Pauvres de nous!

Publié le 26 mars 2020 par Libracteurs

   A la lecture d’un article mis en ligne le 25 mars sur le site du journal « Le Monde », sous le titre « Coronavirus : Didier Raoult, l’infectiologue marseillais derrière la folie planétaire autour de l’hydroxychloroquine » avec en sous-titre « En quelques jours, il a réussi à faire d’une vieille molécule un objet de convoitise mondiale. Et d’un simple espoir thérapeutique contre le Covid-19 un remède miracle », ma quasi-certitude sur l’intérêt de la chloroquine comme élément du traitement des pneumopathies liées à ce nouveau virus s’est mise à chanceler.
Alors, je n’avais qu’une chose à faire : rechercher les articles publiés dans les revues scientifiques sur la chloroquine dans le traitement du Covid-19. Habitué de ce type de recherches, j’ai été sur Pub Med et y ai entré les mots-clefs qui devaient me conduire aux articles recherchés. Je n’ai pas été déçu. Il y a de la matière. En particulier des articles publiés par les équipes chinoises. Alors, j’ai cherché ceux qui pouvaient répondre à mes questions. La plupart étaient en anglais ce qui est habituel dans le domaine scientifique et donc faciles à lire ; mais plusieurs étaient en chinois ce qui à l’évidence rend la compréhension difficile ! Jadis c’eut été parfaitement rédhibitoire et je me serais replié frileusement sur la littérature anglophone. Mais aujourd’hui, plus de problème. Avec la puissance des traducteurs en ligne, comme DeepL que j’ai utilisé, hop, en un tournemain, j’avais la traduction en français. Et une traduction de haut vol, du très bon français, pas d’ambiguïté, et ce, grâce à l’intelligence artificielle.
 Alors j’ai lu, en détail. Et là, envolée d’admiration pour les auteurs de ces articles. Études bien conduites, scientifiquement peu critiquables, suivi épidémiologique des populations incroyablement méticuleux, moyens de biologie moléculaire dernier cri, discussion critique des résultats haut de gamme. Après ces lectures, indépendamment de ce que l’on peut lire et entendre ici et là sur le professeur Raoult, ma conviction était renforcée : la chloroquine est un agent thérapeutique sérieux à prendre en compte dans la lutte contre le Covid-19. Les chinois, plus pragmatiques et infiniment moins idéalistes que nous, probablement plus sages, ont officialisé cette molécule dans leur protocole de traitement des formes graves de pneumonies liées à ce nouveau coronavirus.
J’avoue humblement, moi français tout imprégné de notre légendaire grandeur nationale, avoir ressenti un véritable émerveillement devant la modernité des méthodes chinoises et la puissance scientifique de ce pays encore rangé parmi les pays émergents.
Pendant toutes mes recherches, j’écoutais de loin comme on le fait souvent, la radio allumée dans mon salon qui traitait, comme presque sans cesse, du Covid 19. Je ne sais pas si cela vous est déjà arrivé, mais pour moi, ce fut la première fois que je mesurais vraiment, en direct, à quel point notre pays est décadent. Sur la chaîne en question, sérieuse au demeurant, l’animatrice donnait la parole à des auditeurs pour qu’ils exposent leurs questions et, pourquoi pas, des solutions pratiques à propos du Covid-19.
Toujours plongé dans l’analyse des articles scientifiques chinois, mais prêtant l’oreille à l’émission de radio, soudain, grâce à une auditrice j’appris que, pour les réutiliser plus longtemps, on pouvait repasser avec un fer assez chaud les précieux masques protecteurs si difficiles à obtenir. Dans un échange très constructif, une autre auditrice lui fit valoir que la technique du micro-onde était supérieure à celle du fer à repasser.
Je ne sais pas si les Chinois le savent, s’ils connaissent les avancées techniques françaises. Il semble que non, car ils continuent à fabriquer tous les jours des millions de masques pour les vendre au monde entier.
Prof  Michel HASSELMANN
Espace de Reflexion Ethique GRAND EST (EREGE)