Deux kilos deux de Gil Bartholeyns

Par Artemissia Gold @SongeD1NuitDete

Mon avis :

Ce livre fut une lecture difficile mais qui vaut clairement le détour et vous fait passer des messages forts mais également une poésie assez... Particulière ! C'est un livre particulier !

Nous suivons Sully, un jeune vétérinaire désillusionné sur son métier ! Première claque dans ma figure qui idéalise complètement le métier de vétérinaire ! L'auteur, par l'intermédiaire de Sully, va nous dépeindre le métier de vétérinaire qui consiste, à part quelques rares élus, à faire en sorte que les élevages fonctionnent sans catastrophe sanitaire et surtout, soient rentables ! Il va nous expliquer bien vite que les conditions minimales de vie pour un animal d'élevage prévues par la loi sont bien loin de ce que l'humain, s'il le voyait, jugerait acceptable... D'ailleurs, Deux kilos deux, c'est le poids que doit atteindre un poulet pour que l'éleveur gagne sa croûte ! Mais il va également dépeindre les conséquences des lobbys, la mondialisation, les normes... C'est toute une chaîne qui est défaillante. Et Sully, malgré son métier, va se blinder pour ne plus être empathique face aux animaux. Il ne faudrait pas qu'il soit surpris à leur parler ou à les caresser...

Mais avant cette petite introspection, Sully arrive dans un bled paumé, aux allures de Far West, suite à une lettre anonyme qui dénonce les conditions d'élevage des poulets et le non-respect des normes. Et entre les noms des personnages croisés et cette ambiance perdue au milieu de nulle part, avec des allures d'américains, j'ai dû me rappeler plusieurs fois que tout se passait en... Belgique ! Et dès le début l'ambiance est donnée !

En moins de cent pages, plusieurs personnages sont croisés, et surtout leurs vies, leurs rêves et leurs passés nous sont racontés en quelques pages... Et étonnamment, je ne me suis pas perdue ! J'ai rapidement repéré qui était qui et quel était le but de chacun ! Car le bureau de Sully va être dans le diner du village, l'équivalent d'un Drive in, suite à une tempête de neige exceptionnellement importante. Et dans ce resto, il va faire la connaissance de la belle Molly. Et notre Sully, en vérité, c'est quelqu'un de rêveur, un homme très doux. Et il va se persuader que si leurs prénoms se terminent avec la même lettre c'est un signe... Alors que nous, lecteur, nous avons rapidement l'information que Molly s'appelle en réalité Léa...

L'auteur a véritablement une écriture poétique pour nous parler de chaque personnage, avec un état de sa vie, ses valeurs, son rôle... Et rien n'est tout blanc ou tout noir. Chacun va attirer de la colère, de l'empathie, de la tristesse... J e pense à Louis, un enfant de presque cinq ans, qui mange de la viande mais qui ne fait pas la liaison avec les animaux. Et quand on lui explique que l'on tue des animaux (et que non, on n'attend pas qu'ils soient morts naturellement), il entre dans une colère noire, car il considère que l'on ne doit pas tuer pour manger. A 5 ans, il veut devenir végétarien ! Et j'ai eu l'impression de me voir découvrir que le poulet du dimanche, c'était la poule de mon jardin, au même âge...

Mais face à cette justesse pour nous parler des personnages, c'est pourtant, de manière très incisive qu'il va nous parler des conditions de l'animal ! La mission de Sully, bien qu'au cœur du livre, devient vite pour nous lecteur, un élément conducteur mais pas notre principal intérêt... C'est presque une excuse pour délivrer un message.

C'est un livre riche, profond et même dérangeant dans les messages qu'il délivre mais très d'actualité ! Sensible à la cause animale, ou moins sensible, il ne laisse pas indifférent car on peut détourner le regard, comme souhaiterait le faire Sully, des conditions des élevages...