Le monde d’après

Publié le 24 août 2020 par Storiagiovanna @StoriaGiovanna

Je viens de remarquer que j’avais écrit qu’un seul post d’hommage sur ce blog depuis le 9 mars 2020. Entre cette date et aujourd’hui 24 août, il se sera passé cinq mois. Cinq mois, dont trois enfermée chez moi avec le Mari, où, face à la pandémie qui s’était déclarée et qui fait toujours autant de ravages, nous avons fait le pari de redéfinir nos vies. Ca s’est traduit chez moi par une panne d’écriture – je considère depuis que j’ai commencé à écrire sur la musique en 2005 que cette activité était une ponctuation du quotidien, mais comment faire quand le quotidien est complètement à l’arrêt ?

Ce n’est pas parce que j’ai arrêté d’écrire sur SKOUM que je ne vivais plus la musique, bien au contraire. Cette période a été trèèèès riche en musique. Ca a été l’occasion de taper (sans finir) dans mes intégrales Cabrel, Sanson et Le Forestier, dernière acquisition pour mon anniversaire, ainsi que d’écouter les diverses œuvres que je nous ai offerts dans la discothèque conjugale (Mark Hollis, Hank Williams, Alan Parsons Project, Paul Personne pour lui, The Clash, The Pogues, Cream et Jean-Louis Aubert pour moi). J’ai également ressorti le ukulélé des familles pour faire des reprises jazzy de Message In A Bottle et Take On Me. Je me suis aussi mutée en MUA au grand dam de ma sœur et j’ai fait les devoirs de vacances de CAP pâtisserie.

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Ces trois mois d’arrêt du quotidien, outre avoir redéfini mes priorités de vie, ont donc été extrêmement bénéfiques. Bon, la reprise a piqué un peu – d’autant que mon service connaît des chamboulements –, il m’a donc fallu quatre mois pour reprendre le chemin des claviers. D’autant que le Mari insiste pour que je reprenne les claviers sous une autre forme, mais on en parlera d’ici quelques années. Quelle fut donc mon activité musicale pendant ce confinement ?

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J’ai écouté des disques

Alors certes, je n’ai pas tout écouté non plus de ma pile à écouter – l’intégrale Sheller est toujours en suspens depuis quatre ans et mon caprice post-Victoire de la Musique, même si j’ai bien avancé. Malgré tout, il a fallu débroussailler une partie des divers ajouts à la discothèque conjugale depuis Noël 2019. Voici donc une petite recension par artistes :

Véronique Sanson : Amoureuse (1972), De l’autre côté de mon rêve (1972), Le Maudit (1974)

Après l’intégrale live offerte pour mon 36e anniversaire et que je n’ai toujours pas touchée depuis un an et demi, quelle honte, le Mari a décidé d’investir pour moi dans l’intégrale studio pour Noël 2019. Au regard de ces trois premiers albums, on peut dire que même si Véronique Sanson écrit et compose quasiment seule ses chansons, force est de constater que, si elle prouve qu’elle n’a Besoin de personne pour prouver son talent, les influences de Michel Berger et de Stephen Stills se font entendre dans la production.  Tout ce qu’il y a à retenir, c’est que, dès l’âge de 23 ans, elle débarque avec une solide culture classique, une sensibilité mélodique bien à elle et un putain de talent pur. Vraiment.

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Francis Cabrel : Les Murs de Poussière (1977), Les chemins de traverse (1979), Fragile (1980), Carte postale (1981), Quelqu’un de l’intérieur (1983), Photos de voyage (1985), Sarbacane (1989)

Les cinq premiers albums studio de l’auteur-compositeur-interprète sont très ancrés dans ce qui pouvait se faire comme son folk dans les années 1970 en France. Francis Cabrel a su, dès le début de sa carrière, rallier sous sa bannière du développement le plus mainstream du genre (Hughes Auffray) au plus underground (Graeme Allwright, Malicorne, Castelhémis). Ce fut l’occasion d’un différend entre le Mari et moi. En effet, la variété d’influences que l’on ressent dans ces cinq premiers albums lui a fait penser qu’ils auraient pu être enregistrés par George Harrison (quand je vous dis qu’il est obsédé).

Et puis en 1985, il a voulu « muscler son jeu » comme Aimé Jacquet l’indiquait à Robert Pirès en 1998. Il s’est donc séparé de son équipe de musiciens qui l’accompagnaient parfois depuis 1974, pour s’orienter davantage rock et s’inscrire davantage dans la temporalité des productions 1980’s. Ca a donné cet album un peu plus bancal qu’est Photos de voyage, qui contient certes le vibrant Encore et encore, mais qui n’a clairement pas la même magie qui a pu s’opérer sur des albums tels que Les chemins de traverse ou Fragile. Enfin, Sarbacane (1989), qui s’est cogné une réputation d’album culte, car il apparait après ce qui est apparu comme une longue absence. En termes de production, il semble s’être inspiré de Né quelque part de Maxime Le Forestier (1988), à savoir des sonorités plus brutes et moins ancrées dans la temporalité eighties que sur l’album précédent. Malgré tout, s’il s’écoute mieux que Photos de voyage, il manque un petit quelque chose pour faire de cet album un très bon album de Francis Cabrel. Sarbacane est également le premier album qu’il n’enregistre pas à Paris et où il a eu donc toute latitude en termes de mixage et de production. Il préfigure donc une deuxième partie de carrière bien plus intéressante en termes de sonorités.

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Maxime Le Forestier : Mon frère (1972)

Je n’ai pas beaucoup écouté l’intégrale Le Forestier, parce que j’avais autre chose à écouter. Malgré tout, le Mari s’est étonnée de me voir littéralement en mode karaoké sur ce premier album que ma mère avait elle-même énormément écouté durant sa jeunesse. Il faut dire que cet album contient finalement le digest de tout ce qui a fait la notoriété du chanteur dans les années 1970, à savoir des titres cultes comme Mon frère, Parachutiste (sur son expérience du service militaire) et surtout San Francisco sur son expérience en communauté hippie dans ladite ville en 1971. D’autres titres émailleront sa carrière, tels que Fontenay-aux-Roses, Marie Pierre et Charlemagne, La rouille ou Education sentimentale. Alors oui, dès le début de sa carrière, il passe pour un GROS babos, malgré tout, peu d’artistes folk de son acabit ont su s’imposer leur univers en un seul album (mis à part EVIDEMMENT Francis avec Les chemins de traverse).

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Jean-Louis Aubert : Plâtre et ciment (1987)

Après la fin du groupe Téléphone en 1986, Jean-Louis Aubert a décidé avec Richard Kolinka d’utiliser les chansons qu’il avait déjà composées pour le groupe afin d’enregistrer son premier album solo. Sort dans un premier temps le single Juste une illusion/Oui et non en 1986, produit par l’ingénieur du son Steve Levine (qui devait enregistrer ledit album de Téléphone) à Londres. Le reste de l’album, qui comporte 9 titres dans la version 33T, est enregistré à Paris avec David Tickle. Les titres du single sera intégré au format CD de l’album, ce sont d’ailleurs les deux titres qui closent l’album. On peut d’ailleurs remarquer un écart de production : en effet, le single a été mixé avec 12 Db de plus que les titres du 33T, ce qui fait que l’intro de Juste une illusion sonne comme une baffe dans la gueule quand on l’écoute dans le cadre du CD.

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Je me suis updaté avec mes cousines

Qui dit été dit retour parmi ma famille, et ces retrouvailles ont été particulières cette année, après parfois quatre mois sans en voir les membres. Ce fut évidemment synonyme de fêtes et de danses. Et comme mes cousines s’updatent davantage que moi, voici leurs petits apports à ma playlist de l’été.

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Robin Schulz & Wes – Alane

A l’époque où on se cognait TOUTES les chorés de l’été avec ma sœur et ma cousine jumelle – de 1989 à 2002, en gros –, le Camerounais Wes Madiko a sorti le tube Alane en 1997. C’était l’époque où tu avais LA choré de TF1, LA choré de M6, LA choré du service public… mais en général, c’était celle de TF1 qui s’imposait. Et que vois-je en juin 2020 ? Que Robin Schulz – qui nous avait déjà trusté l’été 2014 en remixant Prayer In C de Lily Wood And The Prick – a décidé de remettre Alane au goût du jour. Ca a été l’occasion de transmettre notre savoir chorégraphique aux jeunes cousines qui, soit étaient beaucoup trop jeunes pour retenir une choré en 1997, soit n’étaient carrément pas nées.

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Master KG & Nomcebo – Jerusalema

Logobitombo mis à part, les tubes de l’été ne s’accompagnaient désormais que rarement de chorégraphies élaborées depuis les années 2010. C’était sans compter sur ce musicien sud-africain qui, après Don Omar, après Buraka Som Sistema, après Costuleta, a essayé d’imposer le kuduro. Cette danse d’origine angolaise a été inventée en 1996 par le chorégraphe Tony Amado qui s’est inspiré donc de la tradition angolaise, mais aussi de Jean-Claude Van Damme (quand il danse bourré dans Kickboxer).

C’est comme si on te disait que le madison était au top de la hype alors que même ta grand-tante le danse. J’ai même vu danser du kuduro en thé dansant, donc à un moment, il va falloir se montrer un poil plus créatif. Sinon, j’aime bien la chanson, elle ne me tape pas sur les nerfs comme Despacito, mais j’ai dépassé le stade de trouver ça foufou.

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Wejdene – Anissa

Tu prends tes caleçons sales et tu hors de ma vue commence à remplacer dans le cœur des adolescent.e.s Mel… assieds-toi, faut qu’j’te parle… j’ai passé ma journée dans le noir… qui avait connu un gros retour de hype en même temps que Vitaa trustait les charts non plus avec ladite Mel, mais avec Slimane. Fille d’un chanteur tunisien et ayant passé sa jeunesse à La Courneuve, Wejdene a percé en publiant sa complainte contre son petit-ami qui l’aurait trompé avec sa cousine sur Tik Tok en avril 2020. Et comme les adolescent.e.s s’ennuyaient légitimement à la même époque, iels se sont emparé de cette faute de syntaxe cultissime, au point d’en faire un Tik Tok challenge. J’ai beau travailler avec des adolescent.e.s, force est de constater que tout ceci me dépasse, mais me fait autant rigoler qu’un feat. entre Gradur et Heuss l’Enfoiré.

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Aya Nakamura – Jolie nana

Aya pèse désormais dans le game, au point, contrairement à sa collègue précédente, d’avoir intégré la nécessité de placer un verbe pour qu’une phrase chantée ait un sens. Mais surtout, elle se paie le luxe de faire un court-métrage de sept minutes où elle recrute Camille Lellouche et Karidja Touré, qui a été révélée avec Bande de filles de Céline Sciamma. Bref, ça se classe direct en Tik Tok Challenge et les fans reprennent déjà sur Twitter la nuit même de l’upload du clip sur YT.

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Playlist Nostalgie

Car oui, je suis aussi partie en expédition un peu partout en France. Et qui dit expéditions à bilan carbone pété dit playlist Nostalgie. J’inonde régulièrement mes stories Instagram de mes réflexions sur la programmation de la radio. J’avais pensé au mois de juin faire un celebrate the summer en me souvenant des meilleurs titres d’Eurodance qui ont pullulé dans ma jeunesse. J’avais de fait anticipé la philosophie de l’émission Nostal’beach Party qui m’a fait pleurer de désespoir tous les soirs entre 19h et 20h, tant je ne m’attendais pas à ce qu’ils diffusent le « meilleur » des années 1990 en termes de dancefloor.

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Thierry Pastor – Sur des musiques noires (1985)

Sur une production qui contient quatre des plaies d’Egypte de la production des années 1980 (saxo/nappes de claviers/basse synthé-slappée/batterie réveb.), le chanteur qui s’était révélé avec le Coup de Folie (1982) produit par Roland Magdane revient après un accident de voiture. Et comme il avait perdu l’inspiration au passage, il s’est dit que faire un tube de l’été avec un abus de name dropping et une mélodie trèèès calibrée, ça allait passer crème. Et il a eu raison le bougre, puisque trois ans après son précédent hit, il se classe 12e du Top 50.  Bon, il n’a plus fait grand-chose après, mais c’est pas grave, il a eu son quart d’heure de célébrité au point que Nostalgie a pensé que c’était une bonne idée de custo ma Dacia Sandero comme une 309 Roland Garros décapotable sur la Côte d’Azur.

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Reel 2 Real – I Like To Move It (1994)

Moi la première, je pense que beaucoup de personnes de ma génération ont rigolé sur cette pub Volkswagen.

Force est de constater que, depuis que Nostalgie a décidé d’intégrer Reel 2 Real dans sa programmation, je pense à cette publicité et je me sens très con. Pas vous ?

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Aqua – Barbie Girl (1997)

Oui, même ça, ça passe sur Nostalgie.

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Je vous souhaite à tous une bonne rentrée et à bientôt pour de nouvelles aventures musicales.