OBÉSITÉ : Et si c’était une forme de vieillissement prématuré ?

Publié le 27 février 2020 par Santelog @santelog



Rester mince pour rester jeune ? Vieillissement, obésité, deux conditions finalement très similaires ? Cette large revue de la littérature défend en effet  l’idée que les effets de l'obésité reflètent ceux du vieillissement. Un concept un peu provocateur mais dûment documenté dans les Obesity Reviews par cette équipe de Concordia (Canada) qui identifie une toute série de symptômes et de signes communs, des dommages à l'ADN au déclin cognitif. Des coincidences sans doute trop nombreuses pour en être.

Globalement, les auteurs souhaitent aussi que leur recherche aide le public à mieux comprendre le développement et réaliser les effets sévères et parfois irréversibles de l'obésité. Ces conclusions doivent également stimuler la réflexion des médecins sur la façon d'éduquer et de traiter. Car à l'échelle mondiale, l’obésité a pris des proportions telles que la lutte contre la condition est sans doute la première priorité de Santé publique : on estime que 1,9 milliard d'adultes et 380 millions d'enfants sont en surpoids ou obèses. Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), l’obésité fait aujourd’hui plus de décès que l'insuffisance pondérale.

Repenser totalement l’approche de l'obésité ?

Plusieurs axes ont jusqu’à aujourd’hui été développés pour mieux comprendre et mieux lutter contre la maladie : l’approche diététique et physique bien sûr, mais aussi les approches psychologiques qui envisagent l’obésité comme une vraie dépendance-alimentaire. Cette nouvelle approche, qui penche « du côté » biologique soutient que l'obésité peut  être aussi considérée, voire traitée, comme un vieillissement prématuré. L’auteur principal, le Dr Sylvia Santosa, professeur agrégé, résume cette entreprise : « Nous essayons de faire valoir de façon globale que l'obésité est parallèle au vieillissement. Les mécanismes par lesquels se développent les comorbidités de l'obésité et du vieillissement sont très similaires ». L'équipe examine à travers un examen de la littérature, comment l'obésité prédispose à contracter des maladies pouvant être mortelles et qui sont « normalement » observées chez les personnes âgées. Avec des marqueurs similaires, dont des génomes compromis, un système immunitaire affaibli, un déclin cognitif, une incidence accrue du diabète de type 2, de la maladie d'Alzheimer, des maladies cardiovasculaires, des cancers et autres maladies -couramment décrites comme « liées à l’âge ».Les chercheurs ont ainsi examiné plus de 200 études portant sur les effets de l'obésité, au niveau cellulaire, tissulaire en passant par les différents organes et le corps tout entier.

  • L'obésité est un facteur qui accélère directement les mécanismes du vieillissement, dont les processus de mort cellulaire et le maintien des cellules saines (l'apoptose et l'autophagie). Ainsi, l'apoptose induite par l'obésité est observée et documentée dans le cœur, le foie, les reins, les neurones, les oreilles internes -et la rétine des souris. L'obésité inhibe également l'autophagie, ce qui peut entraîner le cancer, les maladies cardiovasculaires, le diabète de type 2 et la maladie d'Alzheimer.
  • Au niveau génétique aussi, l'obésité influence un certain nombre d'altérations associées au vieillissement, dont le raccourcissement des télomères, ces capuchons de protection trouvés aux extrémités des chromosomes. Ainsi, les télomères chez les patients obèses peuvent être plus courts de 25% que ceux observés chez des personnes en bonne santé.
  • L'obésité, comme le vieillissement, accélère le déclin cognitif, impacte la mobilité, accroît l'hypertension et le stress.
  • Enfin, l'obésité joue un rôle clé dans la lutte de l'organisme contre les maladies liées à l'âge. L'obésité accélère le vieillissement du système immunitaire en ciblant différentes cellules immunitaires, et une perte de poids ultérieure ne pourra pas toujours inverser le processus.
  • Les effets de l'obésité sur le système immunitaire affectent la vulnérabilité à des maladies comme la grippe, qui affecte souvent les patients obèses à un taux plus élevé que les sujets de poids normal. L’obésité accroît également le risque de sarcopénie, une maladie généralement associée au vieillissement qui se caractérise par une baisse progressive de la masse musculaire et de la force.
  • Enfin, les personnes obèses sont plus vulnérables aux maladies liées à l’âge comme le diabète de type 2, la maladie d'Alzheimer et différents types de cancer.

« Ces similitudes entre l’obésité et le vieillissement sont trop évidentes pour être ignorées », concluent les chercheurs. Elles doivent nous inciter à nous interroger sur la manière dont l'obésité accélère notre processus de vieillissement.

Des conclusions qui doivent permettre de mieux comprendre l'obésité, de porter un nouveau regard sur ses effets et de tout faire pour la combattre !

Source: Obesity Reviews 05 February 2020 DOI : 10.1111/obr.12991 Obesity and ageing: Two sides of the same coin

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Équipe de rédaction Santélog Fév 27, 2020Rédaction Santé log