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Publié le 05 octobre 2019 par Modotcom


solitude
ou multitude
j'y pense de plus en plus
j'ai toujours été une personne grégaire
j'ai fait vingt-et-un partys d'huîtres
réunissant entre trente et cent personnes
selon l'année
j'ai organisé des lunchs de fête
pendant des années avec les collègues de l'époque
je recevais la gang
lorsque mes flos étaient petits
j'ai fait du canot-camping en groupe
j'ai fait moultes sorties sociales
et j'ai même dormi dans un dortoir au camp de pêche
bref je n'ai pas peur de la compagnie
mais avec le temps
j'aime de plus en plus être seule
d'abord parce que j'abhorre l'organisation
et la logistique que la compagnie nécessite
et que ma vie actuelle permet moins l'impromptu
peut-être sont-ce les signes que je vieillis
aussi mal qu'ue vieille fille
dont on ne peut bousculer les habitudes
mais j'aime plutôt penser
romantiquement
que c'est parce qu'ensuite la vie m'impose
des moments où je dois absolument
me retrouver en tête-à-tête avec moi-même
pas de virée d'une semaine entre amis
jamais de voyage organisé
pas de souper de gang
ne me dérangez pas
je n'en veux pas
je ne supporte que le bruit de mes pas
et celui de ma respiration
or
la littérature sur le vieillissement
préconise que notre vie sociale et affective
soit bien remplie
et la vie de mes parents en est un bon exemple
il ne se passe pas une journée
où ils ne rencontrent pas un voisin
un partenaire de billard
ou une trâlée d'amis
du book club de la chorale
de la promotion d'université
d'anciens emplois
leur vie est riche
à cause des gens qu'ils fréquentent
quant à moi je n'ai pas besoin de cette compagnie
parce que je socialise quotidiennement au travail
et jusqu'à récemment à l'université
et que je partage le foyer avec mon époux
qui comble autant mes besoins sociaux qu'affectifs
c'est un biais du couple bien assorti
nous n'avons pas implosé
et comme l'homme-chat est plutôt comme moi
de nature sauvage
on ne s'entoure pas souvent
cet été nous avons voyagé
et avons résidé chez andreina et maurizio
dans leur maison savamment aménagée
dans une campagne recluse du sud de la sicile
andreina et maurizio n'ont pas d'enfants
leurs parents habitent soit au nord de l'italie
ou dans une autre ville de sicile
les routes de campagne contrada 
menant à leur domaine
sont difficiles à naviguer
car elles sont étroites et gravelleuses
donc andreina et maurizio
sont bien isolés
mais ils ont des visiteurs occasionnels
avec leur maison acquise il y a quinze ans
ils ont construit un hôtel boutique
en aménageant deux chambres dans l'annexe
en offrant leur piscine et le patio
et près des trois-quarts de leur maison
en faisant de fabuleux déjeuners
et des soupers sur demande
en nous tenant compagnie
le temps d'un passage chez eux
avec eux
et avec 'nsisto leur petit chien égaré
je pensais que c'était une belle formule
que celle d'accueillir de la visite
quand bon leur semblait
sur réservation seulement
remplissant alors la double fonction
de rentabiliser leurs infrastructures
et d'enrichir leur vie sociale
tout en gardant leur tranquillité
dans la campagne éloignée
la bonne compagnie
sans chichi
multitude
et solitude.
photo de n'orma
l'hôtel boutique d'andreina et maurizio
à chiaramonte gulfi en sicile