Je vous en parle pour sa structure narratives, ses interprètes, sa réalisation, son esthétique, son choix de sujet, son audace, ses thèmes, je vous parle d'un film dont j'ai aimé tous les choix.
Je suis sorti du monde du cinéma sur le terrain, mais on ne sort pas le cinéma de moi comme ça. Voilà, encore et toujours, un voyage à très peu de frais. Toujours commode. Encore plus en ces temps de confinement.
LAWRENCE OF ARABIA de DAVID LEAN
Les exploits de Thomas Edward Lawrence sont légendaires. Historiques. Depuis les années 40, on pense tourner sa vie sur film. Alexander Korda veut le faire avec Laurence Olivier, Leslie Howard et Robert Donat dans le rôle de T.E. Mais on ne trouve pas les sous pour le faire. Dès 1952, David Lean est approché pour le faire. Mais une pièce de théâtre traitant de l'homosexualité présumée de Lawrence est en cours de production et une bataille juridique entre les producteurs du potentiel film et les producteurs de la pièce s'engage, retardant la production. Ça fait toutefois beaucoup de publicité au film à venir. Le producteur Sam Spiegel et Lean ont travaillé ensemble sur le brillant The Bridge of the River Kwai. Ils veulent retravailler ensemble. Lean s'intéresse à la vie de Gandhi et fait du repérage pour un film en ce sens. Mais ce faisant, en prospectant en Inde, il retombe dans un intérêt pour T.E.Lawrence. Spiegel a convaincu le récalcitrant frère de T.E., Arnold, de lui vendre les droits d'adaptation de Seven Pillars of Wisdom pour 22,500 livres sterling.
Micheal Wilson fait la première version du scénario, principalement historique et politique. Presque plate. Lean trouve, en tout cas. Il fait dialoguer par Robert Bolt et lui fait faire une étude de caractère du personnage. Lean regardera les films de John Ford pour s'inspirer de la manière de tourner son film.
La Jordanie bannira la diffusion du film prétendant que la vision des Arabes était trahie. L'Égypte, au contraire, en fera un immense succès populaire sous prétexte que c'était un portrait splendide du nationalisme arabe.
Nommé pour 10 Oscars, il en gagnera 7, sera régulièrement voté meilleur film de l'histoire du cinéma, sera considéré comme un "sans faute" par tout le monde, malgré ses 3h42. George Lucas, Sam Peckinpah, Stanley Kubrick, Martin Scorcese, Ridley Scott, Brian DePalma, Oliver Stone et Steven Spielberg ont tous parlé de ce film comme d'un miracle ou d'une inspiration majeure.
Hunter Jones vivra un grand moment en le voyant sur une modeste télé du 450.
Une plus grande sensation encore sur sa télé magique HD du nouveau sous-sol, ailleurs dans le 450.
Pas facile de rendre intéressante, intelligente, belle, une histoire nationaliste, politique et diplomatique.
Lean et son équipe l'ont fait avec ce trésor visuel, sonore et narratif.