Dans Il est temps que je te dise, David Chariandy adresse une lettre à sa fille de treize ans sur le racisme. Il y raconte notamment l'histoire de ses parents, tous deux venus au Canada depuis Trinidad.
L'occasion lui a été donnée dix ans plus tôt de l'éprouver dans une épicerie bio de sa ville de Vancouver au Canada par une cliente sans gêne qui est passée devant lui et lui a dit en se retournant:
Je suis née ici. Je suis chez moi ici.
Il est pourtant d'ici, lui aussi né ici, mais à la peau foncée: ses parents et ses grands-parents sont immigrés; sa famille maternelle est originaire d'Afrique et sa famille paternelle d'Asie du Sud.
En 2017, lors du treizième anniversaire de sa fille, à table la conversation tourne autour du spectacle du cynisme et de l'imbécillité des adultes que donnent l'Amérique voisine et son nouveau président.
C'est ce qui le décide à faire le récit à sa fille de l'histoire de ses origines, c'est-à-dire de répondre à la question d'où il vient vraiment, qui lui est souvent posée ici et qui lui sera posée à elle aussi.
A cette question, quand ils se sont rencontrés, ses parents ont répondu à ceux de sa femme, dont la famille est d'origine européenne, établie sur la Côte-Ouest du Canada et descendante d'un lord.
Cette lettre est l'occasion pour l'auteur de dire à sa fille qu'il enseigne la littérature et écrit parce qu'il a découvert de nouveaux univers en suivant des cours à l'université d'Ottawa, la capitale:
J'ai découvert en toute liberté la magie infinie de la littérature, les satisfactions de la lecture qui dépasse les frontières et les cultures, l'identité et la race, l'idée qu'on se fait de qui vous êtes et devez être.
L'histoire de ses ancêtres est de portée universelle, une histoire qui défend une humanité plus vaste. C'est pourquoi il a voulu la partager avec elle, sachant que c'est à elle de trouver ses propres réponses:
C'est une histoire qui se rattache, de manière complexe, aux luttes de peuples autochtones à travers le monde, tout comme aux migrations désespérées de peuples dénigrés et "indésirables", autrefois et actuellement.
Francis Richard
Il est temps que je te dise, David Chariandy, 112 pages, Zoé, traduit de l'anglais par Christine Raguet (sortie le 6 février 2020)