Tim Buckley - Happy Sad (1969)

Publié le 31 mars 2020 par Novland

Claquemuré à domicile Jean-Hervé Bordenave s'ennuie. Pour s'occuper il peigne son catogan, joue à Donjons et Dragons, monte une maquette du porte-avion USS Nimitz à l’échelle 1:720, relis Tolkien et slappe quelques lignes sur sa basse sans frets ni mécaniques apparentes. Comme il n'est pas plus bête que tout le monde il écoute aussi de la musique, du rock progressif issu de la tendance Canterbury, beaucoup de jazz-rock : John Mclaughlin, le Mahavishnu Orchestra. Ah oui, aussi et surtout, Jean-Hervé Bordenave continue la rédaction de son fameux carnet d'audionaute de fond. En voilà un extrait :
« Ce troisième album marque un nouveau départ pour le barde éclectique du sud de la Californie. Après le succès du très folk et non moins acclamé Goodbye and Hello, il décide cette fois-ci d'explorer ses racines jazz et blues. La troupe d’instrumentistes qui l’accompagne est ultra compétente et la une suite de titres qui composent l'album est diablement intrigante. Jugez par vous même : Gypsy Woman est une merveille tribalo-éthérée, Buzzin 'Fly et Strange Feelin, tissent une tapisserie minimaliste tandis que la voix de Buckley flotte tel un instrument souple souverain et complètement hypnotique. La très longue composition allongée au milieu du disque, Love From Room 109, est pleine d'embruns et de poésie hôtelière, sa grande complexité harmonique me semble très peu usitée par les tenants du rock ordinaire. Les mots me manquent pour parler de Dream Letter, la chanson qui ouvre la seconde face, je dirai simplement que c'est un miracle et certainement le chef-d'œuvre de son auteur. Pour le reste, l'album est soigneusement sous-produit par Jerry Yester et Zal Yanovsky, et il restera certainement comme l'un des meilleurs des late sixties finissantes. ».