Il y a beaucoup de cela dans ce qui me plait chez David Lynch. Moi, qui ai une formation de scénariste, qui lit beaucoup, qui favorise toujours les bonnes histoires au détriment de la poudre aux yeux cinématographique, je suis aussi en mesure d'être soufflé par un travail concentré principalement sur le ton d'un film. De plus en plus.
C'est pas anormal, quand on y pense. Le ton, en général, chez l'autre, est d'une importance réelle. Il fera en sorte que vous aimez être en présence de quelqu'un, dialoguer avec, le/la fréquenter ou non.
Je l'ai aussi constaté récemment, dans les films (et séries) que j'aime beaucoup. Voici trois exemples de films que j'ai (re) vus récemment, et qui se trouvent aussi dans la catégorie des films/séries que j'aime démesurément. Principalement en raison de leur ton et de l'état de grâce dans lequel ils me plongent par la suite.
Je l'ai dit souvent, j'ai acheté le dvd sans avoir vu Inside Llewyn Davis des frères Coen sur la seule promesse de sa bande-annonce. J'avais suffisamment confiance à l'univers des frères Coen et je ne me trompais pas. Je revois ce film une fois par année tellement il me plonge dans un état de fascination perpétuelle. L'hiver, l'époque, la musique, le personnage principal dont la courbe narrative reflète en partie la mienne dans le milieu artistique, l'humour toujours subtil et délirant des frères Coen.
Inside Llewyn Davis, avec ses teintes bleutées, et tous ses choix, m'a fait consommer/acheter le livre duquel il était inspiré, la trame sonore en cd, dur, l'un des derniers que j'ai acheté, et comme je le dis, je réécoute le film au moins une fois par année car il me place dans un véritable état de grâce du premier au dernier plan.
Je suis un très grand fan de l'auteur Thomas Pynchon. Qui n'est pas pour tous, je le concède. Pynchon a un esprit de mathématicien. Une intelligence de nerd. Qui peu sembler faire désordre mais qui est, au contraire, très développée. Pynchon est un célèbre reclus, comme Réjean Ducharme ou J.D. Salinger. Le réalisateur Paul Thomas Anderson, lui aussi un grand fan de Pynchon, avait tenté, d'abord tenté d'adapter son roman de 1990, Vineland, et avait aussi essayé de faire quelque chose avec Mason & Dixon. Mais les livres de Pynchon sont extrêmement durs à adapter en film. Quand Anderson a acheté les droits de Inherent Vice, il a d'abord écrit une très fidèle adaptation de 384 pages du livre de Pynchon. Avant d'en changer complètement la fin, avec la bénédiction de l'auteur secret. Il s'agit de l'unique adaptation cinématographique de l'un de ses romans.
Et je suis tout un surfeur, en général. Au sens propre comme au sens figuré.
Dans tous ces films, que je possède dans ma vievliothèque, il y a un ton qui me place définitivement dans un état de grâce.
Pour Inherent Vice, Anderson a même concédé vouloir avoir voulu trouver le ton du film de Neil Young de 1974, Journey Through The Past. Comme quoi le ton pesait lourd dans son approche.
(Re)visité Anderson/Pynchon lundi soir.
Bonheur.
Envie de (re)lire The Crying of Lot 49.
La vie est trop courte.
*Le premier plan du film est aussi le premier plan (fixe) de la bande annonce.
**La voix hors champs de la bande-annonce est aussi celle du personnage de Sortilèges/Pynchon, incarné par Joanna Newsom