"Nadal" de Sylvain Fabre-Coursac

Par Contrelitterature

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NADAL

            Le semeur a quitté les rives amères de l’automne

   et veille sur sa terre à travers le soupirail de Noël.

   Minuit sonne dans la toison des granges

   et la neige d’émeraude ruisselle

   sur les chairs dures du pays d’Oc.

   La nuit des mages rougeoie au cœur du foyer

     où des enfances diaprées sillonnent le ciel.

   L’œil des bêtes, langées de paille,

   se ferme sur la nuit dansante d’oiseaux de neige.

   Cependant, des hommes lointains s’enlacent

   dans les floraisons de sang et d’acier.

   L’aigle du massacre

   trône sur les lambeaux de poupées.

   Et la lune gît sur la mer chargée d’épaves.

   Mais, sous la glèbe durcie, repose l’épi.

   Et le soleil qui s’extirpe des entrailles de boue

   grimpera vers les moissons de joie.

   Le semeur rêve à l’ascension d’azur

   qui soulèvera le blé vers les cimes de rébellion et d’amour.

   L’âtre paré de braises arbore les gemmes de l’Apocalypse.

Poème de Sylvain Fabre-Coursac paru dans le n°2 de la revue Contrelittérature (Illustration : Alexander Calder, "Soleil noir", gouache sur papier, 1953.)