La Belle Robe de l'Épouvantail

Publié le 04 décembre 2019 par Hunterjones
Asbestos.
Vers la fin du 19ème siècle, on découvre dans une région entre Richmond, Warwick et Windsor, dans le Nord du Québec, une mine riche en amiante. Le puits minier est même le plus grand au monde. l'amiante devient le coeur du secteur, si bien qu'on l'appellera Asbestos, inspiré du mot anglais voulant dire "amiante".
L'industrie connaît des hauts et des bas. Travaillant d'abord avec des moyens rudimentaires, les accidents de travail sont très nombreux au début. Puis, on découvre avec le temps que les travailleurs meurent de maladies pulmonaires. On découvre l'amiantose. Qui, en Europe et en anglais se nomme carrément asbestose.

Ce qui était le gloire de la région devient un cauchemar social.
Même la mine Jeffrey, gloire du secteur, a son adresse commerciale internationales dans une ville voisine pour les affaires. On ne veut pas voir le mot "Asbestos" y apparaître.
Le maire Hugues Grimard a expliqué récemment les nombreux désagréments que leur apporte le mot Asbestos.

Les compagnies refusent de s'y établir. On croit que l'amiantose est contagieuse. Une certaine ignorance rôde autour de cet état de fait. On en prend pas de chances, on quitte les lieux ou refuse de s'y établir. Dans les colloques étrangers, si vous avec le mot "Asbestos" d'affiché sur vous, sur une coquarde, un macaron ou une épinglette, et que vous êtes dans un ascenceur, on tient à s'écarter de vous. Hors de l'ascenceur, on vous tient loin, on vous rejette.
On a refusé de simplement prendre une carte d'affaires parce que s'y trouvait le mot Asbestos dessus.

On a peur d'attraper la mort comme on attrape la grippe.
Depuis 2018, l'amiante est complètement bannie au Canada. On peut réhabiliter la matière première dans la construction et l'aménagement paysager, mais on peut plus l'utiliser dans la construction de matériaux.
Mais le nuage autour du mot persiste.
Le maire a annoncé que d'ici un an, à partir de maintenant, la ville prendra les suggestions des citoyens pour officiellement changer de nom.
Je sais que la ville ne peut pas faire cesser complètement de battre la coeur de sa ville. Mais c'est tout de même un maquillage d'épouvantail.

Que la nouvelle ville s'appelle Ass, Best of ou Youwontdiehere, on oubliera pas, en tout cas ici, que sous ce nom, se cache toujours de l'amiante.
Et un zest d'amiantose.
Mais je comprends très bien pourquoi ils le feront. À l'international, ils seront bernés.

Vous vous souvenez de 7Up Gertrude Bourdon?
Elle était présidente directrice générale du CHU de Québec. Le plus grand centre hospitalier universitaire du Québec. C'est très honorable.
Le 23 août de l'an dernier, elle quittait ce poste pour se lancer en politique. Gauchement. En se disant d'abord disponible comme la belle du bal. Elle a flirté avec la CAQ, textant même de manière théâtrale à François Legault "On va marquer l'histoire" pour ensuite se retourner et se présenter comme candidate pour les Libéraux.

En campagne, elle s'est noyée d'arrogance en répétant ad nauseam qu'elle avait été présidente directrice générale, parfois 4 fois dans la même élocution. Donnant aussi l'impression qu'elle ne contrôlait pas beaucoup la situation dans laquelle elle baignait et se raccrochait mentalement à son confort ancien.
Bref, elle montrait à la fois qu'elle ne se prenait pas pour du 7Up, et à la fois qu'elle n'était pas tout à fait prête pour son nouveau rôle.

Démontrant en campagne plus de suffisance que d'empathie, elle a vite donné l'impression qu'elle n'était grisée que par une envie de pouvoir.
Elle a terminé troisième aux résultats final des élections dans la débandade Libérale.
Mais elle n'allait pas abandonner.

Sébastien Proulx, qui avait été inspiré et aimé comme ministre, de l'éducation entre autre, mais qui a aussi fait plusieurs ministères tellement il était étincelant, a annoncé, en août dernier, qu'il quittait le monde politique pour devenir responsable des affaires institutionnelles chez Desjardins.
Institution depuis cyberpiratée, mais ça c'est un autre cancer.

7Up Bourdon a donc été désignée pour se présenter dans le comté de Jean-Talon, un comté qui a toujours, sans exception, été Libérale depuis sa création en 1966.
Sans rire, Gertrude a dit aux micros, qu'elle avait changé. 
Tentant de faire renverser la perception publique.

Ça c'était mettre la plus belle des robes sur le même épouvantail.
Les gens n'ont pas mordu.
Joëlle Boutin de la CAQ a gagné, haut la main avec plus de 4000 voix d'avance et Bourdon a obtenu 23%. 20% de moins que la gagnante.
Elle a effectivement marqué l'histoire. C'est la première fois que les Libéraux perdent ce comté.
Vous savez ce qu'on prend pour mieux digérer, Gertrude?
Du 7Up.