Fragments de nuit, inutiles et mal écrits (saison 3), épisode bonus !

Par Blackout @blackoutedition

Pour les livres de Richard Palachak, c'est par ici : KALACHE, VODKA MAFIA, TOKAREV

Photo de Simon Woolf

Le 43, épisode bonus : Inga et Dominika !

Pour me mettre le pied à l'étrier bisontin, Dédé se met dans la citrouille de me montrer le blair de compatriotes slaves, des filles russes en l'occurrence. Sauf qu'entre les popovs et les slovaques, c'est un peu comme entre les boches et les français. L'invasion de nos bleds a laissé des virgules... des rancœurs et des rivalités, qui se crachent en tripes par le biais de flopées de peignées lors des matchs de hockey sur glace. Mais on a calmé un peu le jeu ces derniers temps, on s'est rapprochés depuis que l'Occident se ramasse un bouchon. Dédé mange des yeux la beauté des filles slaves, à juste raison. Il me prévient néanmoins que les nénettes en question sont jolies, mais pas non plus bombax à faire damner tous les saints. La première se rapapopèle Dominika. Je l'accroche au 43, bien évidemment. La caille est brune à la peau mate, avec de grands yeux de chat bohémien pur sucre, assez bien tournée, mais pas trop. La fébosse a ramené sa couenne en France dans le cadre d'un mariage gris, comme neuf fois sur dix. Puis elle a plaqué son gros comtois comme un chausson, croyant encore au petit Jésus soviétique, et s'est viandée dans la dèche. Y paraît qu'elle prend des cours de piano chez Karl... Y paraît qu'elle est patte de velours... Y paraît... Mais quand elle me zieute, avec mon crâne rasé, ma carrure, mes frusquins noirs, mes chaînes et mes tatouages, elle cane et baisse les quinquets, muette comme une tanche, et séchée par-dessus le marché, quand Dédé lui avoue que je suis slovaque. Je sens la fille de la camplouse qu'a les boyaux qui tricotent des napperons. Cerise sur la Pavlova, quand mon ami précise que je suis écrivain, cela vaut pour elle à tenter de lui faire croire qu'une danseuse étoile se cache sous la peau d'un Ours polaire. Un froid sibérien lui blanchit le visage comme un cachet d'aspirine et Dominika met les cannes. Plus jamais de nouvelles. À l'opposé extrême, y a Inga, qu'est pas franchement coinços. La vraie saint-peterbourgeoise, pimbêche, blonde aux yeux bleus, la quarantaine, pas vraiment bichette, avec son costume de princesse des neiges, manteau en fourrure et cotillons qui font leur merde. À Besançon, la rupe est dans son élément, coupant dans la pommade qu'elle rayonne de toute sa hauteur aristocratique, alors qu'elle a radiné sa fraise en France pour les mêmes raisons que Dominika : dénouer sa ceinture avec un gros blaireau franc-comtois, vraisemblablement blindé pour qu'elle se la raconte autant. Je tombe sur elle au 43, à moitié rétamée, toisant de la haute et de ses picaillons les pannés de ma bande. Et quand Dédé me la présente, à lorgner ma touche de mafieux serbe, c'est comme si on pointait un voleur à la roulotte français à une banquière suisse. Elle se paye ouvertement ma poire et me snobe, comme au bon vieux temps des tsars et de la Slovaquie rurale. Chuis un sous-pécore de son point de vue, les Bisontins étant déjà des pécores tout court. - Lui, grand écrivain à Besançon ? Ha ! - Non, je suis juste écrivain. La grue me gaffe même pas lorsqu'elle jacte. Elle me tourne carrément le dos et s'adresse à la cantonade, à Fred ou à Dédé... - Lui, connu toute Franche-Comté ! Ha ! Ha ! - Lui, pas marié saucisse de morteau... Forcément, la pintade finit par rejoindre les tocards du Vintage (voir chronique précédente), histoire de dévoiler la reine du Mont d'Or Béluga aux patates chaudes endimanchées qui méritent sa présence. Elle se fourrera un collier de coupettes de blanc dans le fion façon boules de geisha... jusqu'à dépasser le record du Guinness Book de l'enfilage du cristal de contre-façon dans une décérébrée m'as-tu-vu.

Richard Palachak

Tweeter

Suivre @blackoutedition

© Black-out