Le mouvement des Gilets Jaunes se poursuit, il aura un an le 17 novembre

Publié le 01 novembre 2019 par Jplegrand

Ceux qui suivent ce blog le savent, nous avons avant même la première manifestation en novembre 2018, soutenu le mouvement des Gilets Jaunes. Macron y a répondu par le mépris et la répression et les mesurettes qu'il a prises, la mascarade de débat qu'il a organisé, n'ont rien réglé au profond mécontentement populaire. Certes le petit monarque de l'Elysée a réussi avec une féroce répression qui a consisté à blesser des centaines de personnes, à en arrêter des milliers, à dissuader des dizaines de milliers e gens à descendre dans la rue. Certes des éléments fascistes et violents infiltrés dans le mouvement ont aussi contribué à ce que Macron visait : la division du peuple, le doute sur la stratégie employée par les Gilets Jaunes, la crainte d'un déchaînement de violence touchant les plus pauvres en particulier.

Toutefois, les Gilets Jaunes dans leur diversité n'ont pas cédé et ils ont poursuivi leurs manifestations et initiatives diverses, leur présence sur certains médias. Traversé par de multiples contradictions politiques et idéologiques, ce mouvement est sans doute l'un des plus originaux de ce début de siècle. Original dans sa durée, original dans sa radicalité et original dans sa composition sociologique et politique. Des éléments proches du RN ou de l'extrême-droite y côtoient des proches des mouvances gauchistes, communistes, insoumise même si les citoyens sans engagement politique en sont la composante majoritaire.

En fait on y retrouve la diversité du peuple qui exprime sa colère, en particulier des couches les plus exploitées mais aussi celles qui craignent le déclassement social et se préoccupent pour l'avenir en particulier de leurs enfants.

Tous expriment des revendications et des aspirations qui sont celles de millions de gens face au néo-libéralisme, ils ont largement conscience que le pays est dirigé par des hommes et des femmes qui ne sont pas de leur classe. Que les politiciens, dans leur grande masse, ont un rôle de domination pour défendre des intérêts qui ne sont pas les leurs.

Cela les conduit à exprimer une légitime colère fondée sur de réelles souffrances, vécues dans leur corps et dans leur être. Le sentiment que le pouvoir les méprise au plus haut point, sentiment renforcé par les discours condescendant de la classe politique en général et de Macron lui même, arrogant, provocateur, calculant ses provocations médiatiques pour faire sentir au "Petit peuple" sa puissance, celle de l'appareil d'Etat avec sa police, sa justice, et ses courtisans.

Cependant le mouvement peine à rassembler les millions de gens qui l'ont soutenu, l'ont vu avec sympathie et qui se sont éloignés en raison de la stratégie macroniste de la provocation et de la violence; en raison du doute porté sur la stratégie du mouvement si une stratégie existe. Car en fait il semblerait que l'une des failles du mouvement, l'une de ses faiblesses majeures repose sur différents critères importants :

1) Le mouvement laisse penser que Macron devrait répondre aux revendications. Or tout montre qu'il n'y consentira jamais sauf si une crise politique d'ampleur inédite s'exprimait par la mobilisation de millions de gens.

2) Le mouvement doit donc se poser la question prioritaire du rassemblement et des convergences. Cela signifie que le mouvement doit être beaucoup plus ouverts et travaille davantage avec tous les acteurs des luttes actuelles : hospitaliers, juristes, enseignants, cheminots, ouvriers, employés, jeunes lycéens et étudiants, militants pour l'environnement, mouvements féministes, syndicats etc...

3) Le mouvement doit concevoir une stratégie donc qui rassemble mais qui ne crée aucune illusion : avec Macron on ne discutera pas, on n'obtiendra rien, on lui imposera un rapport de force qui arrachera des droits et des mesures sociales, fiscales et économiques en faveur des couches populaires que si on réussit à être des millions en lutte

Est-ce possible que des millions de gens entre dans le combat ? Si nous observons des exemples comme celui du Liban, du Chili ou encore de l'Algérie, on voit dans ces mouvements une forte unité nationale qui n'est pas le fait d'une minorité mais d'une grande majorité de citoyens. C'est parce que les gens sont blessés, meurtris par des politiques qui les font souffrir mais aussi parce qu'ils prennent conscience que des oligarchies qui dirigent trahissent les intérêts nationaux qu'ils se mobilisent. La convergence intérêt social et intérêt national forment le ciment de ces luttes unitaires.

La stratégie des Gilets Jaunes ne peut donc être celle de continuer qu'avec ceux qui portent le fameux gilets, ni celle de se mettre à la remorque de forces politiques, mais de constituer l'une des composantes d'un mouvement plus vaste du peuple , un mouvement qui de fait posera fortement la question sociale et nationale comme incontournable. Les fascistes du RN l'ont bien compris et cherchent à récupérer des éléments dans toutes les luttes pour leur démagogie politique en vue des futures élections. Toutes les forces politiques vont être tentées par ce jeu malsain. Or le peuple est en train de faire l'expérience que ce jeu politicien est un piège qui conduira Macron à tirer les marrons du feu et à poursuivre une exploitation des forces populaires et des forces du travail jamais atteinte depuis des décennies. Ainsi Macron va réessayer sa méthode pourrie de faire monter l'extrême-droite, pour se présenter de nouveau comme le cygne blanc immaculé de la démocratie.

Le capitalisme est confronté à sa crise structurelle : il a besoin d'élargir et d'approfondir l'exploitation d'un plus grand nombre de personnes sur la planète afin de rentabiliser la masse immenses de capitaux. Mais ce faisant il affaiblit relativement mais de plus en plus la force de travail mondiale créatrice de richesses. Le peuple français n'est pas épargné par cet événement historique majeur car les capitalistes se font concurrence pour la baisse du coût du travail dans des proportions du niveau de la valeur jamais atteinte dans l'histoire de l'humanité et recherchent aussi pour cela à privatiser toute activité économique au détriment d'une socialisation indispensable de la propriété des moyens de production, d'échanges, de recherche et d'éducation.

Le capitalisme est donc dans une phase de destruction massive de valeurs sociales, de services publics et de toute relation non marchande dans les sociétés. Cela entrâine également une guerre économique fondée sur des intérêts privés, indépendant des peuples, qui conduisent à des choix fondés essentiellement sur l'argent, des choix de classe contraires à l'intérêt général des des nations.

Le mouvement des Gilets Jaunes est donc une manifestation particulière de la réaction de catégories qui pressentent un nouveau monde capitaliste qui déshumanise les rapports sociaux et isolent les gens en les appauvrissant et en les méprisant.

Ce week end, plus de 500 gilets Jaunes se réunissent à Montpellier et travailleront en atelier sur les questions suivantes :


Pendant plusieurs heures, les groupes vont débattre sur chacune des thématiques. " On espère qu'il y aura des outils concrets qui vont ressortir, dont les groupes locaux pourront s'emparer", explique un co-organisateur de l'Assemblée.
Les réponses apportées seront résumées puis soumises aux gilets jaunes des ronds-points sur le terrain.