Hip-hop : DI#SE, la touche dissonante

Publié le 06 août 2019 par Efflorescenceculturelle

Désiré Eba Tolo, alias DI#SE, n'a que 17 ans. Le rappeur breton s'est fait un nom en 2019 grâce au Label Charrues. La maturité qui se dégage de sa musique interpelle. A quelques heures de son premier concert aux Vieilles Charrues, le jeune homme affiche un calme déconcertant en conférence de presse.Rencontre.

Face aux journalistes qui couvraient les Vieilles Charrues, Désiré a délivré toute sa bonne humeur et son énergie. Le jeune rappeur dégageait la même fougue et la même fraicheur que sur scène. Il faut dire que DI#SE a suivi ces derniers mois des cours de " media training " grâce au dispositif Label Charrues. Une partie du job de moins en moins négligée par les artistes aujourd'hui. Né à Yaoundé, le rappeur s'est installé très tôt du côté de Quimper, mais refuse la dénomination d'artiste breton.

Youssoupha, Booba et Beyoncé

DI#SE a ses références. Françaises pour la plupart. Il apprécie Booba et Rohff mais admire Mc Solaar et Youssoupha. La veille de son passage sur scène, il avait pu observer Booba, qu'il a qualifié de " très charismatique ". Mais Désiré écoute aussi beaucoup de sons anglophones et américains. " The Weekend ou Beyoncé par exemple, mais peu de rap US finalement. "

Entouré d'un batteur sur scène, il est son propre parolier. Malgré ce duo, il se considère comme artiste solo et ne compte pas devenir un groupe à l'avenir.

" J'écris beaucoup mais je ne sais pas jouer d'instrument. J'ai besoin des autres pour mettre en valeur ce que je fais. Mon entourage professionnel m'aide beaucoup, j'ai des idées très précises de ce que je veux, notamment sur la manière dont l'instrument doit être utilisé et l'émotion que cela doit renvoyer. " Mais comment fonctionner dans ces cas-là ? " Je passe énormément de temps à leur expliquer ce que j'ai en tête, jusqu'à ce que le son soit parfait. Je fonctionne beaucoup par image, par exemple je vais dire " là, je veux que le refrain saigne le cœur " . Je mime aussi, j'essaie de me débrouiller. "

DI#SE débarque dans ce milieu de la musique urbaine à la fois très porteur mais aussi très concurrentiel. Face à des rappeurs à succès qui n'hésitent pas délivrer des textes très violents, lui se distingue par une écriture personnelle et recherchée. Il écrit ce qu'il vit, ce qu'il ressent. " Mais je ne cherche pas à me démarquer de la violence de certains, se défend-il. J'ai moi-même une certaine forme de violence dans mes paroles. Mais je ne vis pas ce qu'ils vivent. Ça ne tire pas en bas de chez moi, je ne bois pas, je ne sais pas fumer (rires), donc je ne peux pas parler de ça. S'ils voient ce qu'ils chantent qu'est ce que je peux leur dire ? C'est normal pour eux. "

Efficace. A quelques heures de dévorer sa première grande scène aux Vieilles Charrues, le jeune rappeur trépignait. " J'ai l'air détendu mais je bouillonne ! ". Sa prestation aura fait sans conteste partie des réussites du festival, véritable révélation pour le public. Sa présence, son style ne sont pas sans rappeler un certain Stromae...

Nous allons stopper ici les comparaisons. Mais DI#SE se souviendra longtemps de ce 19 juillet 2019. Sa collaboration avec le Label Charrues l'aura littéralement porté : " C'est un gros, gros coup de pouce. En terme de visibilité, on rencontre beaucoup de gens du milieu de la musique. Au delà de la simple tournée et de la grosse scène, c'est tout un travail de réseau ", confie-t-il.

Le jeune Désiré espère peut-être à l'avenir développer ses live. " Si je pouvais avoir plus de musiciens sur scène, je le ferai. " En attendant DI#SE s'est fait un nom, et apporte une certaine touche... dissonante.