Du racisme systémique dans la police (et de son traitement médiatique et politique)

Publié le 06 juin 2020 par Mister Gdec

«Le racisme n’a pas sa place dans la police républicaine »

(Christophe Castaner le 27avril 2020, après que des policiers aient été pris la main dans le sac à vomi raciste, suite à une affaire traitée ici, celle dite « de l’île St Denis »)

Ce qui me choque, c’est la chronologie des faits, et leur escalade en terme d’intensité de ce que je/nous entendons dénoncer. Comme si une horreur dénoncée là était aussitôt chassée par l’actualité d’une autre, encore plus significative, encore plus dégueulasse, encore plus inadmissible de par l’ intensité de son contenu, comme par le nombre de celleux qui le partagent, et encore plus dans cette communauté policière, qui apparait comme inondée par ce racisme immonde là. Le souci d’exemplarité n’apparait vraiment partagé par tous… Et en regard, une étrange passivité administrative, judiciaire, et politique, qui apparait comme tétanisée par un phénomène que nous autres ne connaissons que trop bien…

Face à ce déluge d’immondices, le refus du débat, sur les violences policières comme sur le racisme dans la police, les deux étant à mon sens souvent étroitement liés, le mot d’ordre lu et martelé partout, l’élément de langage inamovible, ici et là, à grand renfort de pseudo experts autoproclamés, se résume assez paresseusement à…

« le racisme systémique, en France, dans la police comme dans le reste de la société, n’existe pas ».

Illustrations :

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Ce n’est pourtant pas l’avis du défenseur des droits, qui rappelle à juste titre que l’Etat, au plus haut sommet, a tenu expressément à maintenir une disposition d’essence ouvertement discriminatoire, les contrôles au faciès, en faisant en outre appel de sa condamnation sur le sujet à plusieurs reprises, afin de continuer à le maintenir. Une honte absolue à mes yeux qui m’autorise par le fait à maintenir l’accusation de l’existence d’un racisme d’état.

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Comme je l’indiquais ici, j’attendais donc d’avoir lu attentivement l’article de Médiapart sur les propos racistes de policiers échangés sur Whatsapp et celui de StreetPress sur les immondices d’un groupe policier sur Facebook avant de commenter ces histoires. J’ai bien fait. Sans quoi, je pourrais simplement être enclin à me dire, comme n’importe qui lisant la presse mainstream, que pour ce qui concerne la première affaire, par exemple, le courageux ministre de l’Intérieur (sic. ce membre « honoraire » de Génération Identitaire) avait aussitôt pris l’affaire en main, en saisissant la justice, et que les policiers en question ont aussitôt été renvoyés devant le conseil de discipline pour leurs propos délictueux. Ce n’est pas la réalité.

La vérité, qui devrait pourtant mouvoir tout journaliste digne de ce nom, c’est que le lanceur d’alerte à l’origine de cette affaire, un adjoint de sécurité, a informé sa hiérarchie le 23 décembre 2019, et que « Cinq mois plus tard, ils sont toujours en poste, en attendant leur passage en conseil de discipline. » Que de dégâts ont-ils pu commettre depuis chez les gens qui sont passés dans leurs sales pattes, nul ne le saura… On notera en tout cas au passage qu’une fois de plus, si cette enquête n’était pas sortie, et n’avait pas connu une certaine audience dans le grand public, pas grand chose ne se serait passé. Les personnes en question ne risquent en outre pas grand chose (une amende au plus de 1500 euros), et pourront même en cas de révocation, ce qui m’apparait fort improbable (d’autres ont fait encore pire, et ont simplement été mutés ailleurs, comme le commissaire Laffon) continuer à exercer leurs talents racistes dans une autre profession, comme agent de sécurité privés, agent immobilier, ou que sais-je. Leur capacité de nuisance est pourtant évidente. Bref. On apprend à la lecture de l’article de Médiapart que ces policiers exécutent leurs basses œuvres à Rouen, et qu’ils attendent donc, pas franchement inquiets, la sanction de leurs propos. Et pour cause :

Leurs téléphones n’ont pas été saisis et ils se sont vantés, avant leur convocation,d’avoir déjà effacé une grande partie des messages.

Mais à peine cette histoire sortie, en haut lieu, et dans les syndicats policiers, on plaide le fait isolé. ça ne concernerait qu’un petit groupe, il s’agit de relativiser. Padamalgam, n’est-ce pas, ça, c’est pour les autres. Un argument qui ne tenait déjà pas la route en regard de la multiplié des affaires qui se succèdent sur ce registre, et que je ne consigne ici que depuis quelques années seulement, depuis mon engagement antifasciste résolu. Il y en a sûrement bien d’autres, moins connues.

Et voilà que Streetpress s’en mêle, en révélant une affaire encore plus graveleuse, raciste, sexiste, homophobe, dans un groupe facebook de plus de 8000 policiers…

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Il va donc être difficile de plaider le cas isolé, me direz-vous. C’est sans connaitre la mauvaise foi et la duplicité des gens qui nous gouvernent, et qui ont tout intérêt à se ménager leurs chiens de garde, qui commencent déjà à montrer les crocs, et n’hésitent nullement à tenter d’intimider ceux qui les dérangent. Et c’est sans compter également sur la duplicité de trop nombreux médias dominants, acquis aux thèses du pouvoir, et déterminés tout autant à ménager leurs propres intérêts, corporatistes et financiers, si ce n’est idéologiques, comme cela s’illustre assez, encore ici, sur ce sujet. Et il est à mon sens regrettable de constater, encore et encore et toujours qu’il faille que le scandale éclate dans la presse pour que nos instances dirigeantes se décident enfin à bouger le petit doigt, à propos d’un phénomène connu de tous, s’il fréquente un tantinet les réseaux sociaux. J’ai déjà dénoncé sur blog bien des affaires de ce genre.

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Je serais d’ailleurs curieux de savoir quelles sanctions ont frappé ceux qui n’ont pas hésité à menacer de mort un journaliste indépendant sur facebook… C’était il y a maintenant plus de 3 ans :

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Alors, non Monsieur Castaner, cette police là n’est pas républicaine, si tant est que ce mot veuille encore dire grand chose… Et nous sommes de plus en plus nombreux et résolus à la faire savoir sur la place publique, qui vous contraindront à ouvrir ce débat dont nous avons bien compris que vous ne voulez pas.