La macronie complice des flics d'extrême droite

Publié le 27 juin 2020 par Despasperdus

Ces derniers jours, ou plutôt ces dernières nuits, nous assistons à des événements sidérants dont les acteurs sont des policiers.

A l'appel de deux organisations syndicales, ces derniers manifestent en tenue, en armes et avec leur véhicules de service, soit dans les rues, soit devant le siège de la radio publique, soit devant d'autres bâtiments symboliques, à Paris et dans d'autres villes.

Ces manifestations qui n'ont pas été déclarées, ni autorisées sont totalement illégales. D'autant plus hors la loi que tout agent public n'est pas autorisé à manifester avec les moyens matériels qui sont mis à sa disposition par la collectivité pour réaliser ses missions de service public, et donc pour servir les citoyen-ne-s. Il y a là en quelque sorte un détournement des biens publics qui est parfaitement illégal.

Ces policiers manifestent en réaction à des décisions judiciaires qui ont condamné l'un des leurs et aux dernières manifestations contre les violences policières et le racisme systémique au sein de la maison poulaga qui a été dénoncé par le défenseur des droits [1].

L'institution policière est à la dérive. Une dérive fascisante. Il est vrai que les divers gouvernements PS, LREM ou de droite classique n'ont jamais véritablement agi contre les contrôles au faciès qui font qu'une personne noire ou d'origine maghrébine à 20 fois plus de risque de se faire contrôler qu'une personne blanche. La montée du racisme [2]a été favorisée par l'inaction des gouvernements et la détérioration de la formation des recrues. Chacun a pu constater durant le confinement que les habitants des quartiers populaires avaient fait l'objet d'un traitement spécial de la part de la police, et donc du gouvernement parce que le racisme se double d'un mépris de classe...

A cela s'ajoutent, notamment depuis le passage de Sarkozy au ministère de l'intérieur, les actions coup de poing des BAC. Ces brigades de police agissent au sein des quartiers populaires comme une armée coloniale. Tout leur semble permis. Les victimes de leurs actions, blessées ou mortes comme Adama Traoré, sont fort nombreuses. Les familles bataillent souvent hélas en vain pour connaître les faits et faire juger leurs auteurs.

Enfin, les méthodes de la BAC semblent avoir contaminé l'ensemble de la police. Ainsi, depuis le mouvement des gilets jaunes, les violences policières se sont exacerbées et le ressentiment anti-flics aussi, ainsi que la peur de la police au sein de la population. Le bilan de la police sous l'ère Macron est accablant. Tout manifestant est considéré comme un suspect, voire un coupable présumé qu'il faut au moins intimider, sinon arrêter à tout prix, voire même humilier ou blesser physiquement. On ne compte plus les estropiés à vie et les éborgnés, les citoyens mis préventivement en garde à vu sans aucun motif ou les gilets jaunes condamnés à la prison ferme après un jugement expéditif.

C'est pourquoi, nonobstant leur illégalité et leur caractère fascisant, ces manifestations de policiers sont choquantes. Officiellement, ces policiers qui manifestent avec leurs flingues, leurs matraques, en tenue et avec leurs véhicules de fonction veulent la reconnaissance de la nation et le respect des citoyen-ne-s. Mais officieusement, leurs revendications sont toutes autres. Elles sont induites par le moment où elles se produisent, c'est-à-dire après la dénonciation des violences policières illégitimes et parfois la condamnation de leurs auteurs.

Leurs revendications officieuses sont les suivantes :

  • exprimer publiquement leur racisme [3];
  • pratiquer la clé d'étranglement;
  • contrôler au faciès;
  • censurer toute critique de l'action policière;
  • user de leurs armes comme bon leur chante;
  • interdire aux citoyen-ne-s et aux journalistes de filmer leurs exactions;
  • bénéficier de l'impunité.

Dans un régime démocratique qui fonctionne "normalement", l'exécutif agirait pour mettre un terme à un tel mouvement en sanctionnant d'abord administrativement ces policiers.

Or, la macronie semble impuissante. Le préfet Lallemand prétexte l'absence d'identification des "meneurs" pour agir. De son côté, le ministre de l'Intérieur, le sinistre Castaner, laisse faire... Une impuissance qui s'apparente à de la complicité !

Cette complicité illustre à merveille la thèse d'Emmanuel Todd, selon laquelle au moins 50 % des policiers sont d'extrême droite et, de fait, le régime macronien se maintient au pouvoir grâce à une alliance politique sur le terrain avec l'extrême droite. Une alliance pragmatique et idéologique - bientôt dans les urnes ? - et très éloignée des principes républicains...

Notes

[1] Le Défenseur des droits dénonce un cas de discrimination « systémique »

[2] Des policiers racistes, fascistes et suprémacistes blancs se lâchent sur leur collègue noir

[3] Des milliers de policiers s’échangent des messages racistes sur un groupe Facebook