Procès France Télécom : relisons Hannah Arendt ?

Publié le 21 décembre 2019 par Christophefaurie
Procès France Télécom. Lourdes sanctions pour trois dirigeants.
A ses origines, ce blog en a beaucoup parlé. Et ce pour s'insurger contre les techniques de changement qu'avait utilisées son management. Car, elles venaient de très loin, et étaient décrites, en long en large et en travers, dans les ouvrages des experts du management, au moins depuis les années 90. Leur objectif était de faire de l'entreprise un marché, c'est à dire de casser les liens humains qui font qu'une société est une société.
Ce qui est regrettable dans cette affaire est que l'on en a oublié le contexte :
  • Un premier dirigeant est pris d'une crise de folie, qui laisse l'entreprise avec 70md€ de dettes. Ce qui représente, tout de même, l'équivalent d'une année de collecte de l'impôt sur le revenu. (Voir, en page 10 de ce journal, un compte rendu d'une analyse d'Elie Cohen.)
  • L'Etat décide de soutenir l'entreprise. 
  • Un second dirigeant procède à une politique de réduction de coûts sauvage. 
  • Une troisième équipe étend les techniques appliquées aux prestataires à l'intérieur de l'entreprise. Etrangement, au moment où l'on ne parle que des innovations d'Apple et de la Silicon Valley, les dirigeants de France Télécom voient le salut dans la réduction de sa masse salariale !
  • Enfin, rien n'aurait été possible si les personnels de France Télécom n'avaient pas joué le jeu de la direction. Etrangement, alors qu'en France la grève semble une seconde nature, le tissu social n'a pas résisté. 
Et si l'on relisait Hannah Arendt ?