ressemblent grosso modo aux nôtres. Qu’est-ce que ces pays ont compris que le Québec ne comprend toujours pas?

En entrevue à La Presse en février 2007, le pédagogue français Philippe Meirieu remarquait que nos pays avaient démocratisé l’accès à l’école, mais pas la réussite scolaire. Cette analyse est tout aussi pertinente aujourd’hui. Au Québec, cela s’est traduit par un nivellement par le bas et une obsession de «faire passer» tous les élèves, alors que des pays comme la Finlande ont fait de la réussite scolaire leur priorité. En outre, ils mettent l’accent sur la formation des enseignants. Or, toujours selon M. Meirieu (ainsi que bon nombre de spécialistes en éducation), la qualité de l’enseignant compte pour beaucoup dans la réussite de l’élève. Au Québec, on l’a souvent répété au cours des dernières années, la formation des enseignants doit être améliorée. En outre, ce sont souvent les classes d’enfants difficiles, en zones défavorisées, qui héritent des enseignants néophytes. Ce cocktail élève difficile-enseignant inexpérimenté ne peut pas donner de bons résultats. Les enfants éprouvant des difficultés ont plutôt besoin de la crème des enseignants pour réussir.

Au cours de l’année scolaire qui vient de se terminer, la ministre de l’Éducation, Michelle Courchesne, a adopté une série de mesures qui, sur papier du moins, semblent cohérentes avec l’objectif de la réussite : aide aux devoirs, aide aux enfants en difficulté, possibilité de redoubler si on rate son année scolaire, etc.

Il faudra attendre quelques mois, voire quelques années, pour constater l’efficacité véritable de ces mesures. D’ici là, rien n’empêche d’explorer d’autres voies afin de maximiser les chances de réussite des élèves québécois.

Une étude récente réalisée par un groupe de chercheurs de Washington a démontré que les initiatives gouvernementales, seules, ne sont pas suffisantes pour régler les problèmes de l’école et que les initiatives non gouvernementales peuvent faire une différence.

Une de ces initiatives, fort originale, est saluée ces jours-ci aux États-Unis : il s’agit de l’organisme Teach for America, une banque de candidats qui recrute les diplômés les plus brillants des collèges américains et les envoie enseigner durant deux ans dans les écoles les plus défavorisées du pays. Le principe du service miliaire appliqué à l’éducation, en quelque sorte!

Ces étudiants ne désirent pas tous faire carrière en enseignement, mais ils désirent aider. Ils sont choisis pour l’excellence de leur dossier d’études et parce qu’ils peuvent représenter un exemple positif aux yeux des élèves en difficulté. Bien sûr, Teach for America n’a pas réglé tous les problèmes de décrochage de l’école américaine. Le programme est l’objet de critiques positives ET négatives. Il a toutefois permis de stimuler la motivation des jeunes qui en ont bénéficié. On a également observé une amélioration des résultats en maths et en sciences dans des écoles qui avaient bénéficié du programme.

Bref, l’idée est audacieuse. Pourquoi ne pas s’en inspirer et offrir une prime aux meilleurs enseignants du système qui accepteraient d’aller travailler un minimum de deux ans dans une école réputée pour ses faibles résultats? Face à nos piètres taux de réussite au secondaire, cette idée devrait être explorée.