Un film est un voyage à très peu de frais et celui dont je vous parle m'a séduit pour sa facture visuelle, ses interprètes, son propos, ses directions narratives, ses trouvailles sonores, ses ambiances, parfois tout ça en même temps.
Surtout quand un film nous pénètre comme celui-là.
HER de SPIKE JONZE
J'ignore si ce premier film entièrement scénarisé par Spike est tiré de sa propre expérience. Mais ce film est renversant de bien des manières.
Il raconte, dans un futur proche, dans un univers relativement dystopique, l'histoire de Theo, un futur divorcé pas 100% en deuil de sa dernière relation dont il doit signer les papiers de divorce à contre coeur. Pour se changer les idées, il se munit d'un logiciel qui lui présentera la voix de Samantha. Une simple voix avec les capacités de disons, Google. Mais aussi un sens de l'humour, des humeurs, et bientôt, des sentiments et des désirs aussi.
Le film est très beau. Et touche le plus beau sujet sur terre: l'amour. Il n'y a pas que l'histoire qui est belle, il y a aussi la manière de la livrer. La trame sonore, signée Arcade Fire est tout simplement magique. Parfaite. Le côté visuel, la direction photo de Hoyte van Hoytema, est phénoménale. Ses trouvailles visuelles apportent beaucoup au film. Le film est franchement, franchement beau sous toute ses formes. Vaut l'écoute sur la meilleure de vos télés.
Facile d'avoir des idées préconçues sur le fait qu'un homme tombe amoureux d'un système d'exploitation et pire encore, qu'un système d'exploitation tombe amoureux d'un homme. Mais le film parfaitement fonctionne. La montée narrative est fortement crédible. Rapidement, on se retrouve assez près de ces personnages qu'on a peut-être un peu d'abord méprisé.
Avant même les premières images, les sons d'Arcade Fire nous introduisent aux premiers mots de Theo qui seront "play melancholy song". Le système d'opération Samantha composera une chanson qu'elle appellera "Photograph". Voulant capturer le moment comme le fait une photo.
Et la vue du toit sera peut-être aussi le refuge de l'âme.
Tous les morceaux de ce film en font un extraordinairement joli puzzle.
Le rouge étant la couleur de la passion, de la colère et de l'amour, il sera honoré de toutes ces manières.
Charlie Kaufman, scénariste que j'aime beaucoup, a secrètement travaillé au script avec son ami Spike.
Que je n'arrive pas à ne pas aimer.
Being John Malkovich, Human Nature, Jackass, Synecdoche, New York, Where the Wild Things Are, je n'ai rien PAS aimé de lui encore.
L'attrait du nom de famille peut-être...
Film non pas à voir. À vivre et à sentir.