Critique Ciné : Joker (2019)

Publié le 28 octobre 2019 par Delromainzika @cabreakingnews

Joker // De Todd Phillips. Avec Joaquin Phoenix, Robert de Niro et Zazie Beetz.


La version Todd Phillips de l’ennemi juré de Batman est terriblement actuelle. Sa façon de parler de la société de consommation, des disparités entre les pauvres et les riches, la tension qui monte dans les rues, etc. Tout est très actuel (et pourtant, Joker se déroule à une époque différente). Todd Phillips (Very Bad Trip) nous offre ici un personnage brisé par la vie dont la violence sera la seule réponse possible à tout ce qui lui arrive. Ce vilain devient alors quelqu’un de touchant, loin du terroriste que Christopher Nolan avait mis en scène dans The Dark Knight (et incarné par Heath Ledger). Joker décide de raconter les origines de ce vilain, et la façon dont la société l’a opprimé et l’a rendu comme ça. C’est donc aussi une façon intelligente de parler de choses actuelles et la façon dont notre société créé les méchants de demain. Il y a donc quelque chose de très métaphorique dans ce film qui résonne du début à la fin et qui devient brillant à l’écran. Il faut bien avouer aussi que la prestation de Joaquin Phoenix dans le rôle titre est assez exceptionnelle. La métamorphose de l’acteur est forcément impressionnante là aussi.

Le film, qui relate une histoire originale inédite sur grand écran, se focalise sur la figure emblématique de l’ennemi juré de Batman. Il brosse le portrait d’Arthur Fleck, un homme sans concession méprisé par la société.

Le jeu de Joaquin Phoenix aide énormément Joker et c’est presque facile d’aimer les défauts du film quand celui-ci vient les effacer par son jeu. La façon dont l’acteur fait passer le personnage d’un clown ruiné par la vie à ce personnage violent, dansant qui s’est enfin trouvé un but c’est magnifique. Je dois avouer que je suis sorti de ce film dérangé, non pas dans le mauvais sens, mais disons que tout ce personnage a de quoi faire réfléchir.

L’ambiance de Joker est aussi anxiogène, ce qui permet de facilement conditionner le héros à devenir ce qu’il deviendra par la suite, plongeant petit à petit son monde dans une soif de vengeance et de revanche sur la société. Le film est assez glaçant aussi quand petit à petit Arthur Fleck découvre que toute sa vie a été bâtie sur un mensonge (notamment en lien avec sa mère, folle alliée). La désillusion et la façon dont le tout est mis en scène comme un château de cartes prêt à s’écrouler est fascinant. Si Joaquin Phoenix pourrait bien remporter la statuette l’année prochaine (ce serait le second acteur se voir décerner la statuette pour incarner le personnage du Joker), je dirais que Todd Phillips fait ici une belle proposition de cinéma, sans tomber dans les facéties du film de super-héros actuel. En cherchant à inventer la naissance de ce personnage culte et la façon dont il s’est créé, Todd Phillips change notre vision des choses et nous délivre quelque chose de sombre, violent, mais reflet de la société dans laquelle nous vivons. Fascinant.

Note : 9.5/10. En bref, un film étonnant reposant souvent sur la prestation magique de Joaquin Phoenix.