« Allons tuer ceux qui nous ont appris à tuer » : Hollywood, la puissance narrative du rêve américain

Par Guillaume Atgé @GuillaumeAtge

Derrière une apparente superficialité du traitement de son sujet : « Le Hollywood des années 60, Once Upon a time in Hollywodd de Quentin Tarantino, réalise un tour de force visuel et narratif : la puissance d’Hollywood dans l’imaginaire et la vie de la société américaine

Once’ est un film hollywoodien, un film hollywoodien sur hollywood, un film hollywoodien sur hollywood qui analyse la puissance, les limites, et se pose la question de la puissance symbolique, magique, des producitons hollywoodiennes. Et pousse même un cran au-delà, en émettant l’hypothèse suivante : le cinéma a-t-il de le pouvoir de créer une réalité alternatif, contigue au monde réel – en l’occurrence un monde parrallèle ou les assassins aux ordres de MAnson se seraient trompés de maison lors de leur sinistre expédition.

« Allons tuer ceux qui nous ont appris à tuer »

Cette phrase laconique, quelque peu binaire et stupide, est prononcé par les futurs assassins hippies de « Once Upon a time in Hollywood », juste avant leur périple sanglant dans les hauteurs des Hills de Los Angeles.

Cette sentence qui sert d’excuse au déferlement de pulsions meurtrières est plus profonde qu’il n’y paraît.  Le point des vue des membres de la secte de Manson est qu’ils ont grandi avec les films produits à Hollywood, des films violents ou le meurtre et la mort sont omniprésents.

Et si le monde est réel est plein de morts et d’injustices, c’est de leur faute donc. Il convient de les punir pour leur enseignement – à travers le divertissement – de l’acte d’élimination de son prochain.

SI hollywood légitime la violence et le meurtre, n’est-il pas légitime de l’exercer soi-même ?

En réalité, il n’en est rien. La conclusion de la réflexion du film se trouve en fait dés le début, dans son titre. « Once Upon a Time ». Il était une fois. Quentin Tarantino ne ment pas, en réalité. IL nous divertit et nous averti. JIci, on vous raconte une histoire, ce n’est pas la réalité. Seulement cette narraiton à le pouvoir de vous divertir, de mettre en scène un monde soit meilleur, soit pire. De conclure par un happy end, ou au contraire par la mort des héros. Le film est plus une déclaration d’amour à cette magie, qui fait apparaître tant que les images défilent, une réalité qui nous semble plus réelle que le monde hors de l’écran.

Tarantino réaffirme qu’il a droit de vie et de mort sur ses personnages, mais pas seulement, sur le télespectateur également. Car sans les films, il n’y a pas de spectaturs, et nous serions donc infirmes d’une immense partie de nous-même, vu que nous avons grandi avec le cinéma, comme le rappelle de façon tragique la bande d’apprentis meurtriers. Le cinéma est en nous, plus que d’être un simple spectacle projetté hors de nous. Quand nous regardons un film, c’est notre propre univers mental, en creux, que nous décryptons à travers l’oeuvre, quelque soit son angle ou son orientation.

Les prouesses de Di Caprio – acteur qui joue un acteur entrain de jouer un rôle important pour sa carrière – est epoustouflante de justessen de talent et donc de vérité. Il nous rappelle que les tours de passes passes – et donc la magie – repose sur des épaules d’hommes. Le message du cinéaste est clair, nous sommes libres et capables de forger notre propre magie dans un monde ou elle n’existe pas.

Qu’est ce qu’Hollywood ? Qu’est-ce que le cinéma ? Quel est son pouvoir ? Quels sont ses limites ?  Quentin Tarantino traitent tout le long du film ces questions, et propose ses propre partis pris, comme la réécriture de l’Histoire (uchronie) , ou au contraire la grande fidélité aux décors et à l’ambiance de l’époque reconstituée.

La question de l’influence d’Hollywood et du monde du spectacle sur la société américaine

Le film pose aussi la question de l’émergence de certaine figures, notamment celles de la justice (perso de di caprio), et celles du mal (Manson). Le film a conscience que Manson est un produit de la société américiane inégalitaire et guerrière, meurtrière.

(C’est d’ailleurs  le sens de l’utilisation du pseudonyme de « Manson » par le Chanteur américian Marylin Manson. Accoler le nom d’une grande icône célébrée à celui d’une icône du meurtre autant detesté que fascinant. Les deux revers de la médaille du rêve américian.)  Le film est subtilement lucide sur cette question.  C’est tout le rêve américain qui est traité, avec ses ratés (Manson avait été recalé par un producteur de disque) et ses succès (représentée dans le film par Sharon State, une femme solaire a qui le succès sourit).

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